Les soubresauts de la Bourse en 2015 ont fait vivre bien des émotions fortes aux investisseurs. Et encore une fois, la diversification des placements a offert la meilleure valeur de refuge. Qu'en sera-t-il en 2016 ? Des experts font le point sur les grandes familles de fonds communs de placement.

UNE DIVERSITÉ PAYANTE POUR LES INVESTISSEURS

Diversifier. Voilà le mot que les grands bonzes de l'investissement nous répètent constamment. Et cette année, ils ne se sont pas trompés. Les portefeuilles de fonds diversifiés tant géographiquement que par leur classe d'actifs ont permis jusqu'ici à bien des investisseurs de dormir tranquilles. Des experts font le bilan des grandes familles de fonds.

Fonds de marché monétaire

Les fonds de marché monétaire investissent notamment dans des obligations à court terme de moins d'un an et des bons du Trésor de 90 jours. Des fonds au rendement anémique d'année en année, sous les 1 %, mais qui sont sûrs en contrepartie. D'ailleurs, les Fonds de marché monétaire canadien et américain sont parmi ceux qui ont connu les meilleures performances au cours du troisième trimestre de l'année, selonMorningstar. « Ces fonds permettent surtout de se protéger contre la volatilité des marchés », indique à cet égard Léon Jackson, vice-président pour l'est du Canada chez BMO Gestion mondiale d'actifs.

Fonds d'actions canadiennes

Les fonds liés aux actions canadiennes ont été malmenés jusqu'ici en 2015. De janvier à la mi-novembre, l'indice S&P/TSX a cédé plus de 8 %, tiré vers le bas par la chute du prix du pétrole, des ressources naturelles, ainsi que des banques, dans une moindre mesure. « À eux trois, ces secteurs constituent près des deux tiers de l'indice canadien, alors on comprend pourquoi ces fonds n'ont pas offert un bon rendement », souligne Pierre Payeur, directeur gestion de fonds chez Industrielle Alliance Gestion de placements. Selon lui, même s'il est difficile de prévoir dans quelle direction ira le prix du baril, toutes les places boursières sont maintenant plus attrayantes qu'avant. « Les ratios cours/bénéfice sont plus proches des moyennes historiques », dit-il.

Fonds d'actions américaines et mondiales

Comme les actions canadiennes, les titres des autres places boursières ont aussi vu du rouge cette année, mais ont repris du mieux. Ainsi, depuis le début de l'année, le S&P 500 a gagné 1,0 %. L'indice MSCI mondial, qui représente les bourses des pays développés, a pour sa part cédé un peu plus de 1 % (sur des bases dollars américains). Mais, bonne nouvelle pour les investisseurs, le dollar canadien a perdu près de 12 % au cours de la même période. « Ça a permis de transformer des pertes en gains », explique même Pierre Payeur. Les actions des Bourses étrangères demeureront attrayantes au cours de la prochaine année, explique pour sa part Léon Jackson. « Avec notre devise qui devrait rester faible, investir dans les marchés américains et internationaux offrira une bonne possibilité de croissance », dit-il.

Fonds de revenus fixes

L'année 2015 a jusqu'ici été positive pour les fonds de revenus fixes, ces fonds qui regroupent des obligations gouvernementales et des titres de créances de sociétés privées essentiellement. Étroitement liés aux taux d'intérêt, ces fonds ont notamment profité de la baisse du taux directeur canadien qui est passé de 1,0 % à 0,5 % en 2015. Selon Nathalie Godbout, vice-présidente adjointe, planification et utilisation des produits chez Groupe Investors, les investisseurs doivent maintenant être prudents avec ces fonds. « Les taux ne peuvent plus aller beaucoup plus bas », dit-elle. Pierre Payeur est aussi de cet avis. « La journée où les taux vont remonter, ça va faire mal à ces fonds-là. »

Fonds équilibrés

La répartition des actifs demeure, selon les experts, la meilleure façon d'investir à long terme. Voilà ce qu'offrent entre autres les fonds équilibrés, qui investissent à la fois dans les marchés boursiers et les titres à revenus fixes. Jusqu'ici, en 2015, certains ont offert un rendement sous les 1 %, d'autres, au-delà des 7 %. Selon Terry Dimock, gestionnaire de portefeuille en chef pour Banque Nationale investissement, cette catégorie de fonds devrait encore bien faire si les prévisions des économistes s'avèrent, tout en soulignant que les corrections boursières surviennent souvent en raison d'un élément qu'on n'avait pas vu venir. « Les gens ont avantage à regarder à long terme et à diversifier leur portefeuille pour cette raison », insiste-t-il.

Fonds éthiques et socialement responsables

Voilà une catégorie de fonds où le gestionnaire ajoute un filtre supplémentaire à son analyse de titres, en tenant compte de l'impact environnemental, de la responsabilité sociale et de la gouvernance de chaque entreprise dans laquelle il investit. Les facteurs dits « ESG ». Selon Denis Dion, chef de produit, fonds de placement chez Gestion de patrimoine Desjardins, ces fonds n'ont rien à envier aux autres fonds équilibrés. « En matière de performance, ils sont investis sensiblement dans les mêmes marchés, dit-il, alors leur performance va suivre les marchés. » À long terme, ils pourraient par contre constituer une meilleure option, souligne le spécialiste. « Les entreprises qui prennent en compte les facteurs ESG gèrent souvent mieux leurs risques et ont une meilleure rentabilité à long terme », dit-il.

Fonds spécialisés

Les groupes financiers offrent d'autres types de fonds spécialisés, dans l'immobilier, les infrastructures ou les métaux précieux, par exemple. La performance de chacun dépend et dépendra évidemment du secteur dans lequel il se concentre. Le fonds équilibré Québec de Desjardins, limité aux entreprises québécoises, a notamment tiré son épingle du jeu jusqu'ici avec un rendement de 7,5 % au 30 septembre 2015, explique Alain Latreille, chef de produit chez Desjardins Société de Placements. « C'est un fonds qui a très bien réussi en raison de l'absence de titres d'énergie. »