Vous avez 10 000 $ de liquidités dans votre REER et vous voulez investir cette somme sur un horizon de 3 à 5 ans dans un des gros noms du secteur de la techno.

Que devez-vous faire? Acheter 20 actions d'Apple qui se négocie actuellement à environ 500 $ ou 10 actions de Google dont le cours atteint déjà 1000 $?

Entre décembre 2011 et septembre 2012, l'action d'Apple a doublé, passant de 350 $ à 700 $. Mais durant les huit mois suivants, juste après la sortie de l'iPhone 5, le titre a subi toute une dégelée, retournant sous la barre des 400 $. Toutefois, depuis juillet, il a repris une tendance à la hausse qui l'a ramené au-dessus de 500 $.

Quant à Google, le cours de l'action a doublé au cours des deux dernières années. Et le titre a démontré plus de constance. Malgré des replis temporaires, jamais il ne s'est écroulé comme l'a fait Apple.

Pour Mark Lin, de Gestion d'actifs CIBC et gestionnaire entre autres du Fonds de technologie mondial de la banque, Google constitue à n'en pas douter le meilleur choix. Pour lui, les créneaux de Google sont les plus porteurs.

D'abord, Google est le chef de file incontesté des moteurs de recherche. «Elle en a presque le monopole», dit Mark Lin. Il s'agit là de la vache à lait de l'entreprise. Personne ne réussit vraiment à la challenger dans de secteur.

Mais aussi, Google recèle beaucoup de valeur encore cachée, ajoute le gestionnaire de la CIBC. Par exemple, YouTube. Combien vaut aujourd'hui cette filiale achetée au coût de 1,6 milliard de dollars en 2006 ? Sûrement plusieurs milliards, mais surtout, elle présente des possibilités de croissance presque inestimables.

YouTube est devenu l'endroit où il faut aller dès qu'il est question de musique, de vidéos et de films. Et les possibilités d'ajout d'autres produits sont nombreuses.

Et que dire du système d'opérations Android, acheté pour une bouchée de pain, environ 50 ou 60 millions en 2005, alors qu'il était encore réduit. «Combien croyez-vous que Microsoft paierait aujourd'hui pour Android?», demande Mark Lin.

Près de 80 % des téléphones intelligents vendus dans le monde sont maintenant équipés du système d'exploitation Android, principalement les appareils des manufacturiers chinois dont la concurrence envers Apple et Samsung est de plus en plus intense, et qui gagnent continuellement des parts de marché. «La place d'Android devient si importante qu'elle permet maintenant à Google d'influencer les manufacturiers», dit M. Lin. «Chose certaine, les développements des 10 dernières années démontrent que Google est dirigé par des gens brillants.»

Les atouts d'Apple

Cela ne veut pas dire qu'Apple n'est pas également un choix intéressant. La marque est certainement bien établie, et son évaluation boursière actuelle est plus attrayante que celle de Google, selon Jean Duguay, vice-président chez Gestion de placements Eterna.

Sur la base du ratio cours/bénéfices, Apple est en effet deux fois moins cher que Google. L'entreprise présente un ratio de 14 comparativement à 28 pour Google. En termes de rendement sur l'avoir des actionnaires, la performance d'Apple est également fort intéressante. Depuis septembre 2003, il est en moyenne de 32 % annuellement comparativement à 17 % pour Google, note Jean Duguay.

Selon le gestionnaire, à 1000 $, Google se négocie déjà près de sa valeur intrinsèque, alors qu'Apple se vend à peine à la moitié de la sienne, qu'il estime également à environ 1000 $.

Par ailleurs, les ventes d'Apple semblent de plus en plus être liées au lancement de nouveaux produits. Durant les mois de juin, juillet et août, Apple se classait deuxième quant au nombre de téléphones vendus aux États-Unis derrière sa rivale Samsung. Mais en septembre, elle a repris le premier rang grâce au lancement de ses nouveaux iPhone 5 C et S. Elle compte beaucoup sur l'attrait de ces nouveaux appareils pour faire mousser ses ventes durant la période des Fêtes.

À son dernier trimestre, Apple a réalisé des bénéfices inférieurs à ceux du même moment comparable de l'année précédente, et ce pour un quatrième trimestre consécutif.

À l'avantage d'Apple toutefois, la société pourrait attirer de plus en plus les investisseurs de type «valeur». En effet, elle a commencé cette année à verser un dividende, et les pressions se font de plus en plus fortes pour qu'elle procède prochainement à un rachat massif de ses propres actions.

Ainsi, ces deux entreprises du secteur de la technologie s'adressent peut-être maintenant à des publics investisseurs différents. Google pour ceux qui recherchent la croissance, et Apple pour les investisseurs de type «valeur».