Chaque dimanche, un financier répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, William-André Nadeau, de Tactex.

Quel a été l'événement le plus significatif des derniers jours en Bourse ?

La croissance économique des pays émergents se réajuste. Ce que je veux dire, c'est que les marchés n'ont pas encore digéré un rythme de croissance moins rapide du principal moteur des pays émergents, la Chine. C'est une illusion d'anticiper un niveau de croissance du PIB entre 7 % et 10 %, à long terme, comme c'est le cas depuis 20 ans. Les marchés vont graduellement comprendre qu'un niveau de croissance entre 4 % et 6 % est plus réaliste pour ce pays usine du monde qui vient d'atteindre un plafond dans sa capacité industrielle. De plus, les statistiques sur ce niveau de croissance sont probablement gonflées, à cause de la corruption. La Chine est en transition économique. Sa production industrielle coûte de plus en plus cher et est donc moins concurrentielle pour l'exportation.

Quel indicateur suivez-vous le plus attentivement ?

La zone euro a réussi à passer à travers la crise grecque et pourrait livrer des surprises positives au cours des six prochains mois. Ce qui est le plus important à surveiller, probablement pas en 2015, mais davantage en 2016, sera le niveau d'augmentation fort probable des taux d'intérêt par la Réserve fédérale américaine. Les matières premières sont survendues. Si, d'ici 12 à 18 mois, la tendance sur le prix des matières premières est renversée et que des pressions salariales et d'inflation aux États-Unis se concrétisent, les marchés boursiers pourraient fortement se corriger. D'ici 18 mois, les investisseurs doivent être sur leurs gardes, pour tout revirement sérieux de ces tendances.

Que feriez-vous avec plusieurs milliers de dollars à investir ?

Pour des géants américains de type croissance, je recommande Amazon, Google, Facebook et Gilead Sciences.

Si on recherche des titres sous-évalués en termes de cours/bénéfice anticipé et de dividende, je suggère AT&T et Fidelity National Financial.

Du côté de la Bourse canadienne, je me tournerais vers un fonds négocié en Bourse, celui du Horizons Cdn Insider Index (HII), ainsi que vers un titre défensif, celui de l'épicier Metro.

Pour des titres internationaux achetés à la Bourse de New York, je recommande le fonds négocié en Bourse IPKW. C'est un FNB investi dans des titres bénéficiant d'un programme de rachats d'actions. Je suggère aussi un titre japonais, Nippon Telegraph and Telephone (NTT), ainsi que le grand brasseur belge Anheuser-Busch.

Quel placement évitez-vous à tout prix ?

Le marché boursier demeure encore le meilleur choix, mais avec plus de prudence qu'il y a six mois. L'investisseur doit être prudent sur le marché obligataire mondial. Tout revirement positif sur la croissance économique pourrait faire augmenter les taux à long terme et déprécier le rendement des obligations.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus ?

Les matières premières et l'énergie sont survendues, tout comme les actions de pays émergents qui se transigent à fort escompte, comparées au marché boursier des pays développés. Toutefois, la dynamique de reprise n'est pas en place actuellement. L'investisseur aurait intérêt à commencer l'achat de positions dans ces secteurs et régions, principalement quand il y aura des tendances favorables qui se confirmeront.

WILLIAM-ANDRÉ NADEAU

William-André Nadeau est vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Tactex. Il compte 32 ans d'expérience dans le domaine des services financiers à titre de courtier, de gestionnaire de portefeuille ou d'analyste. Avant de se joindre à Tactex, il a été président et gestionnaire de portefeuille chez Orientation Finance, une firme qu'il a fondée. Il a aussi cofondé deux firmes de courtage. L'actif sous gestion chez Tactex s'élève à 100 millions.

NOTE

William-André Nadeau achète déjà certains des titres recommandés pour ses clients. Ni M. Nadeau ni aucun membre de sa famille n'est membre de l'émetteur recommandé, conseil dirigeant, administrateur ou consultatif, et ne détiennent une position dans les titres.