Cela commence le plus souvent péniblement, mais finit dans l'enthousiasme, avec des baisses d'intérêt notables à l'heure du café ou à la pause santé d'après-midi. À l'heure du dîner, c'est le calme plat.

Les robots ont beau réaliser plus du tiers des transactions, les humeurs et les petites habitudes de l'humain continuent de rythmer le marché des actions.

Selon le Stock Traders Almanach, les cours à la Bourse de New York ouvrent le plus souvent à la baisse, soit dans 55,7 % des cas. De même, la tendance est plutôt négative à 10 h 30 et à 14 h 30 (51 % des fois), par rapport à la précédente demi-heure de transaction.

Par contre, les actions finissent plus haut, 53,5 % des fois, comparativement à leur niveau 30 minutes plus tôt. La tendance paraît aussi particulièrement positive à 10 h (51,9 % des fois) et dès 15 h (52,5 %).

Les pointes à l'ouverture comme à la fermeture des échanges sont particulièrement évidentes le lundi, selon la bible des boursicoteurs qui a mesuré les écarts de cours boursiers aux demi-heures depuis janvier 1987 (la grande Bourse américaine a devancé l'heure de la cloche, de 10 h à 9 h 30, en octobre 1985 seulement).

Difficile de ne pas voir un côté humain au comportement du marché. Même les négociateurs professionnels doivent se nourrir le midi et font la pause le temps d'un café le matin ou d'une pomme, en milieu d'après-midi. Cela se traduit par une baisse sensible de l'activité et des cours affaiblis. Par contre, tout le monde est là pour la finale et les forts volumes affermissent les cours.

Et les robots ?

Même s'ils n'ont aucunement besoin de casser la croûte, les ordinateurs que l'on accuse d'avoir pris le contrôle des marchés avec leurs algorithmes sophistiqués reproduisent apparemment les petites habitudes et manies de leurs partenaires humains moins doués.

C'est du moins la conclusion à laquelle arrive une étude toute récente du Journal of International Financial Markets. Les auteurs ont même trouvé que les programmes de transactions partageaient la propension des humains à favoriser les heures comme les chiffres ronds.

Les professeurs John Paul Broussard et Andrei Nikiforov, de l'Université Rutgers, du New Jersey, ont constaté qu'au cours d'une séance de marché type, les volumes de transactions connaissaient des pics d'environ 20 % dans les 30 secondes qui suivent une heure ronde, comme à 9 h 30 ou à 10 h.

Ce travers n'a pas manqué d'interpeller les chercheurs. D'autant plus que leur étude - précise aux 25 millisecondes - portait sur de grands noms de la cote, comme IBM et GM, des titres particulièrement plus liquides.

L'hypothèse voulant qu'il s'agisse d'une stratégie d'optimisation des coûts de transaction a été rejetée. Les auteurs de l'étude n'ont pas pu prouver que la concentration de volumes puisse donner lieu à des rabais pour gros volumes.

Les deux chercheurs accusent plutôt les programmeurs des algorithmes de transactions. Ceux-ci ont reproduit, délibérément ou non, la propension de l'humain pour la simplicité. L'usage des chiffres ronds serait particulièrement naturel lorsqu'il doit prendre des décisions dans un environnement incertain et peu structuré comme la Bourse.

De la même manière qu'un analyste financier arrondit généralement ses prix cibles à 7 ou 10 $ plutôt que 7,13 $ ou 9,98 $, ou que l'on prend un rendez-vous d'affaires à 10 h, mais jamais à 10 h 02, les négociateurs professionnels répartissent sur des tranches de 30 minutes les transactions qu'ils ont prévu de faire ce jour-là. Les robots n'ont fait que les copier.