Votre vie professionnelle commence. Les études sont terminées et vous entreprenez un premier emploi rémunéré à temps plein. C'est aussi le début de votre vie de couple, et éventuellement d'une famille. Certains vous parlent de maison, d'autres d'épargne. Quel est le meilleur choix ? Des experts nous expliquent les prémisses sur lesquelles repose votre succès financier.

Budget et épargne systématique

À la base, on ne le répétera jamais suffisamment, il faut un budget, et surtout, il faut le suivre. « C'est la première chose à faire pour les jeunes qui commencent à travailler », dit Nathalie Bachand, planificatrice financière au sein du cabinet Bachand Lafleur, groupe-conseil, et actuelle présidente du conseil d'administration de l'Institut québécois de planification financière (IQPF).

Évidemment, les jeunes ont plusieurs postes budgétaires et souvent des moyens limités. Il faut donc faire l'effort de tracer un budget qui permettra de dégager de l'épargne.

« Une fois le montant déterminé, il faut se doter d'un plan d'épargne systématique », poursuit Mme Bachand. Il s'agit alors de choisir un véhicule de placement (compte d'épargne, fonds communs de placement, REER, CELI, autres) vers lequel seront dirigés les dépôts systématiques qui pourront se faire autant par retenues sur le salaire que par retraits automatiques du compte de banque.

L'importance des 10 premières années

Qui ne s'est pas fait dire que l'important, c'est de commencer à épargner tôt. Denis Julien, conseiller en sécurité financière chez Investia Services financiers nous fournit l'exemple suivant pour nous en convaincre.

Une jeune personne épargne 5000 $ par année pendant 10 ans et il investit les sommes à 7 %. Après 10 ans, il aura accumulé 69 082 $. Il cesse ensuite d'épargner et conserve cette somme dans un placement à 7 % pendant 25 autres années. En fin de compte après 35 ans, il aura accumulé une cagnotte de retraite de 374 937 $.

S'il avait plutôt décidé de ne pas épargner durant les 10 premières années, il lui faudra alors épargner 5000 $ pendant 25 ans toujours investis au même taux de 7 % pour se retrouver après 35 ans avec une somme accumulée encore moindre que dans le premier cas, soit 316 245 $.

« Les jeunes qui commencent à travailler et qui se voient forcés de souscrire dès le début à un régime de pension ne réalisent pas la chance qu'ils ont », conclut Denis Julien.

L'épargne avant l'hypothèque

De tout temps, les jeunes ont été encouragés à acquérir une maison et à en payer l'hypothèque le plus rapidement possible. Qui n'a pas entendu dire « votre maison sera votre fonds de pension ». Mais est-ce vraiment la chose à faire ? Denis Julien n'en est pas convaincu. « Les jeunes contractent une hypothèque et souvent la stratégie financière des 10 années suivantes tourne autour du remboursement de cette hypothèque. « Ensuite, parce qu'ils auront accumulé beaucoup d'espace REER, on leur proposera des prêts à un taux supérieur à celui de l'hypothèque pour souscrire à leur REER », ironise Denis Julien. Il serait plus rationnel d'épargner que de s'empresser à rembourser l'hypothèque selon lui.

Il est faux de prétendre que la maison, c'est le fonds de pension, selon lui. « Un fonds de pension mis en place dès le moment où on commence à travailler vaudra beaucoup plus que la maison au moment de la retraite, probablement trois ou quatre fois plus », estime-t-il.

Les grands risques

« La jeune famille classe moyenne peut tellement améliorer son sort en comprenant bien l'avantage de commencer tôt à épargner », dit Denis Julien.

Quand on parle de risque, on fait surtout allusion à la volatilité des marchés financiers. « Mais pour le jeune couple, le vrai risque est plutôt de gaspiller cette grande occasion qui se présente à eux par ignorance », dit-il. Rater l'occasion d'épargner durant les 10 premières années de sa vie active de travailleur est probablement le plus grand risque que courent les jeunes, selon lui.

Il y a aussi les dettes de consommation qui constituent un grand risque, car elles retardent l'accumulation d'épargne, explique Nathalie Bachand. « Le problème est souvent un manque de planification financière », dit-elle. Un plan financier, ça ne s'établit pas un an avant la retraite. « Il faut savoir où on s'en va dès le début », conclut-elle.