De plus en plus d'investisseurs se tournent vers les sociétés de courtage à escompte qui offrent, selon leurs dires, tous les moyens nécessaires pour gérer efficacement son portefeuille. Mais est-ce vraiment le cas, considérant que le fait de gérer soi-même ses placements comporte plusieurs étapes relativement complexes ? Tour d'horizon.

SUR LES CHEMINS DE L'AUTONOMIE

Les experts le disent, 90 % du rendement d'un portefeuille dépend de la façon dont l'argent est réparti dans les différentes classes d'actifs, et le choix des titres est une fonction somme toute plus secondaire.

Pour être capable d'établir comment on doit répartir les actifs de son portefeuille, il faut d'entrée de jeu posséder un certain degré d'autonomie, affirme Laurent Blanchard, président de Banque Nationale Courtage direct (BNCD).

Pourquoi ? Parce que vous devez, dans un premier temps, avoir réponse à de nombreuses questions afin de déterminer votre profil d'investisseur. Chez le courtier à escompte, vous n'êtes pas accompagné d'un conseiller qui vous aide à trouver ces réponses.

Or, il y a différentes ressources sur le web, dont le centre éducatif sur le site de BNCD, qui peuvent aider à établir une répartition d'actifs. Il s'agit de déterminer un horizon de placement, car les actifs qui composeront un portefeuille doivent être différents selon le temps dont vous disposez pour accumuler les fonds nécessaires pour atteindre vos objectifs, que ce soit la retraite ou tout autre projet à plus court terme.

Ensuite, il faut bien connaître sa situation financière actuelle. Cela déterminera entre autres vos besoins de liquidités. Aurez-vous à piger dans votre portefeuille de placements pour satisfaire des besoins actuels ? Cela déterminera également la somme disponible aux fins de placement.

Puis, il faut établir vos objectifs de placement. Qu'est-ce qui est important ? L'accumulation de capital à long terme en vue de la retraite ? La stabilité à court terme en vue de l'achat éventuel d'une maison et le financement des études des enfants ? Ou les deux ?

La question suivante porte sur l'évaluation de votre expérience en placement. Avez-vous déjà investi sur les marchés boursiers, et surtout dans quelle mesure avez-vous été à l'aise avec les hausses et les baisses de la valeur de vos placements ?

Enfin, l'investisseur doit déterminer sa tolérance au risque. Quelle baisse seriez-vous prêt à accepter temporairement sur la valeur de vos placements en cas de turbulence financière importante, 5 %, 10 %, 20 %, aucune ?

EST-CE TROP DIFFICILE ?

Malgré les outils à la disposition des investisseurs autonomes, établir sa répartition d'actifs est une opération trop complexe pour la majorité des investisseurs, estime Steve Deschesnes, conseiller, Développement des affaires, chez Desjardins Courtage en ligne.

C'est que le monde du placement a beaucoup changé. 

« Nous ne sommes plus dans les anciens modèles où on pouvait simplement décider de détenir, par exemple, 60 % en revenus fixes et 40 % en actions. » - Steve Deschesnes, conseiller, Développement des affaires, chez Desjardins Courtage en ligne

Les investisseurs font face à de nouveaux défis. L'espérance de vie augmente continuellement. Ainsi, la retraite dure maintenant plus longtemps. De plus, les obligations n'offrent que de faibles rendements, et cela n'est pas près de changer, selon le conseiller pour qui la planification financière est un élément primordial pour lequel les individus ont intérêt à consulter un expert.

« Pour gérer soi-même son portefeuille aujourd'hui, il faut s'habituer à vivre avec la volatilité de la Bourse », ajoute Steve Deschesnes. Pour bien des gens, les dividendes des sociétés remplacent aujourd'hui les intérêts des obligations. Sauf que la volatilité accompagne le tout. « Pour votre répartition d'actifs, n'hésitez pas alors à consulter un conseiller », dit M. Deschesnes.

