Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Guy Côté, de la Financière Banque Nationale.
À votre avis, quel est l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?
Quand le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, a annoncé la troisième phase d'assouplissement quantitatif (QE3), les actifs plus risqués tels que les actions ont vraiment bien progressé. La Bourse américaine a connu une belle performance.
Mais cette semaine, il y a eu un retour à la normale avec la saison des résultats trimestriels. On s'attendait à un trimestre plus faible. Mais en plus, les grandes sociétés phares comme McDonald's ou United Technologies ont été très prudentes en donnant les perspectives pour les prochains trimestres. Cela a jeté une douche froide sur les attentes des investisseurs qui étaient trop fortes.
Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment?
Nous surveillons deux indices. Le premier est l'indice ISM (Institute for Supply Management). Au mois de septembre, l'indice est remonté au dessus de 50, ce qui démontre que l'économie américaine est en mode expansion. Et surtout, on a vu un rebond de la composante de la construction de maisons. Pour nous, il est très important que cette expansion se poursuive.
Nous regardons aussi l'emploi aux États-Unis. Le taux de chômage a baissé aux États-Unis, mais il faudrait que la création d'emplois soit plus robuste. Le mois dernier, il y a eu 114 000 emplois créés. Ce n'est pas mauvais, mais on aimerait avoir au-dessus de 150 000 créations d'emplois par mois.
Que feriez-vous avec 10 000$ à investir?
En ce moment, on aime énormément les actions internationales et américaines. Compte tenu de la vigueur du dollar, c'est un très bon moment pour convertir des devises.
Aux États-Unis, les statistiques démontrent que lors des années électorales, la Bourse accuse un rendement négatif en octobre (-0,73% en moyenne depuis 1964). Mais ensuite, les mois de novembre et décembre sont positifs, avec des rendements de 1,14% et 0,52% respectivement.
Le secteur financier américain, avec l'indice Financial Select Sector SPDR (XLF), est particulièrement intéressant parce qu'on croit que les banques vont revenir. On aime aussi l'Europe, avec l'indice Vanguard MSCI Europe (VGK) qui offre un très beau dividende. Les deux fonds se négocient à la Bourse américaine.
Quel placement évitez-vous à tout prix?
Toutes les obligations à long terme. Avec des taux d'intérêt aussi bas, ça devient très risqué de détenir des obligations de plus de 20 ans. Ça prend toujours des obligations dans un portefeuille, mais il faut rester avec des échéances plus courtes, en favorisant une durée maximale de 5 ans.
Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus présentement?
Le marché sous-estime la vigueur de la reprise du secteur de la construction. Avec le QE3, les banques américaines sont beaucoup plus disposées à offrir du refinancement aux propriétaires. Cela a un impact majeur. Imaginez un ménage qui paie 1% de moins d'intérêt sur son hypothèque: du jour au lendemain, il a beaucoup plus d'argent dans ses poches. Ça aide la consommation, l'économie et l'emploi.
En septembre, on a vu une augmentation de 15% des mises en chantier aux États-Unis, le plus haut niveau depuis quatre ans. Le prix des maisons a recommencé à augmenter. La tendance est là. On s'en va dans la bonne direction. La crise financière aux États-Unis a commencé dans l'immobilier. Et tout va repartir par là.
Guy Côté est premier vice-président et gestionnaire de portefeuille depuis 18 ans à la Financière Banque Nationale. Épaulé par quatre personnes, il gère des actifs de 300 millions pour une clientèle de détail fortunée.