Cette semaine, Willem Hanskamp, vice-président principal et chef des placements chez la firme montréalaise Gestion d'investissement Heward.

À votre avis, quel est l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?

Le plus récent indice des directeurs d'achats des entreprises (PMI), qui était en baisse, a signalé un ralentissement aux États-Unis après un premier trimestre plutôt fort. C'est survenu alors que les marchés cherchaient des indices économiques pour confirmer leur hausse des derniers mois.

Toutefois, cet indice PMI est à très court terme. Et je suis d'avis que la croissance reprendra aux États-Unis durant la seconde moitié de l'année, après un deuxième trimestre faible.

Entre-temps, les marchés sont plus sensibles que d'habitude aux résultats trimestriels des entreprises, nombreux ces jours-ci. Cette sensibilité est un peu normale après un très bon premier trimestre.

Quel indicateur suivez-vous le plus attentivement en ce moment?

D'abord, je suis le prochain indice PMI (directeurs d'achats) afin de mieux mesurer le ralentissement de l'économie américaine et d'ajuster les perspectives boursières à court terme, s'il y a lieu.

Ensuite, je garde un oeil attentif sur la création d'emplois aux États-Unis parce qu'elle est à la base de l'évolution des dépenses de consommation des ménages, ainsi que le redressement de l'immobilier résidentiel.

Or, ces deux secteurs sont déterminants pour la croissance de l'économie américaine qui, elle, est très suivie en Bourse ces temps-ci.

(NDLR: Hier, le jour de cet entretien, l'annonce d'une création d'emplois meilleure que prévu aux États-Unis a fait bondir le Dow Jones au-delà du seuil historique des 15 000 points.)

Que feriez-vous avec plusieurs milliers de dollars à investir?

Je serai surpondéré en actions, surtout à dividende croissant, mais aussi très sous-pondéré en titres à revenus fixes.

Je placerais 25% dans des actions privilégiées d'entreprises de qualité, avec une bonne expérience en dividendes. Je préfère cesactions de type «renouvelables», c'est-à-dire que leur dividende est ajusté tous les cinq ans en fonction des taux obligataires. Ça permet de préserver un rendement en dividende concurrentiel.

Je placerais 35% dans des actions internationales, en privilégiant les grandes entreprises américaines et européennes qui sont les plus actives dans les marchés émergents. C'est le meilleur moyen de profiter de la croissance dans ces marchés tout en limitant le risque de volatilité.

Je placerais 30% dans des actions de grandes entreprises canadiennes qui ont une expérience de croissance de leur dividende, même s'il est encore peu élevé.

Ces actions sont plus intéressantes à moyen terme que celles qui ont déjà un dividende élevé. Les statistiques boursières montrent que ces entreprises qui haussent régulièrement leur dividende sont mieux gérées et procurent le meilleur rendement à leurs actionnaires.

Quant à la part restante de 10%, je l'investirais dans des actions plus spéculatives du secteur des matières premières. Parce que leur valeur est déprimée ces temps-ci et qu'elle pourrait rebondir dès que s'atténueront les doutes sur la croissance dans les pays émergents.

Quel placement évitez-vous à tout prix?

C'est clair: les obligations du gouvernement du Canada, peu importe le terme, et même si leur garantie demeure de très haute qualité.

Pourquoi?

Leur rendement net est rendu nul, sinon négatif après avoir considéré l'inflation et l'impôt sur les revenus d'intérêt. De plus, lorsque la hausse de taux d'intérêt surviendra, la valeur de ces obligations à très faible rendement risque d'être très affectée à la baisse.

Mais s'il faut détenir des titres à revenus fixes, j'irais vers les obligations corporatives de qualité. Certes, elles sont plus risquées que les obligations gouvernementales, mais leur rendement net beaucoup plus avantageux compense pour cette moindre garantie sur le capital.

Quant aux actions, j'éviterais d'emblée tout le secteur aurifère. C'est un marché devenu beaucoup trop spéculatif, avec trop peu d'emprise sur la demande réelle de l'or comme métal.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus actuellement?

D'abord, on néglige la possibilité que les entreprises d'envergure continuent de publier des résultats meilleurs qu'attendu. En fait, ces entreprises sont en bonne santé financière et très efficaces, capables de générer du profit dès la moindre augmentation de leurs revenus.

Par ailleurs, en économie, on sous-estime encore l'impact en Europe de la baisse des taux d'intérêt dans les pays qui étaient considérés les plus à risque: Grèce, Espagne, Italie.

Pourtant, la baisse des coûts d'emprunt dans ces pays pourrait susciter un regain de confiance parmi les consommateurs et les entreprises. Et ce regain pourrait endiguer la récession en Europe, voire relancer un peu de croissance.

Willem Hanskampest vice-président principalet chef des placements chez la firme montréalaise Gestion d'investissement Heward, qui se spécialise dans la clientèle de particuliers aisés. Elle a quelque 720 millions en actifs sous gestion, avec le nouvel objectif de grandir dans le marché des mandats de gestion pour des investisseurs institutionnels.