Chaque semaine, une équipe du service de recherche de la Financière Banque Nationale se penche sur les meilleurs emplois des Fonds négociés en Bourse (FNB), ces produits financiers devenus des composantes privilégiées dans la gestion de portefeuille. Nous avons demandé à Pat Chiefalo, directeur du service et sommité en la matière, ses stratégies favorites. Voici ses six recommandations.

1. Diversification de portefeuille

«Notre stratégie préférée depuis toujours est de créer des portefeuilles diversifiés, à peu de coûts, pour toutes les situations. Les Fonds négociés en Bourse (FNB) sont idéaux pour cela», lance d'emblée M. Chiefalo soulignant que c'est maintenant une bonne partie du travail des conseillers en placement qui accompagnent les épargnants.

Les FNB, proposés par une dizaine d'émetteurs et transigés en Bourse comme n'importe quel autre titre, sont d'un accès facile en plus d'être moins chargés en frais que les fonds communs indiciels. Ils méritent ainsi une place en portefeuille lorsqu'il s'agit de miser avec peu de fonds sur un groupe ou une classe d'actifs. Leur performance sera identique à celle du groupe de titres sous-jacent, déduction faite des frais de gestion.

Le concept original des FNB est issu des fonds indiciels, où l'on calquait passivement des ensembles de titres très vastes, comme le marché des grands titres canadiens. Ils ont depuis donné naissance à un grand nombre de déclinaisons. On trouve aujourd'hui des FNB permettant d'investir dans l'univers diversifié des pays, des devises, des matières premières, des paniers d'obligations à haut rendement, etc. «Tout ce qui semble approprié pour aider à réduire le risque global du portefeuille de l'investisseur moyen», indique M. Chiefalo.

Ces produits de réplication sans échéance facilitent ainsi la diversification géographique d'un portefeuille, tant dans les marchés matures que les marchés émergents, par pays ou région. Par thématique, il est aussi possible, par exemple, de se positionner sur les matières premières, comme l'or et le pétrole, les denrées agricoles, les énergies renouvelables ou sur les emprunts à taux d'intérêt élevés.

2. Capture de pertes fiscales

Vous avez besoin de prendre des pertes fiscales à l'encontre de vos gains de capital mais vous n'osez pas vous défaire de vos titres chouchous malgré leur déboire? Voici une suggestion.

Les investisseurs doivent normalement attendre 30 jours après la vente avant de racheter le même titre s'ils désirent préserver la perte à des fins fiscales. Ils peuvent par contre acheter d'autres produits, comme un Fonds négocié en Bourse, pour maintenir une exposition semblable au bien vendu pendant la période de prescription. Si l'occasion s'y prête, les investisseurs peuvent vendre le FNB et racheter le titre cédé pour pertes fiscales, le moment venu.

Les analystes de la Nationale ont établi une liste de correspondances entre les principaux titres qui ont perdu plus de 5% de leur valeur (au 2 décembre), donc des candidats aux pertes fiscales, et des FNB ayant une forte corrélation avec ceux-ci, pour une substitution en portefeuille. Research In Motion (RIM), par exemple, avec une perte de valeur de plus de 21% depuis le début de l'année, peut être remplacé en portefeuille par le fonds des technologies de l'information d'iShare (XIT) corrélé à 69% puisque RIM compte pour près du tiers de son actif. (Voir tableau)

3. Réduction de la volatilité du portefeuille

Contrairement à la théorie classique de la gestion de portefeuille qui veut qu'un rendement élevé implique un risque à la hauteur, des recherches récentes prouvent qu'on peut réduire le risque sans abandonner beaucoup de performance. Ainsi, une étude parue dans le Financial Analyst de janvier 2011 montre que, de 1968 à 2008, un dollar investi dans les 20% de titres à plus faible volatilité des 1000 plus fortes capitalisations du marché boursier américain valait 100 fois plus après 41 ans que le même dollar investi dans le quartile des titres les plus volatils.

«Bien qu'il faille prendre les tests a posteriori avec réserve, il y a suffisamment de recherche universitaire et de l'industrie pour que les investisseurs considèrent cette thèse», affirme M. Chiefalo.

On a ainsi vu apparaître cette année différents Fonds négociés en Bourse visant spécifiquement à réduire la volatilité du portefeuille. Les secteurs défensifs comme les produits de consommation de base, les services publics et les soins de santé se trouvent surreprésentés, alors que les titres liés à l'énergie, les matériaux de base et le secteur financier sont habituellement moitié moins présents.

