Les banques canadiennes ne sont pas que des machines à imprimer de l'argent, ce sont aussi des machines à verser des dividendes solides et croissants à leurs actionnaires. Et elles ne sont pas prêtes de s'enrayer.

De nouvelles hausses de dividendes sont à l'ordo cette semaine alors que ces grandes institutions financières dévoilent les résultats des trois premiers mois de leur nouvel exercice. La Banque de Montréal et la Nationale ouvrent le bal, mardi, suivies par la CIBC, la Royale et la Toronto-Dominion, jeudi. La Scotia et la Laurentienne compléteront l'ensemble, la semaine prochaine.

L'analyste Robert Sedran, de la CIBC, prévoit « un bon départ pour une bonne année ». Le premier trimestre est traditionnellement un moment fort pour les banques qui profitent notamment de l'activité boursière suscitée par l'habillage de portefeuille et les transactions à des fins fiscales.

Il en ira de même cette fois encore même si le début d'année a été un peu chaotique en Bourse, et particulièrement pour les titres bancaires qui ont été malmenés en janvier. La CIBC prévoit une hausse substantielle moyenne des profits de 3,5 % par rapport au trimestre précédent et de 6 % sur un an. Cela grâce à la stabilisation des marges d'intérêt, à l'accroissement des frais bancaires, à la réduction des dépenses et à des gains de change.

C'est ainsi que la Royale, la Scotia et la Toronto-Dominion pourraient augmenter leur versement périodique aux porteurs d'actions dès cette semaine, croit Robert Sedran. Le trio nous a habitués à des augmentations régulières aux premier et troisième trimestres, au cours des dernières années, note l'expert bancaire. La CIBC, même si ce n'est pas dans ses habitudes, pourrait aussi se joindre au mouvement cette fois.

John Aiken, de Barclays Research, mise surtout sur la CIBC, la Royale et la TD. La Scotia, qui n'a pas augmenté son dividende depuis six mois, en aurait aussi la possibilité avec son ratio de distribution parmi les plus bas de l'industrie, note l'analyste. Un fractionnement d'actions de la CIBC est aussi attendu.

L'ADN de champions

Les banques retournent près de la moitié de leurs profits à leurs actionnaires sous forme de dividendes et de rachats de titres. Cela va de 40 % à la Nationale jusqu'à 47 % à la Royale. C'est bien raisonnable, comparativement, par exemple, au géant des télécommunications BCE qui a un ratio de distribution de près de 70 % malgré les énormes investissements qu'il doit assumer, comme avec l'achat de fréquences pour sa filiale Bell Mobilité, la semaine dernière.

« Elles sont bien comme on l'imagine », lance Sumit Malhotra, qui entreprend l'analyse des grandes banques canadiennes pour le groupe Scotia. L'analyste venu de Macquarie Group considère que l'industrie est bien positionnée pour procurer un solide rendement dans les deux chiffres, avec le dividende et l'appréciation boursière, aux porteurs d'actions, cette année encore. Les titres du secteur bancaire ont progressé en moyenne de 18 % en 2013.

L'industrie a l'art de tirer profit de situations embarrassantes pour d'autres. La faiblesse du dollar canadien honnie par les importateurs réjouit les banques comme la Royale, la TD et la Scotia qui tirent d'importants revenus de la gestion de fortune à l'étranger, note John Aiken. De même source, la hausse des taux d'intérêt que craignent les consommateurs permettrait aux prêteurs d'améliorer leurs marges.

Le plus grand danger demeure la faible croissance de l'économie canadienne en 2014, et surtout pour les banques régionales. Encore là, cela ne fait que peser sur les perspectives d'augmentation des profits des banques et ne compromet pas les versements de dividendes de si tôt.