Les fonds négociés en Bourse (FNB) sont déjà l'option d'investissement la moins coûteuse pour les investisseurs. Et voilà que les principaux fournisseurs font chuter les prix! Mais au-delà des frais, il y a bien d'autres facteurs à considérer avant d'investir dans un FNB. Trois spécialistes nous ont confié leurs meilleurs choix... et leurs bémols.

Chute de prix! Non, nous ne sommes pas dans les allées d'un grand magasin, mais bien dans l'univers du placement, plus précisément dans le monde des fonds négociés en Bourse (FNB). Déjà l'option de placement la moins coûteuse, les FNB voient leurs frais de gestion baisser.

Au Canada, la famille BMO va réduire les frais de deux produits-vedettes. À partir de novembre, les frais de gestion annuels du BMO S&P 500 couvert en dollars canadiens (ZUE) qui permet d'investir dans les 500 titres de la Bourse américaine, vont baisser de 0,25% à 0,15%. Et ceux du BMO obligations totales (ZAG), qui reflète le marché obligataire canadien, diminueront de 0,32% à 0,20%.

De son côté, la famille Horizons vient d'annoncer une baisse des frais de son produit phare, l'Horizons S&P/TSX 60 (HXT) qui trace la performance de la Bourse canadienne. Déjà le moins cher sur le marché, le HXT demandera 0,05% par an, au lieu de 0,07%. On n'est pas loin de zéro. Mais il s'agit d'un portefeuille synthétique qui comporte certains risques...

Aux États-Unis, la guerre est encore plus intense: iShares, Vanguard, Schwab et Van Eck viennent d'annoncer des réductions, note Pat Chiefalo, analyste à la Financière Banque Nationale. «La pression sur les prix s'intensifie, tant au Canada qu'aux États-Unis», observe-t-il.

Vive la concurrence!

Il faut dire que les investisseurs sont plus conscients des frais. «Les taux d'intérêt sont presque à zéro. Et les marchés boursiers sont en dents de scie. Les investisseurs deviennent beaucoup plus sensibles aux coûts. Quand les marchés montent de 15% par an, c'est moins grave de payer 2% de frais. Mais quand il faut se battre pour avoir 3 ou 4%, c'est une autre paire de manches», raconte Raymond Kerzérho, directeur de la recherche chez PWL Capital.

C'est ce qui explique la popularité des FNB, qui renferment 54 milliards de dollars au Canada.

Les FNB coûtent des poussières, car il n'y a pas de gestionnaire qui prend de décision de placement. Le portefeuille se contente d'investir exactement dans les mêmes titres qu'un indice de référence, boursier, obligataire, etc. Les FNB offrent donc la même diversification d'un fonds commun de placement, à une fraction du prix.

Si la famille iShares de BlackRock domine encore le marché, plusieurs concurrents se sont lancés dans les FNB, en misant sur des produits plus «exotiques» pour se différencier. Mais avec l'arrivée de Vanguard, il y a un an, la concurrence se joue maintenant sur les frais. Constitué en mutuelle, le géant américain est le champion des bas prix.

Mais les investisseurs ne doivent pas devenir obsédés par les frais, non plus. «La grande victoire est de passer des fonds communs aux FNB, soit d'un ratio de frais de gestion (RFG) de 2,5% à un RFG de 0,3% et moins. Toute réduction additionnelle est une amélioration marginale», estiment Guy Lalonde et Christian Lamarre, gestionnaires à la Financière Banque Nationale, gestion de patrimoine.

Alors, ce n'est pas parce qu'un FNB réduit ses frais de quelques points de base qu'il faut chambarder son portefeuille. Cela coûterait cher en commission et en impôt sur le gain en capital, prévient Dominic D'Aoust, analyste de produits structurés chez Valeurs mobilières Desjardins.

Au-delà des frais

Au-delà des frais, il y a bien d'autres facteurs à considérer avant de fixer son choix sur un FNB. Voici des exemples:

La réputation: la réputation de la famille est cruciale. Il vaut mieux attendre qu'un produit fasse ses preuves avant d'embarquer. «Nous ne voudrions pas être contraints de vendre nos positions si le produit était retiré du marché», dit M. Lalonde.

L'indice: les fonds n'utilisent pas tous le même indice de référence pour investir dans une catégorie d'actifs. Prenez les marchés émergents. Le fonds de la famille iShares aux États-Unis (EEM) reflète l'indice MSCI qui contient 15% de Corée du Sud. Mais la Corée est considérée comme un pays développé, et donc exclue de l'indice des pays émergents FTSE que vient d'adopter le fonds de Vanguard (MXEF) pour réduire ses frais.

La diversité: si un FNB contient un grand nombre de titres, il reflétera mieux la catégorie d'actifs. Par exemple, le XIC qui suit l'indice S&P/TSX composé de la Bourse de Toronto compte 250 actions, alors que le XIU, qui calque l'indice S&P/TSX 60, n'en compte que 60.

