Acheter des sociétés pétrolières pour le dividende? L'idée est tentante, ces entreprises ayant tellement baissé en Bourse que leur dividende devient plus attrayant que leur or noir. Le rendement reste toutefois proportionnel au risque. Des exemples.

Si rien n'indique une remontée prochaine des cours des sociétés pétrolières, les rendements élevés des dividendes devraient à tout le moins soutenir les cours. Pourvu évidemment que ces ristournes soient maintenues. En général, le montant des dividendes n'est pas garanti et aurait plutôt tendance à suivre les hauts et les bas de la rentabilité de chaque entreprise. Les pétrolières pourraient ainsi rediriger ces liquidités vers l'exploration, si elles s'obstinent à augmenter leurs ressources malgré l'offre excédentaire. Les gestionnaires évitent cependant de réduire ou, pire, de suspendre leur dividende, car c'est là un signal inquiétant pour les investisseurs. Dans l'analyse des politiques de dividendes des pétrolières, le cas par cas s'impose.





Pengrowth Energy

L'ancienne fiducie de revenus Pengrowth Energy affiche un taux de rendement étonnant de 11%. Le titre a en effet perdu près de la moitié de sa valeur en Bourse depuis son sommet d'avril 2011, tandis qu'elle verse religieusement sept cents par action tous les mois, depuis octobre 2009. Les dividendes surpassent par ailleurs nettement les bénéfices réalisés, d'où une réduction toujours possible. Mais des développements corporatifs récents sont encourageants: Pengrowth Energy deviendra la deuxième entreprise de prospection et d'extraction intermédiaire au chapitre de la production, et la cinquième au chapitre de la valeur d'entreprise au Canada, après sa fusion avec NAL Energy. Les analystes sont majoritairement positifs à l'égard de Pengrowth.

Penn West Petroleum

Penn West Petroleum qui détient des intérêts dans le pétrole et le gaz naturel en Amérique du Nord offre aussi un rendement en dividende hors norme, soit 7,7%. Le dividende de l'ancienne fiducie de revenus a baissé chacune des trois dernières années (de 1,80$ à 1,62$ puis 1,08$), mais à un rythme moindre que le titre qui a perdu plus du tiers de sa valeur en Bourse depuis un an seulement. L'entreprise a réduit son endettement avec l'arrivée de nouveaux partenaires financiers et se mérite maintenant la confiance de 16 analystes. Kyle Preston de la Financière Banque Nationale, notamment, classe le titre parmi les «surperformances» dans un rapport de recherche tout récent.

Crescent Point Energy

La société Crescent Point Energy, un autre titre chouchou de Bay Street, affiche un rendement en dividendes de 6,7%. Celui-ci, en légère hausse depuis cinq ans, suit l'accroissement tout aussi régulier des profits. La pétrolière, qui pèse près de 13 milliards en Bourse, s'active aussi à augmenter son actif. Elle a acquis Reliable Energy, une entreprise inscrite à la Bourse de croissance TSX par échange d'actions en mai, et Wild Stream Exploration, alors en difficulté financière, en mars. Le titre est sur la liste de recommandation de 17 des 22 analystes qui s'y intéressent.

ARC Resources

L'entreprise de Calgary ARC Resources procure un rendement de près de 6% en dividende. L'ancienne fiducie de revenus de moyenne importance verse un dividende mensuel de 10 cents depuis deux ans et demi. Le rendement atteignait 18% avant qu'elle ne commence à réduire sa distribution, en 2009. Comme d'autres pétrolières de cette liste, le titre figure parmi les plus volatils de l'indice S&P/TSX 60. Dix analystes sont sur les rangs des acheteurs contre huit en retrait et un vendeur.

Canadian Oil Sands

Canadian Oil Sands affiche aussi un rendement en dividendes substantiels, de 7,4%. Le dividende trimestriel a même augmenté de 17% à 35 cents l'action au dernier trimestre. «L'augmentation du dividende reflète la confiance dans nos fondamentaux de l'entreprise et notre engagement à partager les liquidités excédentaires avec nos actionnaires», expliqua alors Marcel R. Coutu, président et chef de la direction. L'entreprise, note-t-il, a tout l'argent nécessaire pour financer ses grands projets d'immobilisations au cours des prochaines années tout en conservant un bilan solide et sa politique généreuse de dividendes. Oil Sands détient une participation de 36,7% dans Syncrude, le plus important projet de sables bitumineux avec 12% de la production de pétrole de l'Ouest canadien.

Husky Energy

La société pétrolière et gazière de Calgary Husky Energy procure un rendement de 5,34%, mieux encore qu'une grande banque canadienne. L'entreprise contrôlée par le milliardaire Li Ka-Shing a toujours versé près de la moitié de ses profits en dividendes. Or, ses affaires vont plutôt bien avec un bénéfice de 591 millions, pour son premier trimestre, grâce à l'accroissement de sa production de pétrole brut. Vincent Delisle, analyste financier chez Capitaux Scotia, citait d'ailleurs Husky, récemment dans nos pages, pour son dividende fiable et avantageux.

Encana

Même un producteur de gaz naturel comme Encana affiche maintenant un joli taux de rendement en dividendes annuels de 4%. Face à de bas prix pour le gaz naturel, l'entreprise albertaine a dû prendre de grands moyens pour protéger son bilan, dont la réduction de son plan d'investissement et la vente d'éléments d'actif. Elle pourrait devoir réduire son dividende pour éviter une décote si les prix du gaz demeurent déprimés l'an prochain. Les analystes de RBC Marchés des capitaux écartent toutefois ce scénario pessimiste et misent plutôt sur une reprise durable des prix du gaz naturel.