Chaque samedi, un financier répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Charles E. Martin, vice-président et gestionnaire de portefeuille pour particuliers fortunés chez Gestion de patrimoine TD.

À votre avis, quel est l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?

C'est l'addition continue de signaux montrant que l'économie des États-Unis continue de croître à un rythme étonnamment fort, en dépit des vents contraires que certains ont cru suffisants pour la mettre à genoux. Il y a un an, plusieurs experts ont craint que le retrait du stimulus fiscal, communément appelé « le mur budgétaire », soit désastreux. Bien que j'estimais que cette crainte était exagérée, je ne m'attendais pas à ce que l'économie des États-Unis soit aussi résistante. En ajoutant le fait que l'Europe a été lente à récupérer, et que les taux d'intérêt à long terme ont commencé à monter en milieu d'année, il est difficile de ne pas être impressionné par les résultats de l'économie américaine au cours des derniers mois.

Quel indicateur suivez-vous le plus attentivement en ce moment?

Je suis de très près l'économie des États-Unis. Comme elle représente plus du tiers de la consommation mondiale, et qu'elle est le plus grand partenaire commercial du Canada, ce qui se produit au sud de la frontière est extrêmement important pour nous, pour notre économie et pour nos investissements.

Plus précisément, j'observe l'évolution des bénéfices par action des entreprises du S & P 500. J'anticipe une hausse d'environ 7 % en 2014, en suivi du regain de 10 % observé cette année.

Je suis aussi l'indice des directeurs d'approvisionnement (ISM), dont le maintien au-dessus des 50 points demeure un indicateur de croissance économique.

Enfin, je suis le taux de chômage aux États-Unis parce qu'il est défini par la Réserve fédérale (FED) comme un facteur décisionnel pour la réduction attendue de son programme de soutien monétaire à l'économie.

Que feriez-vous avec plusieurs milliers de dollars à investir?

Je commencerais en établissant mes objectifs d'investissement et mon horizon de temps. Est-ce que j'économise pour ma retraite ou pour rénover ma maison l'été prochain ? La répartition de mes investissements doit être parfaitement alignée avec mon horizon de temps.

En supposant que j'investisse pour ma retraite dans 20 ans, je suis d'avis que les actions nord-américaines représentent encore un compromis risque/rendement plus intéressant que les autres classes d'actifs. J'investirais surtout dans certaines actions canadiennes et américaines de grande capitalisation, dites blue chips dans le jargon boursier.

Pour 2014, je m'attends à une sixième année consécutive de gain sur les Bourses nord-américaines, avec un rendement de l'ordre de 10 % aux États-Unis et au Canada.

À l'étranger, je privilégie les sociétés européennes de grande capitalisation et à dividendes substantiels.

Quant aux marchés émergents, j'attends d'y voir l'impact de la reprise dans les économies américaine et européenne sur les résultats de leurs entreprises exportatrices.

Quel placement évitez-vous à tout prix?

Les titres à revenu fixe de longue durée et l'or ne sont pas des investissements intéressants en ce moment.

Les taux d'intérêt à long terme ont commencé à monter en milieu d'année, et ce n'est peut-être que le début d'une longue période de remontée. Dans ce type de scénario, les titres obligataires et les actions privilégiées à long terme se comporteraient mal sur les marchés.

Quant à l'or, je considère que c'est un placement spéculatif et extrêmement cyclique. Le prix tend à suivre de longs cycles. Et le cycle baissier actuel pourrait s'allonger sur une dizaine d'années.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus actuellement?

Je crois que le marché sous-estime où les taux d'intérêt se situeront à la fin du ce nouveau cycle de croissance économique.

Je m'attends à ce que les taux d'intérêt à court terme suivent ceux à long terme, et qu'ils commenceront donc à monter au cours de l'année prochaine.

Je ne voudrais pas prédire où les taux se situeront. Néanmoins, selon mon expérience, quand les taux d'intérêt commencent à se déplacer dans une direction, en hausse ou en baisse, ils surpassent souvent les attentes.