À LA RECHERCHE DE CONSEILS

L'autonomie demeure donc un principe fondamental pour l'investisseur solitaire, car il existe peu de « ressources-conseils » pour le courtage en ligne. Une des rares options se trouve chez BMO Conseil direct. Indépendant du courtier à escompte, ce service fournit des conseils aux investisseurs. Mais évidemment, il y a des frais.

La création du profil d'investisseur qui mènera à la répartition d'actifs se fera au moment de l'ouverture du compte, comme cela se fait chez les courtiers de plein exercice, explique Sabrina Della Fazia, directrice générale à BMO Conseil direct. « On détermine l'horizon de placement, les objectifs et la tolérance au risque de l'investisseur de façon virtuelle, mais ensuite, le tout est validé par un conseiller », dit-elle.

Une fois la répartition d'actifs du portefeuille réalisée, il faut en faire un suivi. « Lorsque la répartition n'est plus optimale à cause de changements dans les marchés, le portefeuille doit être révisé », dit Mme Della Fazia. Bref, le courtage à escompte est un outil intéressant pour des investisseurs avertis.

LE CHOIX DES TITRES

Sa répartition d'actifs établie, l'investisseur autonome devra ensuite choisir les titres qui lui conviennent le mieux parmi les actions canadiennes ou étrangères, les obligations, les fonds communs, les fonds négociés en Bourse, etc. Comment y arriver ? Les plateformes électroniques de courtage en ligne offrent de nombreux outils. En voici quatre parmi les plus prisés.

LA RECHERCHE

La recherche des firmes de courtage est souvent offerte aux investisseurs qui ont un compte chez leur filiale de courtage en ligne. Elle comprend des rapports d'analystes sur les sociétés cotées en Bourse et généralement une recommandation d'achat, de vente ou de conserver le titre.

On y trouve aussi des rapports économiques et un grand nombre d'autres études, entre autres sur les actions des banques centrales. Ces rapports sont souvent en anglais, prévient Steve Deschesnes, conseiller, Développement des affaires, à Desjardins Courtage en ligne.

Nombre de firmes de courtage à escompte offrent également sur leur site des rapports de recherche couvrant les marchés américains et étrangers provenant de différentes firmes spécialisées.

LES FILTRES

Comme l'activité d'investisseur autonome nécessite beaucoup de temps en recherche et en évaluation de toutes sortes, des filtres facilitant la sélection des titres sont offerts sur la majorité des plateformes transactionnelles des courtiers à escompte.

Par exemple, l'investisseur recherchant les meilleurs titres versant des dividendes pourra cerner rapidement les entreprises qui versent un dividende suffisamment élevé et qui correspondent à ses critères de risque.

Certaines firmes offrent aussi des conseils. « On effectue la recherche pour le client, et on lui fait des recommandations », explique Sabrina Della Fazia, directrice générale à BMO Conseil direct. En plus des filtres, la firme accorde une cote à tous les fonds communs et les fonds négociés en Bourse.

L'ANALYSE TECHNIQUE

Elle consiste à étudier les graphiques et de nombreux indicateurs afin de dégager la tendance du marché pour un indice ou un titre en particulier. Les firmes de courtage à escompte offrent généralement un logiciel pour procéder à ce type d'analyse.

Beaucoup, dont Banque Nationale Courtage direct (BNCD) et Desjardins Courtage en ligne, offrent le logiciel Recognia. Il peut aider à trouver des idées de placement, valider de futures transactions, déterminer les moments propices pour les mener, et suivre l'évolution des actions.

Les logiciels d'analyse technique sont nombreux et différents d'une plateforme électronique à l'autre. Mais ils nécessitent tous une bonne compréhension de leur fonctionnement.

SÉANCES ET COURS DE FORMATION

S'il n'est pas permis aux courtiers à escompte de donner des conseils aux investisseurs, ils peuvent toutefois leur offrir des programmes de formation. La plupart sont offerts gratuitement. D'autres qui s'adressent aux investisseurs les plus avancés pourront être payants.

