Chaque dimanche, un financier répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Francis Sabourin, de Richardson GMP à Montréal.

L'offre d'achat non sollicitée de Suncor sur Canadian Oil Sands, annoncée lundi dernier, est un signal très positif pour le secteur énergétique canadien, très déprimé depuis la baisse fulgurante de la valeur du brut sur les marchés depuis juin 2014.

Cette annonce a fait grimper le titre de Canadian Oil Sands et le secteur énergétique canadien de façon substantielle cette semaine. Ironiquement, le prix du baril de pétrole s'est apprécié, ce qui a aidé le secteur énergétique.

Est-ce que Suncor réussira à convaincre les actionnaires de Canadian Oil Sands que son offre est équitable ? Ça reste à voir, car depuis mercredi, les administrateurs de Canadian Oil Sands ont adopté une pilule empoisonnée.

L'INDICATEUR À SUIVRE

L'emploi est l'indicateur que je regarde très attentivement autant du côté canadien qu'américain.

Un marché de l'emploi en croissance laisse présager une économie forte et en progression, car les consommateurs seront confiants de dépenser plus et les entreprises d'engranger des investissements supplémentaires.

La création de 142 000 nouveaux emplois en septembre aux États-Unis a laissé plusieurs stratèges et économistes perplexes face à la lancée économique américaine. Le consensus était plutôt de 203 000 nouveaux emplois.

Le mois de septembre est souvent révisé à la hausse au cours des mois suivants. Nous-mêmes avons été surpris par la faible création d'emplois aux États-Unis en septembre ; nous prenons ces chiffres avec un léger recul.

OÙ INVESTIR ?

J'investirais dans les banques européennes par l'entremise du fonds négocié en Bourse FHB-T, de First Asset Management.

Le secteur bancaire européen (Barclays, Société Générale, Banco Popolare et autres) est très vaste et compte plusieurs caractéristiques propres à chaque pays et à chaque institution ; une approche diversifiée et pondérée est de mise.

Puisque les banques canadiennes sont peut-être à leur apogée en terme de croissance, les banques européennes représentent une très bonne alternative. Après plusieurs ralentissements économiques, amortissements et recapitalisations de leur bilan, leurs bénéfices sont en mode croissance.

Leurs actions sont dans plusieurs cas aux prix d'avant la crise financière, mais avec un bilan plus fort et une croissance économique européenne en voie de se matérialiser.

LE PLACEMENT À ÉVITER

Les titres de revenu fixe à long terme, comme les obligations gouvernementales de plus cinq ans, sont à éviter si l'on pense que nous assisterons à une croissance économique modérée et à une inflation à la hausse au cours de prochains mois. Une hausse de 1 % du taux d'intérêt sur les échéances à long terme aura un effet dévastateur sur la valeur marchande de ces mêmes obligations.

Les titres de services publics sont aussi à proscrire, car ils sont dans leur ensemble très chers d'un point de vue historique. Et les obligations sont elles aussi sujettes à une baisse de leur valeur marchande advenant une hausse subite des taux d'intérêt.

LE PLUS SOUS-ESTIMÉ

Nous sous-estimons les changements profonds qui se produisent en Chine à la suite de la dévaluation de sa devise.

La Chine est en train de faire passer son économie à caractère industriel à une économie de services et la transition ne se fait pas sans heurts. Les marchés croient à tort que cette transition enverra la Chine en récession.

Au cours des dernières années, l'économie chinoise a crû à une vitesse exponentielle. Avec la taille de son économie, cette croissance ralentit en pourcentage, mais si on regarde la situation en dollar absolu, son économie croît beaucoup, année après année.

La Chine profite d'énormes réserves de devises étrangères, d'une politique monétaire flexible et de moyens fiscaux pour stimuler son économie.

L'EXPERT DE LA SEMAINE

Francis Sabourin est gestionnaire de portefeuille et directeur, gestion du patrimoine, chez Richardson GMP à Montréal. Il travaille à cet endroit depuis une dizaine d'années. Avant de se joindre à la firme, il a notamment travaillé chez CIBC Wood Gundy. Francis Sabourin supervise aujourd'hui un actif sous gestion supérieur à 100 millions de dollars.