Les entreprises soucieuses d'environnement, d'égalité sociale et de bonne gouvernance sont plus performantes que les autres, autant sur le plan comptable que sur les marchés boursiers. Bonne nouvelle, le Québec inc. est sur la bonne voie.

Selon une étude de la Harvard Business School portant sur 180 sociétés américaines durant 20 ans, celles qui ont intégré des politiques environnementales ou sociales se sont aussi avérées les plus tournées vers le long terme avec pour conséquence une performance financière significativement supérieure aux autres. L'étude datée de novembre 2011 note que cet engagement est particulièrement critique pour les entreprises servant directement les consommateurs et pour lesquelles l'image de marque et la réputation font la différence.

Une autre étude menée par la London Business School et datée de septembre 2012 démontre que les entreprises qui ont entrepris un dialogue avec leurs actionnaires dans la dernière décennie surperformaient le marché par près de deux points de pourcentage deux ans après. L'écart atteint 4% pour celles qui avaient des résultats à afficher. En fait, la comparaison est avantageuse pour ces sociétés exemplaires en matière de gouvernance, tant à la Bourse que sur les plans de l'exploitation, de l'efficience et de la rentabilité.

L'investissement responsable prend également de plus en plus d'importance dans les opérations de fusions et acquisitions. Les trois quarts des entreprises engagées dans des fusions/acquisitions ont tout simplement renoncé à l'opération face à de mauvaises pratiques en matière de durabilité, selon un sondage récent réalisé par le réseau international PRI (Principles for Responsible Investment ou Principes pour l'investissement responsable).

«Il est de plus en plus évident que l'investissement responsable génère un rendement supérieur et réduit les facteurs de risque», affirme Rob LakeRob Lake, directeur du programme mondial PRI, selon qui le principal obstacle à la propagation de cette approche est la courte vue de certains gestionnaires alors que certains enjeux, comme les changements climatiques, sont à très longue portée.

Selon Olivier Gamache, président du Groupe Investissement Responsable, une firme-conseil de Montréal, la transparence et l'ouverture au dialogue avec les actionnaires permettent d'évaluer la qualité du management. «Rien de mieux que de jeter quelques balles courtes pour savoir à qui l'on a affaire», suggère-t-il.

Pour les gestionnaires de fortune, les dérogations au code de bonne conduite ont des conséquences financières directes. Les placements transitant par des paradis fiscaux sont trahis par des taux d'imposition anormalement faibles, ce qui représente un facteur de risque. La problématique de la main-d'oeuvre infantile se pose aussi en termes de santé et sécurité au travail, pour lesquels les entreprises sont durement évaluées. Un management surpayé envoie également un signal d'alarme sur la conduite des affaires.

PRI Québec

Approuvés par les Nations unies au printemps 2006, les Principes pour l'investissement responsable ont été établis par un groupe international d'investisseurs institutionnels préoccupés par les questions écologiques, sociales et de gouvernance. Leur approche est fondée sur le sens de la responsabilité, le dialogue, la transparence et l'innovation.

On dénombre 1070 organisations signataires dans près d'une cinquantaine de pays. Ensemble, ils représentent 32 000 milliards $ d'avoirs. Environ 78 % sont des gestionnaires d'actifs, 23 % des participants des caisses de retraite, et le reste, des fournisseurs de services comme les organismes de recherche.

Fait à noter, la moitié des membres canadiens est du Québec. L'intérêt dans la Belle Province est tel qu'un réseau PRI québécois a été officiellement lancé cette semaine dans le cadre d'un colloque sur l'investissement responsable à Montréal.

Le Réseau PRI Québec compte actuellement 25 investisseurs institutionnels québécois engagés, dont Addenda Capital, Amundi, Bâtirente, Fondaction CSN, HR Stratégies, Mercer, Optimum Gestion de Placements et PBI Conseillers en Actuariat. «Avec ce réseau, nous voulons avoir une meilleure force d'intervention dans des entreprises ou sur des thèmes qui nous concernent tous», explique Mario Tremblay, vice-président aux affaires publiques et corporatives du Fonds de solidarité FTQ, également signataire.

1. Intégrer les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance lors de la prise de décision qui précède l'investissement.

2. Agir en propriétaire responsable en dialoguant avec l'entreprise afin de surveiller la performance liée au développement durable.

3. Exercer systématiquement son droit de vote pour influencer et améliorer cette performance.

4. Collaborer avec les autres investisseurs pour faire circuler les meilleures pratiques.

5. Promouvoir les principes d'investissement durable dans toute l'industrie.

6. Faire preuve de transparence quant à ses activités.