L'équipe de la Nationale cite notamment la firme iShares qui a lancé en juillet dernier une famille de FNB à faible volatilité visant autant de marchés particuliers: Canada (XMV), États-Unis (XMU), Europe-Australasie et Extrême-Orient (XMI), marchés émergents (XMM) et mondial (XMW).

4. Des liquidités qui rapportent

En cette période de taux d'intérêt extrêmement bas, les investisseurs peinent à obtenir un minimum de rendement sur leurs liquidités, ces sommes que l'on veut disponibles pour profiter d'une occasion éventuelle ou simplement pour régler des dépenses prochaines. Plusieurs FNB se présentent comme une option de rechange avec bon nombre des avantages associés à la trésorerie.

Par définition, les FNB sont extrêmement liquides. Comme tout titre boursier, ils peuvent être vendus sur le marché à tout moment. Contrairement aux fonds communs de placement ou aux certificats de placement garantis, il n'y a aucune pénalité pour le retrait ni de période de blocage.

L'équipe de la Nationale a identifié quelques FNB distribuant des intérêts, en espèces, tous les mois, ayant une durée de vie courte, donc présentant moins de risque associé à l'évolution des taux d'intérêt. Il s'agit des fonds Horizons Obligations à taux variable (symbole boursier HFR) avec un rendement affiché de 2,3%, BMO obligations de sociétés à échéance cible 2013 (ZXA) (3,3%), FNB indiciel d'obligations de sociétés Objectif 2013 RBC (RQA) (4,4%), iShares DEX Floating Rate Note Index Fund (XFR) (1,3%) et iShares Premium Money Market Fund (CMR) (0,9%). Les titres sous-jacents, note-t-on, ont une qualité de crédit comparable aux dépôts en espèces au-delà du montant de 100 000$ protégé par l'assurance-dépôts.

5. Profiter du marché immobilier américain

Le marché immobilier américain reprend de la vigueur. Le prix des maisons se redresse en même temps que l'offre se resserre avec un inventaire au plus bas niveau depuis sept ans. M. Chiefalo s'attend à ce que la relance immobilière se poursuive aux États-Unis et propose trois fonds négociés en Bourse permettant d'en profiter.

1 - Le fonds Vanguard REIT (symbole boursier VNQ) détient des actions émises par des fiducies de placement immobilier américaines investies dans des immeubles de bureaux, des hôtels et d'autres propriétés immobilières. Ce fonds, qui porte des frais de 0,12% seulement et affiche 14,6 milliards en capitalisation boursière, est l'un des plus grands fonds sectoriels et l'un des moins chers aux États-Unis. 2 - Le fonds FTSE NAREIT Residential d'iShares (REZ) calque l'indice du même nom qui suit la performance de l'immobilier résidentiel (47%), des établissements de santé (35%) et de l'entreposage libre-service (15%) aux États-Unis. Celui-ci procure un rendement de 3,1% après paiement des frais de gestion de 0,48%. 3 - Le fonds SPDR S&P Homebuilders est le plus risqué des trois recommandés en raison de sa grande volatilité. Celui-ci est centré sur les constructeurs de maisons, avec des participations dans le fabricant de laveuse et sécheuse Whirlpool (4%), le quincailler Lowes (4%) et le fabricant de matériaux de construction USG (également 4%). Le ratio des frais de gestion est ici de 35 points de base et la capitalisation boursière de 2,1 milliards.

6. Sur la défensive

Le mur fiscal vous effraie? Besoin de sécurité? Si la Bourse vous paraît plafonner à l'approche de l'échéance budgétaire qui guette les États-Unis, il est peut-être temps de revoir vos positions.

Le service de recherche de la Nationale conseille aux investisseurs de cristalliser leurs gains en cédant de leurs actions dans les fonds répliquant les grands indices, comme l'iShare S&P TSX 60 index (XIU). Ils passeront ensuite en mode défensif en acquérant des parts de fonds axés sur la consommation de base, un secteur qui demeure constructif dans un marché instable. Le fonds iShares S&P TSX Capped Consumer Staples Index (XST) est donné en exemple. Celui-ci calque le sous-indice des produits de consommation de base du TSX, avec des participations dans des entreprises en vue comme Shoppers Drug Mart (20%), Alimentation Couche-Tard (14%) et Metro (13%). Le ratio des frais de gestion est de 0,62% dans ce cas.