Chaque dimanche, un financier répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Geneviève Blouin, de la firme Altervest à Montréal.

Quel a été l'événement le plus significatif cette semaine en Bourse?

Comme je me spécialise dans les marchés émergents, j'étire la semaine jusqu'à aujourd'hui (dimanche) 26 octobre, en ce jour d'élections au Brésil. Il y a une chaude lutte entre la présidente actuelle de gauche, Dilma Rousseff, et Aecio Naves, de centre droit. Les derniers sondages étaient à 51 % favorables à M. Naves contre 49 % pour Mme Rousseff. Cette élection reste la plus imprévisible de l'histoire du Brésil et est pleine de rebondissements.

Durant le premier tour de campagne, le chef du troisième parti est mort dans un accident d'avion. Sa remplaçante, Marina Silva, a pris la première place pendant un certain temps, mais pas assez pour affronter Mme Rousseff au dernier tour qui se déroule aujourd'hui.

Au Brésil, le premier tour comprend un grand nombre de partis. Plusieurs alliances se forment au premier tour pour pouvoir se rendre au second tour où ne sont représentés que deux partis.

Aecio Naves a créé une alliance avec Marina Silva. Cette lutte électorale acharnée et l'incertitude qui en découle se sont reflétées dans la volatilité des marchés brésiliens qui ont presque doublé par rapport à la moyenne historique. Petrobras, une des plus grosses capitalisations boursières brésiliennes, a fluctué fréquemment de 5 à 10 % par jour ces derniers temps. Ce sera une journée d'élections palpitante et digne d'une partie de hockey qui se termine en tirs de barrage, mais avec un impact majeur sur l'économie brésilienne que plusieurs trouvent ingérée par Dilma Rousseff.

Quel indicateur suivez-vous le plus attentivement?

La croissance mondiale a un impact majeur sur les marchés émergents, nous portons une attention particulière au Produit intérieur brut (PIB), à sa croissance et aux changements dans les prévisions. Nous suivons de près le PIB américain, encore considéré comme moteur de l'économie mondiale. La question est de savoir si l'économie américaine arrivera à garder son rôle de leader pour la croissance mondiale. Cette dernière sera-t-elle assez forte pour entraîner le reste de la croissance mondiale ? Si la croissance européenne est trop faible, pourrait-elle éventuellement nuire à celle de nos voisins du Sud au point de les faire plonger en récession?

Que feriez-vous avec plusieurs milliers de dollars à investir?

En tant que présidente du Conseil des gestionnaires en émergence, j'investirais une grosse partie des actifs avec eux. Voici cinq produits à considérer :

Cristallin avec son fonds d'arbitrage Améthyste, géré par Marc Amirault (rendement annualisé de 8,5 % depuis 1996).

BT global fonds de croissance, stratégie rendement absolu sans levier avec approche valeur (rendement annualisé de 12,29 % et classé 5 étoiles par Globe Fund).

Le fonds Défiance, d'Olos Capital, géré par François Parenteau, nommé meilleur analyste indépendant en Amérique du Nord par le magazine Businessweek avant qu'il lance son fonds. Depuis septembre 2002, le rendement annualisé du fonds Défiance s'est élevé à 12 %.

Tonus Capital, géré par Philippe Hynes avec une approche valeur et une stratégie concentrée en actions canadiennes et américaines (environ 15 titres). Rendement annualisé de 11,28 % depuis octobre 2007.

Globevest, géré par Patrick Proulx avec une stratégie de vente d'options de vente à la Warren Buffett. Rendement annualisé de 11,58 % depuis 2008.

Quel placement évitez-vous à tout prix?

Les fonds négociés en Bourse (FNB) ont connu une forte croissance auprès des investisseurs. Ils sont souvent de bons véhicules d'investissement, mais certains, dont les FBN à levier, sont carrément à éviter pour l'investissement à long terme. Leur performance à court terme parfois très alléchante réussit à attirer plusieurs investisseurs. De par leur structure, les FBN à levier ont tendance à voir leur valeur s'effriter à travers le temps.

Ils ne devraient être utilisés que par les négociateurs à très court terme. Il ne faut pas les utiliser comme placements à long terme. Plusieurs d'entre eux ont perdu de 50 % à 90 % de leur valeur sur une période de six mois. Chez Altervest, nous aimons développer des stratégies d'investissement qui tirent avantage de ces lacunes.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus?

Les marchés en émergence. Ils se négocient environ à 9,5 fois le cours-bénéfice de 2015. Après la crise financière, on a vu les titres européens atteindre ces niveaux et par la suite ils ont remonté à 12 fois le cours-bénéfice. Malgré le rallye des marchés développés depuis la crise financière, les marchés émergents ont fait du surplace. Leur écart de valorisation par rapport aux marchés développés atteint un record. S'ils retournaient simplement à leur écart de valorisation historique, les marchés émergents pourraient monter de plus de 20 %.

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Geneviève Blouin est présidente et gestionnaire de portefeuille chez Altervest à Montréal. Avant de fonder Altervest, elle a notamment travaillé chez TAL Gestion globale d'actifs, à la Caisse de dépôt et chez Pictet, une banque privée en Suisse. Elle est aussi présidente du Conseil des gestionnaires en émergence, dont la mission est de promouvoir les petits gestionnaires de portefeuille d'ici (www.cge-emb.com).