Même lorsque la Bourse va bien, il est important pour les petits épargnants de détenir des titres à revenu fixe, ne serait-ce que pour amoindrir le choc lorsque la Bourse ira mal. Sans compter que pour un nombre grandissant de retraités et de semi-retraités, des revenus réguliers et prévisibles deviennent cruciaux.

Or, bien des petits épargnants découvrent avec étonnement que leur fonds de placement en obligations peut afficher des rendements négatifs quand les taux d'intérêt se mettent à remonter, comme c'est le cas depuis quelques mois. Ces fonds détiennent des obligations négociables dont le prix baisse lorsque les taux d'intérêt montent : autrement dit, personne ne voudra payer 100 $ pour une ancienne obligation avec un coupon de 2 % quand une nouvelle obligation de 100 $ vient d'être émise avec un coupon de 2,75 %.

Pour ces épargnants secoués par la situation changée des taux d'intérêt, il existe une stratégie simple et économique leur permettant d'éliminer ces fluctuations: une «échelle» de certificats de placement garanti (CPG)1.

«En échelonnant les échéances dans le temps, on n'a plus à se préoccuper des fluctuations futures des taux d'intérêt. Cette stratégie procure les avantages fondamentaux propres aux titres à revenu fixe: protection du capital, revenu fiable et faible corrélation avec les placements en actions. Si vous craignez une hausse des taux d'intérêt, vous voudrez sans doute maintenir votre échelle en deçà de cinq ans», explique Mark Raes, vice-président et chef de produit à BMO Gestion d'actifs. Cette crainte est justifiée puisque les taux d'intérêt remontent rapidement depuis quelques semaines.

Une «échelle» de CPG est donc adaptée à la situation actuelle, puisqu'elle ne compte que cinq «barreaux» qui correspondent à cinq échéances qui, comme sur une échelle, sont à égale distance entre eux: un, deux, trois, quatre et cinq ans. Plutôt que de placer toute la somme qu'il destine aux titres à revenu dans une seule échéance, l'épargnant la répartit de façon égale entre les cinq barreaux de l'échelle: ainsi, comme dans notre tableau, 25 000 $ sont répartis dans 5 CPG de 5000 $. Le CPG venant à échéance dans un an est automatiquement réinvesti dans un nouveau CPG de cinq ans, de sorte que le «barreau» du bas est toujours replacé en haut de l'échelle.

En général, le taux d'intérêt offert pour un CPG de cinq ans est plus élevé que celui d'un an. Donc, le revenu du portefeuille est susceptible de s'accroître graduellement quand les échéances à court terme du portefeuille initial seront remplacées automatiquement par des échéances de cinq ans. Et, après cinq ans, votre portefeuille générera un rendement égal à la moyenne des taux sur cinq ans, mais son échéance moyenne ne sera toujours que de trois ans.

Puisque le cinquième du portefeuille vient à échéance chaque année, votre portefeuille s'ajuste graduellement à une hausse ou à une baisse du taux sur cinq ans, de sorte que le revenu croîtra ou diminuera au fil du temps, en fonction des taux, mais graduellement, sans brusque diminution du niveau de vie au cas où les taux auraient baissé de manière marquée à l'échéance.

Pour profiter des meilleurs taux, il vaut mieux acheter des CPG auprès d'un courtier en valeurs mobilières. Ils offrent les CPG de plusieurs institutions financières.

On peut aussi faire des échelles avec un plus grand nombre de barreaux. Les compagnies d'assurances offrent des comptes à rendement garanti avec des échéances plus longues que cinq ans2.

On peut aussi ajouter des barreaux en achetant des obligations avec des échéances de plus de cinq ans. Mais, les particuliers n'obtiennent généralement pas de bons prix sur l'achat d'obligations pour de petites sommes. Par ailleurs, à moins que ce ne soient des obligations du gouvernement canadien, l'achat d'obligations comporte un risque de non-remboursement à l'échéance. Vous pourriez utiliser des fonds négociés en Bourse (FNB) d'obligations bien diversifiés pour amoindrir ce risque additionnel. Cela suppose que vous êtes à l'aise pour passer des ordres boursiers, ce qui est différent d'acheter un CPG.

L'achat d'un FNB d'obligations de sociétés à échéance cible pourrait alors convenir, selon Dan Hallett, vice-président et directeur, gestion d'actifs, chez Highview Financial Group. Ces FNB sont surtout composés d'obligations de sociétés et non de titres fédéraux. Par exemple, le FNB indiciel d'obligations de sociétés Objectif 2020 RBC détient 23 obligations venant à échéance en 2020. Quelque 28 % d'entre elles sont émises par des banques et des compagnies d'assurances, 26 % par des provinces, 20 % par des entreprises de communications et 14 % par des entreprises énergétiques. Ce FNB viendra à échéance le 30 novembre 2020.

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1. Les CPG sont émis par les banques et les autres institutions de dépôt. La Société d'assurance-dépôts du Canada (SADC) assure un CPG jusqu'à concurrence de 100 000 $ (somme du principal et intérêts) par déposant, par institution financière. Le désavantage des CPG par rapport aux obligations est que l'on ne peut que très rarement les encaisser avant terme. Si c'est le cas, le taux offert est alors beaucoup plus bas.

2. Ces comptes sont couverts par Assuris, société à but non lucratif chargée de protéger les assurés canadiens en cas de faillite de leur compagnie d'assurance vie.