Les investisseurs et les analystes peuvent se rassurer sur la qualité de leur boule de cristal, du moins la version fleurdelisée. Les résultats d'entreprises québécoises publiés ces dernières semaines sont à la hauteur de leurs attentes, aussi élevées soient-elles.

Au terme du deuxième trimestre, près de huit entreprises sur dix ayant leur siège social au Québec affichent des bénéfices par action en hausse par rapport à la période correspondante de l'exercice précédent. Le rapport n'est que de deux sur trois pour l'ensemble des titres inscrits à la Bourse de Toronto, sur la même période de divulgation.

En termes d'attentes, on compte presque autant de bonnes surprises que de déceptions sur le plan des bénéfices, selon notre analyse des sondages de Bloomberg. Cet équilibre est dans l'ordre des choses pour la communauté financière canadienne. Aux États-Unis, on remarque plutôt une tendance à sous-estimer le potentiel des entreprises, ce qui reflète en fait l'excès de prudence des dirigeants d'entreprises américaines dans leurs projections.

Leur bonne performance financière, avec des écarts somme toute limités par rapport aux attentes, a permis à la cinquantaine de titres québécois étudiés de gagner en moyenne 9 % à la Bourse au dernier trimestre. L'indice général S&P/TSX de la Bourse de Toronto n'a pas si bien fait durant cette période. Encore moins le Dow Jones des industrielles de la Bourse de New York.

Retour sur les cinq meilleures surprises du Québec inc. ces dernières semaines.

AMAYA AVAIT BIEN CACHÉ SON JEU

Le spécialiste du jeu en ligne Amaya, de Montréal, s'est illustré de plus d'une manière ces dernières semaines. L'entreprise qui vient de mettre la main sur les marques PokerStars et Full Tilt Poker a triplé son bénéfice par action ajusté lors du trimestre clos le 30 juin par rapport à la même période de l'année dernière. Elle a ainsi fait trois fois mieux qu'attendu par les analystes financiers qui s'y intéressent. Robert Young, de Canaccord Genuity, est encore plus impressionné par la nouvelle prévision de bénéfices en 2014 fournie par la direction. Le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement variera de 265 à 285 millions, promet Amaya, tandis que le consensus était de 263 millions.

VIRGINIA A DES RESSOURCES INSOUPÇONNÉES

Mines Virginia a surpris les analystes en diminuant sa perte sur action lors de son plus récent trimestre tout en lançant divers projets d'exploration, tous situés au Québec. L'entreprise pourrait encore les surprendre avec le début de la production à Éléonore dans le quatrième trimestre du présent exercice, un dépôt de classe mondiale exploité par Goldcorp. Virginia a une redevance de 2,2 % sur les trois premiers millions d'onces d'or produites à la mine qu'elle a découverte. Cette redevance augmentera selon le nombre d'onces d'or produites jusqu'à concurrence de 3,5 %. L'analyste Éric Lemieux, de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, estime que le marché sous-estime la valeur de Virginia en tant que générateur de projets et titulaire de droits miniers.

INDUSTRIELLE ALLIANCE PROFITE DES MARCHÉS

L'Industrielle Alliance est parvenue à rehausser considérablement son bénéfice net par action au trimestre terminé le 30 juin par rapport à la période correspondante un an plus tôt. La hausse de 50 %, largement attribuable au net regain des principaux revenus de placement, s'avère 26 % supérieure aux prévisions des analystes. Le titre n'a toutefois guère bronché en Bourse suivant l'annonce et se retrouve au même niveau qu'au début de l'année. Deux analystes ont même décoté le titre en raison des ventes décevantes du groupe. Les attentes pour les assureurs-vie sont à plus long terme, quand les taux d'intérêt reprendront le chemin haussier et soulageront leur portefeuille de rentes. L'analyste Doug Young, de Desjardins Marchés des capitaux, s'attend à ce que le groupe financier de Québec se surpasse et garde ses cibles élevées pour l'exercice 2015.

YELLOW MÉDIA DÉJOUE LES MAUVAIS AUGURES

Yellow Média a vu ses profits et son chiffre d'affaires fléchir au dernier trimestre, son secteur numérique n'étant toujours pas en mesure de compenser la baisse des revenus dans celui des médias imprimés. Le recul de 45 % de son bénéfice net par rapport à l'an dernier déjoue néanmoins les pronostics plus sombres de la communauté financière. L'éditeur de l'annuaire des Pages Jaunes a l'intention de lancer au moins quatre nouvelles applications mobiles au cours de la prochaine année afin d'accélérer sa transition vers le numérique. Le titre est en baisse de 18 % depuis le début de l'année, mais demeure nettement plus élevé qu'après la restructuration l'an dernier. Les deux analystes qui s'intéressent à l'éditeur de L'Île-des-Soeurs ont légèrement augmenté leur prévision de recettes pour 2014, mais ont réduit de 2 % leurs attentes pour le bénéfice d'exploitation ces dernières semaines.

MINES RICHMONT SORT DU TROU

Dans l'univers déprimé des mines d'or, le producteur montréalais Mines Richmont peut se targuer d'avoir confondu les analystes en passant de pertes à profit en un an. Pour la période qui s'est étendue du 1er avril au 30 juin, Richmont a doublé ses revenus à 39 millions grâce à l'amélioration des teneurs en or aux mines Beaufor et Island Gold, et à l'ajout de la production des mines Monique et Zone W en Abitibi-Témiscamingue. Le revirement de la rentabilité n'a pas échappé aux investisseurs, et le titre a doublé de valeur depuis le début du mois. Les attentes des analystes (trois suivent le titre) sont maintenant 58 % plus élevées, à 5 cents par action, pour le bénéfice de l'exercice en cours.