Que faire lorsqu'un problème de santé nuit aux activités quotidiennes, mais qu'il est impossible de voir un médecin pour tenter de le régler? Monique, retraitée de 59 ans, a décidé de s'adresser à une clinique privée en 2007 pour faire opérer son genou malade, après avoir tenté pendant six mois d'obtenir un rendez-vous à l'hôpital, en vain. «En trois semaines, au privé, tout était réglé», raconte-t-elle. Facture: 4100$, qu'elle règle au moyen d'une marge de crédit.

Deux ans plus tard, en 2009, c'est au tour de son mari Bernard de s'adresser à une clinique privée pour obtenir un traitement contre la dégénérescence maculaire, une maladie de la rétine. «Après trois mois d'attente pour obtenir un rendez-vous à l'hôpital, il était presque devenu aveugle, tellement la maladie évoluait vite», raconte sa femme.

Dans son cas, les frais s'élèvent à 2500$. Encore une fois, le couple emprunte sur la marge de crédit pour payer, alors que la dette de 2007 n'est toujours pas remboursée.

En 2010, Monique prend sa retraite de son poste d'adjointe administrative, en raison de problèmes au travail, même si elle n'a droit qu'à une maigre rente de 2000$ par année. Bernard, qui est retraité depuis 2002, touche des revenus de retraite de 49 000$.

Une dette sans fin

Pour compenser une telle baisse de revenus, le couple continue de puiser dans la marge de crédit. Sa dette s'élève maintenant à 9000$. Et elle ne diminue jamais, ce qui désespère Monique. «On fait des paiements de 85$ par mois pour régler les intérêts de 6,6% et les assurances, mais on n'arrive jamais à rembourser le capital», dit-elle.

La solution qu'envisage le couple: puiser dans le REER de Bernard pour se débarrasser de cette dette qui les incommode. Surtout que ses placements, qui s'élèvent à environ 75 000$, ne se sont pas avérés très payants au cours des dernières années. «On a perdu environ 35 000$ à cause de la baisse des titres boursiers. Ce n'est pas très motivant, alors plutôt que de laisser notre argent dormir là, on se dit qu'on est aussi bien de payer nos dettes.» Et tant qu'à faire, pourquoi ne pas se payer quelques voyages, maintenant que Bernard voit mieux et que le genou de Monique est comme neuf!

Mauvaise idée, répond le planificateur financier François Morency. «Pour payer la marge de crédit de 9000$, ils devront retirer 15 000$ du REER, à cause des impôts à payer, explique-t-il. S'ils font des retraits supplémentaires pour partir en voyage, le REER se volatilisera rapidement.»

Le couple doit se garder de dilapider son REER, puisqu'il n'a pas beaucoup de marge de manoeuvre. Notons que, au moment de prendre sa retraite, Monique avait elle aussi des fonds dans un REER, environ 25 000$. Mais en 2010, ils ont décidé d'utiliser cette somme pour rembourser leur prêt hypothécaire. Maintenant, le REER de Bernard constitue leur seul coussin de sécurité.

Que faire alors pour faire disparaître la dette qui fatigue Monique? François Morency leur suggère de prendre une marge de crédit hypothécaire, pour réduire leur taux d'intérêt. Et d'augmenter le montant des versements, pour commencer à rembourser du capital.

Mais d'abord et avant tout, le couple doit se pencher sérieusement sur son budget, un exercice qui n'a pas été fait depuis que Monique est à la retraite. Le fait que la marge de crédit ait gonflé avec les années signifie sans doute que leurs dépenses sont un peu trop élevées, compte tenu de leur revenu.

Un cadeau lourd à porter

Parmi les dépenses que le couple doit assumer: 746$ par mois pour deux prêts auto, la leur et celle de... leur fils unique. «Nous lui avons offert une voiture pour ses 30 ans, explique Monique. Nous assumons des mensualités de près de 300$ par mois pour ce cadeau.»

Comme bien des parents, le couple préfère épauler financièrement son fils maintenant, plutôt que de lui promettre un bel héritage plus tard. L'effort pèse lourd dans le budget de Monique et Bernard, mais ils ne demanderont certainement pas à leur fils d'assumer lui-même le paiement de son cadeau... Il leur faut donc trouver d'autres endroits où réduire les dépenses. François Morency suggère même à Monique d'envisager le travail à temps partiel. «Plusieurs retraités arrondissent leurs fins de mois en prenant un emploi, dit le planificateur financier. Comme Monique a des connaissances en comptabilité, elle pourrait par exemple proposer ses services pour remplir des déclarations de revenus, pendant la période des impôts.»

Monique, 59 ans

Revenu de retraite: 2000$ par année

Aura droit à la RRQ en 2013 (4800$ par année)

Bernard, 66 ans

Revenu de retraite: 49 000$ (prestation de l'ancien employeur, RRQ et PSV)

Actif

Maison de 350 000$, entièrement payée

REER Bernard: 75 000$

Dettes

Deux prêts auto: 37 500$, à 1,5% d'intérêt

Marge de crédit: 9000$, à 6,6% d'intérêt