Chaque samedi, un financier répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Serge Pépin de BMO Gestion globale d'actifs.

Quel a été l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?

Puisque le calendrier de statistiques économiques était plutôt mince cette semaine, ce sont les résultats piteux des bénéfices de sociétés (sauf pour le secteur bancaire) qui ont retenu mon attention sur les marchés financiers.

Quel indicateur suivez-vous le plus attentivement?

Nous sommes gestionnaires à base fondamentale. Alors, l'analyse technique ne fait pas partie de nos évaluations quant à la construction de nos portefeuilles. Cependant (et personnellement parlant), les moyennes mobiles de 50 et de 200 jours sont très intéressantes à regarder. Même si la moyenne mobile de 50 jours est au-dessous de celle de 200 jours, on s'aperçoit depuis les trois dernières semaines que l'écart entre les deux devient de plus en plus étroit et que celle de 50 jours remonte tranquillement alors que celle de 200 jours tombe graduellement. On pourrait prochainement voir la moyenne mobile de 50 jours croiser celle de 200 jours vers le nord - un indicateur bullish (haussier) pour le marché.

Que feriez-vous avec plusieurs milliers de dollars à investir?

Qu'importe la somme d'argent, je crois simplement qu'un investisseur peut jouir d'un portefeuille bien diversifié. Selon sa tolérance au risque, j'abaisserais ma pondération en obligations à 20% et, parmi celles-ci, je choisirais des fonds d'obligations globales, y compris celles de pays en développement et des fonds d'obligations de sociétés à haut rendement. J'augmenterais ma pondération en actions à 80%, mais en abaissant ma position d'actions canadiennes (de 50% à 30%), je resterais neutre en actions américaines (20%) et internationales (15%) et j'augmenterais ma pondération en actions émergentes (à 15%).

Je crois que le marché canadien va continuer à être moins performant que le reste du monde étant donné sa composition. Même si on croit que la Chine, économiquement parlant, pourrait connaître un élan, ça ne sera pas avant 2014 qu'on pourrait la voir revenir en force. Les marchés de pays émergents, y compris la Chine, connaissent une année difficile en matière de rendements. À mon avis, il y a des occasions à saisir au Mexique, au Chili, dans les pays africains et certains pays asiatiques.

Quel placement évitez-vous à tout prix?

Assurément les obligations de gouvernements (fédéral et provinciaux) étant donné que la courbe de rendement devient de plus en plus abrupte.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus?

Je dirais deux choses en particulier: la durabilité de l'économie américaine et les erreurs des enjeux politiques de la zone euro. Les gens sous-estiment le fait que l'économie américaine est quand même en relance malgré tout. Il y a vraiment un rebondissement. Un retour en récession n'est vraiment pas à envisager, selon nous. En ce qui concerne l'Europe, les mesures d'austérité mises en place dans les dernières années pourraient amener de plus en plus de difficultés pour l'économie de la zone euro. On va s'apercevoir que les gouvernements devront stimuler les choses plutôt que de restreindre les dépenses.

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Serge Pépin est vice-président des stratégies d'investissement chez BMO Gestion globale d'actifs. Il supervise les fonds d'investissement de la BMO qui renferment environ 37 milliards d'actifs. Serge Pépin est affecté à la gestion active fondamentale et fait partie du comité de la répartition d'actifs.