À 57 ans, Pauline n'est pas encore prête pour la retraite. Mais elle s'y prépare. Avant de cesser de travailler, dans sept ou huit ans, elle aimerait commencer par réduire sa semaine de travail. Elle aime son emploi dans le domaine immobilier, mais elle voudrait consacrer plus de temps aux sports de plein air. «Je rêve de travailler quatre jours par semaine, pour faire plus de vélo l'été et plus de ski l'hiver», explique-t-elle.

Elle s'inquiète cependant de l'impact que pourrait avoir une diminution de ses revenus sur son rythme de vie et sur sa retraite. «Si ça réduit trop mes revenus de retraite, je serais prête, après 65 ans, à continuer de travailler une ou deux journées par semaine jusqu'à 67 ans», dit Pauline.

Depuis quelques années, la quinquagénaire fait la navette presque tous les week-ends entre sa résidence de Montréal et celle de sa conjointe, à Québec. Au moment de sa retraite, elle a l'intention de vendre sa maison et d'en acheter une nouvelle avec sa conjointe, dans la région de la capitale. Elle prévoit alors une diminution de son coût de vie.

Pour sa retraite, elle pourra compter sur une petite rente du Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP), puisqu'elle a travaillé pour le gouvernement quelques années. Le reste proviendra des régimes publics, ainsi que de son REER, auquel son employeur contribue à 50%. Elle y a accumulé 293 400$ jusqu'à maintenant.

Nous avons demandé à la planificatrice financière Hélène Bronsard, vice-présidente de Raymond Chabot Gestion privée, de vérifier quelles seraient les conséquences pour Pauline d'une baisse de revenus dans les prochaines années. Si elle ne travaille que quatre jours par semaine, ça signifie que son revenu net, après contribution au REER, diminuerait de 54 000$ à 40 000$ par année. «Une baisse de 14 000$ par année, c'est assez considérable, souligne Hélène Bronsard. Pauline doit d'abord se demander si elle est capable de vivre avec une telle réduction de son coût de vie ou si les concessions seront trop importantes.»

Comme la majorité des gens, Pauline ne fait pas de budget. Elle n'a donc pas d'idée précise de ses dépenses, à part les plus importantes et les récurrentes, comme les taxes municipales, les assurances, la voiture, l'électricité, etc. Le premier exercice que lui recommande Mme Bronsard est donc de faire un portrait détaillé de sa situation budgétaire, afin de vérifier quelles dépenses elle serait en mesure de réduire pour s'adapter à une diminution de revenus.

Actuellement, Pauline cotise près de 3000$ par année à son REER et son employeur y dépose le même montant, pour un total de près de 6000$ par année. En réduisant ses heures de travail, les deux cotisations diminueront à 2400$ par année, pour un total de 4800$. La perte d'accumulation de capital en vue de sa retraite sera donc de 1200$ par année.

Si Pauline décide qu'elle est prête à réduire ses dépenses pour travailler moins, sa retraite n'est pas en péril. Même si elle arrête complètement de travailler à 65 ans. Si, après avoir quitté le marché du travail, elle vend sa maison pour en acheter une nouvelle, pour 400 000$, dont elle partage les coûts moitié-moitié avec sa conjointe, elle dégagerait alors un profit de 75 000$. En tenant compte de cette somme, ses avoirs hors REER totaliseraient donc 121 000$ au moment de commencer sa retraite, selon les calculs de la planificatrice financière. Ses REER contiendraient quant à eux 424 000$. Elle toucherait aussi 415$ par mois du RREGOP, en plus de ses rentes de la Régie des rentes du Québec (RRQ) et de la Pension de la sécurité de la vieillesse (PSV).

En réduisant son coût de vie à 35 000$ par année pour toute la durée de sa retraite, il lui resterait 340 000$ de capital à 91 ans. Si elle maintient le même train de vie que dans les dernières années avant sa retraite, soit des dépenses de 40 000$ par année, son capital à 91 ans sera de 89 000$.

En continuant de travailler à temps partiel après 65 ans, Pauline pourrait se permettre de dépenser 40 000$ par année tout au long de sa retraite. Elle recevrait un salaire de 30 000$ par année en travaillant deux jours par semaine jusqu'à 67 ans. Son revenu serait complété par ses rentes du RREGOP, de la RRQ et de la PSV, qu'elle toucherait à partir de 65 ans. Elle cesserait alors de cotiser à ses REER. La vente de sa résidence serait reportée à 2023. À la suite de cette transaction, à 68 ans, elle aurait 116 000$ de capital hors REER, tandis que son portefeuille REER totaliserait 476 000$. À 91 ans, son capital s'élèverait à 225 000$.

Mais avant de planifier quoi que ce soit, Pauline doit s'astreindre à une évaluation détaillée de ses dépenses, insiste Hélène Bronsard. «J'entend souvent des clients me dire : «J'aurais donc dû faire ça avant!», quand je leur demande d'évaluer leur coût de vie, dit la planificatrice financière. Pour Pauline, c'est le premier geste à poser.» Ensuite, elle pourra décider en toute connaissance de cause si elle veut travailler moins.>

LA QUESTION

«J'aimerais travailler quatre jours par semaine, avant de prendre ma retraite, dans sept ou huit ans. Quel serait l'impact d'une diminution de mon salaire sur mes revenus de retraite?»

-Pauline, 57 ans

> LES DONNÉES

Salaire : 74 400$

Actif

Résidence : 275 000$

REER : 293 400$

CELI : 10 000$

Capital hors REER : 18 000$ (fonds de travailleurs)

Compte bancaire : 5000$

Passif

Prêt-auto : 13 400$, sans intérêts

«Une baisse de revenu de 14 000$ par année, c'est assez considérable. Pauline doit d'abord se demander si elle est capable de vivre avec une telle réduction de son coût de vie ou si les concessions qu'elle devra faire seront trop importantes.»

HÉLÈNE BRONSARD, planificatrice financière, vice-présidente de Raymond Chabot Gestion privée.