Chaque semaine, un financier répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Notre invité cette semaine : Michel Doucet, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins, à son siège social de Montréal.

LES ÉVÉNEMENTS DE LA SEMAINE

Face au ralentissement de la croissance économique, la Banque populaire de Chine a abaissé ses principaux taux d'intérêt, ainsi que les niveaux de réserves obligatoires des banques.

Ces mesures visent à soutenir la transition de l'économie (des investissements massifs vers la consommation de masse) tout en maintenant les cibles officielles de croissance. Elles ont aussi eu un effet positif sur la Bourse chinoise.

En Europe, afin de stabiliser la zone euro et de rassurer les investisseurs, la direction de la Banque centrale (BCE) s'est montrée encore ouverte à de nouvelles mesures quantitatives.

Enfin, les résultats de 3e trimestre des entreprises s'avèrent corrects dans l'ensemble. Seulement 43 % des entreprises ont atteint ou dépassé les attentes de revenus, mais plus des trois quarts ont dépassé les attentes de profitabilité.

L'INDICATEUR LE PLUS SUIVI

L'évolution des politiques monétaires dans les principales économies développées retient mon attention. En particulier aux États-Unis où la Réserve fédérale (Fed) demeure une grande énigme.

Nous considérons chez VMD qu'une remontée du taux directeur américain d'ici la fin de l'année demeure très incertaine.

Au Canada, une autre baisse du taux directeur pourrait s'avérer nécessaire afin de soutenir l'économie et d'améliorer la compétitivité des entreprises.

En parallèle, nous suivons l'évolution des taux de change entre les principales devises.

Actuellement, le décalage entre les cycles économiques et les politiques monétaires favorisent l'appréciation du dollar américain.

Nos économistes prévoient que le dollar américain s'échangera en fin d'année autour de 1,35 $CA (74 cents US).

OÙ INVESTIR ?

D'ici 24 mois, nous recommandons la surpondération des actions à 60 % du portefeuille, les obligations sont réduites à 35 % et l'encaisse à 5 %.

En répartition géographique, les États-Unis demeurent en tête (40 %) de nos préférences pour le compromis risque-rendement, suivis de l'Europe et du Japon (35 %). Le Canada est troisième (25 %), suivi des pays émergents (5 % ou moins).

Sur la Bourse américaine, nos préférences sont l'industrie et les technologies. Ça comprend le motoriste industriel Cummins et l'équipementier lourd Deere, ainsi que le transporteur ferroviaire Union Pacific et Microsoft.

Au Canada, notre sous-pondération est motivée par l'essoufflement de l'économie. N'empêche, nous voyons des valeurs intéressantes dans l'industrie, comme le CN et SNC-Lavalin, ainsi que le secteur financier, l'assureur Manuvie et la Banque Scotia.

DES PLACEMENTS À ÉVITER

Avec l'incertitude persistante à propos d'une remontée de taux directeur aux États-Unis et d'autres interventions des banques centrales d'Europe et du Canada, nous préférons éviter les placements en obligations à rendement élevé et à longue échéance.

Cependant, pour les investisseurs dont la préservation du capital est impérative, les obligations gouvernementales à court terme peuvent représenter jusqu'à 100 % des placements en titres à revenu fixe.

Par ailleurs, nous demeurons prudents envers les marchés émergents. En Asie, ces marchés sont tributaires de l'économie chinoise et donc touchés par son ralentissement et par la dévaluation du yuan.

C'est pourquoi nous préférons éviter les placements dans les pays émergents qui sont des exportateurs de biens manufacturés, jusqu'à ce que le voile se lève sur la Chine.

CE QUE L'ON SOUS-ESTIME

La toile de fond de l'économie mondiale et des marchés financiers est plus positive que le pensent les investisseurs. Et sans pessimisme, surpondérer les placements en actions n'est certes pas une décision facile.

À notre avis, la correction boursière d'août et de septembre ne se transformera pas en marché baissier. Du moins, tant qu'il n'y aura pas de récession à l'horizon, combinée à une crise du crédit et à une bulle des marchés d'investissement.

Historiquement, les corrections estivales de l'indice S&P 500 ont été suivies d'un rebond à son sommet antérieur dans les 12 mois qui suivent.

En ce qui concerne la Chine, nous croyons que les investisseurs sous-estiment la marge de manoeuvre de Pékin pour faire la transition vers une économie de service et de consommation.

L'EXPERT DE LA SEMAINE

À titre de vice-président chez Valeurs mobilières Desjardins (VMD), Michel Doucet participe à l'élaboration et au suivi de la stratégie de placement et de l'allocation d'actifs qui est transmise parmi les 300 conseillers répartis dans la trentaine de bureaux de VMD au Québec, et dont la clientèle de particuliers-investisseurs cumule près de 25 milliards en actifs sous gestion.