Or, le nombre de titres ne dit pas tout: «Un portefeuille de 100 actions, vous trouvez que ce n'est pas mal diversifié? demande M. Kerzérho. Mais si je vous dis qu'un seul titre représente 80% du portefeuille?» Voilà pourquoi il calcule l'indice de diversité des FNB pour connaître le «vrai» nombre de titres.

La liquidité: le FNB doit être le plus liquide possible, sinon les investisseurs perdront au change à l'achat et à la vente. Il doit aussi refléter fidèlement son indice de référence, sans «erreur de calquage».

Certains indices sont plus difficiles à calquer. Par exemple, l'indice DEX Univers qui donne le pouls du marché obligataire canadien, contient des obligations qui ne sont pas négociées si souvent. Un FNB peut avoir du mal à constituer un portefeuille identique.

La structure: les FNB n'emploient pas tous la même recette. «De plus en plus, il y a une mode d'avoir des indices intelligents, équipondérés, à faible volatilité... À un moment donné, on ne sait plus trop ce que l'on suit», déplore M. Lalonde.

Synthétique ou naturel: alors que le FNB traditionnel détient tous les titres de l'indice de référence, les FNB synthétiques utilisent un swap, c'est à titre un contrat d'échange en vertu duquel une contrepartie, une banque par exemple, s'engage à verser le rendement total de l'indice de référence. Cela peut être fiscalement avantageux, car le rendement est considéré comme du gain en capital. Et les frais sont très faibles.

Mais il y a un faible risque de contrepartie, indique M. Kerzérho. «Si jamais la banque rencontrait des difficultés financières, il se pourrait qu'elle éprouve des difficultés à honorer une partie de ses engagements.»

L'efficacité fiscale: attention à l'impôt, dit M. Kerzérho. Si vous détenez un FNB canadien qui détient un FNB américain qui détient des titres internationaux, vous risquez de payer en double la retenue fiscale à la source sur les dividendes.

Les préférés

XIC

«On l'aime parce que c'est le plus diversifié. Il regroupe environ 240 titres différents par rapport à seulement 60 titres pour le XIU qui est le plus populaire. » Raymond Kerzérho

ZCN 

« Il est fondé sur l'indice le plus large de la Bourse canadienne. Pour sensiblement le même prix que le XIU, qui compte seulement 60 titres, je peux avoir le marché au complet. C'est préférable comme placement coeur dans un portefeuille. » Dominic D'Aoust

XIU 

« Frais raisonnables, liquidité supérieure, ne repose pas sur un swap, produit établi [plus important FNB au Canada avec 12 milliards d'actifs]. » M. Lalonde

LES BÉMOLS

VCE 

« C'est un nouveau produit : nous ne voudrions pas être contraints de vendre la position dans le cas où le produit est retiré du marché. » - Guy Lalonde

Les préférés

ZAG

«On l'utilise dans nos portefeuilles, en raison de son faible coût. Il couvre un univers très large, même s'il ne contient pas d'obligations municipales. » Dominic D'Aoust

VAB 

«Un bon choix, mais nous avons encore beaucoup de XSB [ishares DEX Short Term Bond Index] qui se concentre sur les obligations à plus court terme. » Raymond Kerzérho

XBB 

«Le iShares DEX Universe Bond Index coûte 0,33%, ce qui est raisonnable. La liquidité est supérieure. Le produit est bien établi et ne risque pas d'être retiré. » Guy Lalonde

LES BÉMOLS

RQD 

«Les FNB à date cible de RBC sont «déguisés» en obligation unique, mais ils demeurent un portefeuille dont la valeur terminale est incertaine. » Guy Lalonde

GXF «Les stratégies barbell ne sont pas destinées aux investisseurs particuliers. Il faut comprendre la courbe de taux pour bien les utiliser. » - Dominic D'Aoust

Les préférés

XSP

« Il suit un indice reconnu. Les frais sont raisonnables et la liquidité supérieure. Le produit est bien établi et ne risque pas d'être retiré du marché. » Guy Lalonde

ZUE 

«Le ZUE vient de se convertir et suit maintenant l'indice S&P500. Il est 10 points de base de moins que le XSP. On peut aussi acheter le IVV à la Bourse américaine pour avoir une exposition en dollars américains. » Dominic D'Aoust

VUS 

«Avec environ 3200 titres différents, l'indice MSCI de la Bourse américaine est plus diversifié que l'indice S&P500. On ne peut pas être plus diversifié que ça ! Même si une douzaine de sociétés font faillite, je peux dormir tranquille. » Raymond Kerzérho

LES BÉMOLS

HXS «Le HXS et le HXT sont fondés sur un swap : l'économie en frais de gestion vaut-elle le risque de contrepartie associé à cette structure ? » - Guy Lalonde

Sources : Morningstar et spécialistes consultés