Chaque semaine, un financier répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Mark Lin, gestionnaire de portefeuilles chez Gestion d'actifs CIBC.

À votre avis, quel est l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse ?

Les développements relatifs aux conflits géopolitiques au Moyen-Orient et en Ukraine ont certes été l'événement significatif des derniers jours et semaines, et ce, bien que les marchés n'en ont pas été très affectés. Mais ils doivent demeurer sur le radar des investisseurs à la fois parce qu'ils sont imprévisibles et parce qu'un conflit impliquant la Russie qui s'étendrait sur plusieurs années aurait un impact potentiellement très négatif sur les marchés boursiers. Sur le plan économique, le ralentissement de la croissance de l'économie chinoise est l'élément qu'il faut craindre, car plusieurs industries sont affectées, tels les produits de consommation et les matières premières. Le ralentissement observé actuellement dans l'octroi de crédit en Chine implique que l'impact sur la croissance du PIB chinois se poursuivra.

Quel indicateur suivez-vous le plus attentivement en ce moment ?

L'évolution macroéconomique est intéressante à suivre, mais comme elle demeure difficile à prévoir, elle n'est pas nécessairement d'une grande utilité pour l'investisseur à la recherche des titres qui performeront en Bourse. L'indicateur le plus intéressant pour choisir les bons titres est le niveau des flux de trésorerie générés en fonction du prix que l'on doit payer pour le titre. À moyen et à long terme, c'est le rythme de croissance des flux de trésorerie qui déterminera la hausse du prix de l'action.

Que feriez-vous avec plusieurs milliers de dollars à investir ?

Les Bourses ayant atteint des sommets, les bonnes occasions de placement se font plus rares. La patience est de mise. Il faut donc conserver 20 % de l'argent disponible en liquidités et attendre que de meilleures occasions se présentent. Le reste doit être investi dans des entreprises que vous croyez pouvoir détenir longtemps. Elles doivent avoir les attributs suivants : être un leader dans leur industrie respective, avoir démontré la capacité d'augmenter ses flux de trésorerie d'année en année, réaliser un rendement élevé sur le capital, et bien se comporter envers ses actionnaires. De plus, l'évaluation boursière doit être attrayante. AutoZone, United Technologies et Thermo Fisher sont de bons exemples d'entreprises qui satisfont ces critères.

À l'opposé, quel placement évitez-vous ces temps-ci ?

Conformément à notre thèse concernant le ralentissement de la croissance de l'économie chinoise, nous évitons d'investir dans les entreprises qui travaillent dans les secteurs hautement cycliques qui sont touchées négativement par ce ralentissement, ainsi que celles affectées par une baisse des prix des matières premières. Par exemple, la multinationale Caterpillar.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus actuellement ?

Partant du point de vue que l'évaluation du marché boursier américain est déjà relativement élevée, nous considérons qu'il existe actuellement plusieurs facteurs de risque que les marchés sous-estiment. Les plus importants sont les risques géopolitiques, le ralentissement de la croissance des économies émergentes, le haut niveau d'endettement des économies européennes et nord-américaines, l'éventualité d'une hausse importante des taux d'intérêt et les impacts sociaux de l'élargissement de l'écart entre riches et pauvres.

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Chez Gestion d'actifs CIBC depuis septembre 2002, Mark Lin agit à titre de vice-président, Actions internationales et il a la responsabilité de 1 milliard d'actifs sous gestion.