Les dettes qu'on traîne pendant longtemps deviennent un boulet : impossible d'avoir les coudées franches pour entreprendre des projets. Elles peuvent aussi nuire aux relations de couple. C'est pour cette raison que Marie-Ève, une nouvelle maman, veut s'y attaquer, nous confie-t-elle dans ce deuxième épisode de notre série « Train de vie extrême ».

«Je veux retrouver ma liberté financière»

MARIE-ÈVE, 33 ANS

Couronne nord de Montréal

En couple, mère d'un garçon de 7 mois

Revenu personnel : 60 000 $ par année

Actuellement en congé de maternité : 40 000 $ par année

Revenu mensuel net de 2920 $ (en congé de maternité)

Revenu du conjoint :  65 000 $ par année

Le couple gère ses finances séparément.

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Dettes de Marie-Ève : 

Solde / Remboursement mensuel

- Carte de crédit : 8400 $ / 400 $

- Emprunt pour meubles : 1300 $ / 44 $

- Emprunt à des proches : 10 000 $ / 0$

- Prêt auto : 18 000 / $ 314 $

Total : 37 700 / $ 760 $

(aucun remboursement de l'emprunt aux proches)

Sur un revenu mensuel net de 2920 $ (en congé de maternité)

«Chéri, il faut qu'on se parle!»

En plus de vouloir s'attaquer aux dettes qu'elle traîne depuis plusieurs années, Marie-Ève veut profiter de l'avis de spécialistes pour administrer les dépenses familiales de façon plus équitable.

Ce qui la dérange ? Depuis qu'elle a emménagé, il y a deux ans et demi, dans le joli petit bungalow rénové de son conjoint, elle lui paie un loyer. Mais est-ce bien équitable qu'elle contribue aux dépenses de la maison, qu'elle aide son conjoint à payer son hypothèque, mais qu'elle-même n'ait pas droit aux capitaux qui s'accumulent sur la propriété ? « Je ne veux pas avoir l'air de profiter de mon conjoint, mais j'aimerais moi aussi pouvoir participer au paiement de la maison, celle-ci ou la prochaine, pour amasser quelque chose pour l'avenir, explique Marie-Ève. Nous n'avons même pas établi de méthode de répartition claire par rapport aux dépenses du bébé, par exemple. »

Elle reconnaît qu'elle a du travail à faire de son côté pour réduire ses dépenses, mais elle croit que son conjoint pourrait lui donner un coup de pouce en ne lui faisant rien payer pour l'héberger dans sa maison, ce qui lui permettrait d'éliminer ses dettes plus vite. « Et quand j'aurai fini de les payer, je pourrai contribuer, moi aussi, au remboursement de l'hypothèque, dit-elle. Je crois que nous pourrions établir un meilleur plan familial de dépenses et d'épargne, mais c'est un sujet chaud à la maison. »

Ce qui contribue à la tension dans le couple : Marie-Ève a emprunté 5000 $ à son conjoint pour payer sa marge de crédit il y a trois ans et ne lui a pas encore remboursé un sou, en plus de ne pas réussir à réduire ses autres dettes.

UNE ENTENTE INÉQUITABLE

Au cours des prochaines semaines, la jeune femme consultera une conseillère budgétaire de l'ACEF et un notaire pour avoir leur avis sur la question, et amorcer une discussion avec son amoureux à ce sujet.

Mais on a déjà une idée de leur réponse : les experts s'entendent généralement pour dire qu'une entente comme celle de Marie-Ève et de son conjoint est inéquitable pour la jeune femme.

L'idéal, c'est que les deux conjoints détiennent une participation dans la propriété. Dans la brochure À vos amours, à vos affaires, à laquelle Mme Fauteux a contribué, l'ACEF recommande de consulter un avocat ou un notaire pour s'entendre sur un accord équitable. Quelle est la mise de fonds de chacun ? Dans quelle proportion les conjoints contribuent-ils au remboursement de l'hypothèque ? Mieux vaut colliger tous ces détails.

« Il faut d'abord tenir compte de la capacité de payer de chacun », note Me Guylaine Lafleur, notaire et planificatrice financière au sein de la firme Bachand Lafleur. En effet, le nouveau conjoint n'a pas nécessairement les liquidités nécessaires pour racheter à l'autre une partie de sa propriété. Cependant, s'il participe au remboursement de l'hypothèque à partir du moment où il emménage, son apport doit être reconnu.

Comment ? En l'inscrivant dans l'acte de propriété, avec les détails de sa participation financière, et par une convention de copropriété entre les conjoints, qui indiquera ce qui se passe en cas de rupture, qui garde la maison, comment on établit sa valeur, de quelle façon celui qui reste rembourse l'autre, etc.

Au début de la cohabitation, le nouvel arrivant peut verser un loyer au conjoint propriétaire, qui tiendra compte des frais de chauffage, des assurances, voire des frais de condo ou d'entretien, « mais pas du remboursement du prêt hypothécaire », note la planificatrice financière Lison Chèvrefils, coauteure du livre Les bons comptes font les bons couples. « Après cette période d'essai, l'idéal est d'acheter plus grand, ensemble, pour faire table rase et partir sur de nouvelles bases. »

« On peut aussi se protéger par une convention de vie commune, par exemple en prévoyant une certaine reconnaissance du patrimoine familial, surtout si on a des enfants, ajoute Me Lafleur. Évidemment, il est important aussi de faire un testament. »

Au Québec, 19 % des couples en union libre signent un contrat de vie commune, selon un sondage de la Chambre des notaires. Souvent, les juristes suggèrent de prévoir, en cas de rupture, le partage de ce qui a été accumulé pendant la vie commune ou depuis la naissance des enfants.

Mais on a beau vouloir tout calculer, la vie à deux ne se limite pas à des colonnes de chiffres, souligne Me Lafleur. « La façon de voir les choses dépend beaucoup des buts du couple, note-t-elle. Si on veut fonder une famille, l'apport de l'un des deux ne sera pas nécessairement pécuniaire. Mais si on est plus âgé, surtout si on a déjà subi une rupture, on n'aura peut-être pas la même vision. »

Principales dépenses mensuelles de Marie-Ève  (et portion des dépenses communes payée par elle) : 

• Épicerie : 470 $

• Loyer : 265 $

• Vêtements : 215 $

• Pharmacie : 200 $

• Soins personnels : 160 $

• Alcool : 150 $

• Tabac : 140 $

• Essence : 140 $

• Assurances : 92 $

• Téléphonie : 69 $