Par exemple, Banque Nationale Courtage direct permet d'accéder gratuitement à des vidéos pour les nouveaux investisseurs. Ces documents peuvent aussi servir de révision pour les investisseurs plus expérimentés, explique Laurent Blanchard, président, Banque Nationale Courtage direct (BNCD).

Desjardins Courtage à escompte offre pour sa part un calendrier de près de 250 formations en collaboration avec des partenaires en éducation. Les sujets sont très diversifiés, soit les actions, les obligations, les options, les fonds négociés en Bourse, l'analyse technique.

LA GESTION EN CONTINU

Maintenant que la répartition du portefeuille est établie et que les titres qui le composent ont été sélectionnés, le processus n'est pas pour autant terminé. L'investisseur autonome doit maintenant gérer son portefeuille de façon continue s'il veut avoir du succès. Voici quatre outils intéressants.

GPS

C'est un outil qu'offre gratuitement Desjardins Courtage en ligne. Il s'agit d'un ensemble de portefeuilles modèles d'actions que les clients peuvent consulter, suivre et reproduire, explique Steve Deschesnes, conseiller, Développement des affaires, Desjardins Courtage en ligne. « Ces portefeuilles sont gérés par un professionnel qui effectue lorsque nécessaire des transactions et argumente ses gestes », dit-il.

Les abonnés à GPS reçoivent une capsule d'information ainsi que des alertes lorsque des transactions sont effectuées. Comme quoi la ligne est bien mince entre le principe de faire ou non des recommandations, concède M. Deschesnes. « C'est certain que sur cette question, on marche sur des oeufs », dit-il. GPS fonctionne depuis maintenant huit ans.

SURVEILLANCE PROACTIVE

Chez BMO Conseil direct, on offre également une fonction de surveillance de portefeuille. « On le surveillera de façon continue, en analysant le risque, les cotes, la répartition de l'actif et la diversification », explique Sabrina Della Fazia, directrice générale, BMO Conseil direct. Cela permet au courtier en ligne de faire des suggestions pour ramener le portefeuille sur la bonne voie lorsque celui-ci s'éloigne du profil de l'investisseur.

De plus, toutes les actions des sociétés sont évaluées et se voient accorder une cote qui indique si le titre doit être acheté, vendu ou conservé. « C'est de l'analyse quantitative pure faite à partir des résultats financiers de l'entreprise », dit Sabrina Della Fazia.

STOCKSCORES

Pour aider les investisseurs autonomes aguerris à bien gérer leur portefeuille, Desjardins Courtage à escompte offre le logiciel Stockscores. Il s'agit d'un outil servant à évaluer les marchés boursiers et à mieux détecter les occasions d'investissement, selon la firme.

Stockscores permet d'abord de faire le balayage de marché. À ce stade, il est un outil de filtrage qui repère les titres qui correspondent à l'approche que l'investisseur autonome désire utiliser pour faire ses placements. Il permet ensuite de faire une surveillance sectorielle et fournit des alertes sectorielles en fonction des demandes de l'investisseur autonome. Il permet aussi la création de listes de surveillance des titres sélectionnés.

ÉVALUATION ET OPTIMISATION

L'évaluation régulière du portefeuille est essentielle pour obtenir un rendement optimal de ses investissements. Pour ce faire, il faut comparer le rendement obtenu à celui d'une mesure de référence, soit les indices de référence. Grâce aux fonds négociés en Bourse, chaque titre peut maintenant être comparé à ceux de son secteur.

L'évaluation peut se faire sur une base quotidienne, hebdomadaire, mensuelle ou annuelle, selon le titre concerné.

Banque Nationale Courtage direct offre un outil qu'elle appelle « Rendement » qui a pour but de permettre à l'investisseur autonome de visualiser l'ensemble de ses rendements par fréquence. Ainsi, on peut comparer ses rendements d'année en année et comprendre d'où provient la hausse ou la baisse des rendements.