Quand on leur demande comment ils utiliseraient une somme de 50 000 $ tombée du ciel, les Québécois donnent la réponse que tout planificateur financier veut entendre : ils commenceraient par rembourser leurs dettes et épargner pour leur retraite.

Malheureusement, ce n'est pas ce qui se passe dans la vraie vie.

« En réalité, les gens planifient rarement leurs dépenses, observe François Morency, planificateur financier pour la firme Aviso. Quelqu'un qui verrait un montant de 50 000 $ apparaître dans son compte bancaire commencerait déjà à penser à toutes les choses dont il a envie, qu'il voudrait se payer. »

Une nouvelle voiture, une virée de magasinage pour se faire plaisir, une escapade au soleil, des cadeaux pour gâter la famille et les amis... Dans le temps de le dire, le pécule fond comme neige au soleil.

« Une somme de 50 000 $, ça représente beaucoup d'argent. Si on pense au temps que ça prendrait pour ramasser ça, c'est inatteignable pour beaucoup de gens, souligne François Morency. Mais ça peut se dilapider très vite aussi. »

« Quand on se sent riche, on dépense sans trop compter. Si on ne se fixe pas d'objectifs, si on n'attribue pas cette somme à un projet précis, notre compte se retrouvera à sec rapidement. »

C'est ce qui arrive souvent aux gagnants de loteries. Le problème, c'est que si on s'habitue à un certain niveau de vie, il est difficile de revenir en arrière par la suite, note M. Morency.

Ce qui amène l'expert à déplorer que les Québécois ne planifient pas mieux leur budget, pour éviter de s'endetter et pouvoir épargner.

« Bien des gens dépensent ce qu'ils pensent nécessaire pour vivre, et se disent qu'ils vont épargner ce qui reste. Mais souvent, il ne reste rien, dit-il. Il faudrait plutôt épargner un montant chaque mois, et vivre avec ce qui reste. Un jeune qui commence tôt à mettre 100 $ par mois dans un REER s'enrichit de façon phénoménale. »

Il serait donc plus sage d'épargner petit à petit, chaque mois, plutôt que de compter sur la loterie ou sur un héritage pour assurer ses vieux jours.

MÉTHODOLOGIE

Sondage CROP. La cueillette de données en ligne s'est déroulée du 16 au 19 juin par l'intermédiaire d'un panel sur l'internet. Mille questionnaires ont été remplis par des résidants du Québec de 18 ans et plus. Échantillon non probabiliste.

Le sondage en quatre points

Bien sages, les Québécois

1. Investir en prévision de la retraite : 12 210 $

2. Payer ses dettes : 11 280 $

Les Québécois font preuve de beaucoup de sagesse : si 50 000 $ leur tombaient du ciel, ils en utiliseraient la moitié d'abord pour leur épargne retraite et le remboursement de leurs dettes, selon leurs réponses au sondage. « Leur premier réflexe n'est pas de faire des folies, remarque Youri Rivest, vice-président chez CROP, qui a mené l'étude. Ça dénote leur inquiétude face à leur avenir financier et leur endettement élevé. »

Les 35-54 ans, qui ont généralement des responsabilités financières plus lourdes, consacreraient une somme plus élevée au remboursement de leurs dettes (13 010 $), tandis que les 55 ans et plus, qui approchent de la retraite, en mettraient plus de côté pour leurs vieux jours (13 320 $).

Se gâter un peu

3. Acheter une voiture : 6150 $

4. Rénover la maison : 5450 $

5. Partir en voyage : 4810 $

6. Acheter un chalet : 1600 $

Après les décisions rationnelles, il faut bien se gâter un peu : les Québécois garderaient un peu d'argent pour des dépenses plus frivoles, comme l'achat d'une voiture, des améliorations à la maison, un voyage ou un chalet (bien que la somme proposée ne soit sans doute pas suffisante pour l'achat d'une propriété).

« On remarque certains stéréotypes : les hommes consacreraient plus d'argent à l'achat d'une voiture (6940 $), alors que les femmes préfèrent rénover la maison (6180 $) et partir en voyage (5360 $) », observe Youri Rivest.

Penser aux autres, un peu

7. Faire des dons : 1310 $

8. Prendre une année sabbatique : 1220 $

9. Embaucher une personne pour se charger des tâches domestiques : 440 $

Les Québécois réserveraient une petite somme pour des dons. Dans les faits, quand on gagne à la loterie ou qu'on reçoit une bonne somme en héritage, la famille et les amis se manifestent souvent, en espérant un petit cadeau, souligne le planificateur financier François Morency.

Quoi d'autres?

10. Autres : 5530 $

La somme que les Québécois alloueraient à d'autres dépenses est assez élevée. Ce qui fait dire à Youri Rivest que certaines priorités des répondants ne faisaient pas partie des options proposées dans le sondage.

Quelles sont-elles ? Une mise de fonds sur une maison ? Un véhicule récréatif ? Un collier de diamants ? À vous de nous le dire...