Berkshire Hathaway, le prestigieux fonds du non moins célèbre Warren Buffett, a mieux performé que prévu en 2013, mais n'a pas réussi à faire aussi bien que le marché boursier américain dans son ensemble. Beau joueur, l'investisseur très écouté à Wall Street encourage maintenant l'achat direct de fonds calquant l'indice S & P 500.

Le conglomérat a réalisé un bénéfice record de 19,5 milliards US, l'an dernier, alors que les analystes attendaient 18 milliards. La valeur comptable des actions s'accroît ainsi de 18,2 %, une performance remarquable, en accord avec les 49 dernières années, mais inférieure au 30 % affiché par l'indice global américain.

« Berkshire va battre le S & P les années de marché baissier ou modérément à la hausse », explique l'oracle d'Omaha dans son rapport annuel, publié hier matin. Le fonds de 286 milliards US se targue d'avoir mieux fait que le marché 39 fois en 49 ans. Les années où le S & P a mieux fait, l'indice affichait une progression de plus de 15 %, à une seule exception.

L'oracle d'Omaha, connu pour ses prises de participation à bas prix dans des compagnies bien établies, se fait maintenant l'apôtre de l'achat d'actions de fonds négociés en Bourse calqués sur le S & P 500. « Durant le XXe siècle, le Dow Jones est passé de 66 à 11 497 points tout en versant un flux croissant de dividendes, rappelle-t-il. Le XXIe siècle verra d'autres gains, presque assurément substantiels. » Il suffit donc de surfer sur la vague, suivant sa logique.

« L'investisseur non professionnel ne devrait pas chercher les titres gagnants - ni lui ni ses «aides» ne peuvent le faire -, mais plutôt chercher à posséder une sélection d'entreprises qui dans l'ensemble est appelée à bien faire. Un fonds indiciel à faible coût S & P 500 atteindra cet objectif », écrit-il à ses porteurs d'actions ordinaires à 173 708 $US chacune.

Le testament de Buffett

Le détenteur de la quatrième fortune mondiale prouve d'ailleurs qu'il est fidèle à ses convictions en confiant qu'il a prévu dans son testament d'investir 10 % de l'héritage de son épouse dans des obligations gouvernementales à court terme et 90 % dans un fonds à très bas coût basé sur le S & P 500. « J'ai suggéré celui de Vanguard », précise-t-il encore.

Dans sa lettre aux actionnaires, l'investisseur de 83 ans atteint d'un cancer de la prostate évoque d'ailleurs franchement son départ. « À ma mort, la propriété de Berkshire va changer, mais sans perturbation », écrit-il. « Aucune de mes actions n'aura besoin d'être vendue pour mes legs ou pour les impôts. D'autres de mes biens pourvoiront à ces besoins. » Le milliardaire possède plus de 38 % des actions ordinaires de Berkshire, lesquelles sont promises à des organisations caritatives.

Concernant son remplacement à la tête de l'entreprise qu'il dirige depuis près de 50 ans, il réitère que la famille Buffett ne sera pas impliquée dans la gestion, mais que, en tant qu'actionnaires importants, ils « contribueront à choisir et surveiller les gestionnaires. » Il souhaite qu'après lui, son travail soit partagé entre un président-directeur général et un chef des investissements.

L'empire

Berkshire Hathaway est réputé pour son carré d'as : des participations dans la société de cartes de crédit American Express (14,2 % du capital fin 2013), le géant des sodas Coca-Cola (9,1 %), le groupe informatique IBM (6,3 %) et la banque Wells Fargo (9,2 %). Ces entreprises ont rapporté à Berkshire 1,4 milliard US en dividendes, en 2013.

Berkshire a aussi des participations dans toute une série d'entreprises, dont la pétrolière ExxonMobil (0,9 %), la banque Goldman Sachs Group (2,8 %), l'assureur allemand Munich Re (11,2 %), le fabricant de produits de grande consommation Procter & Gamble (1,9 %), le laboratoire pharmaceutique français Sanofi (1,7 %) et les supermarchés Tesco (3,7 %) et Walmart (1,8 %).

Le conglomérat dispose aussi d'une option d'achat sur 700 millions d'actions de Bank of America, qu'il peut exercer jusqu'en septembre 2021 pour 5 milliards de dollars. « Nous achèterons probablement les titres juste avant l'expiration de notre option », a indiqué Warren Buffett, relevant qu'ils valent maintenant le double en bourse.