Elle vit de façon frugale. Elle a peu de dettes. Elle économise. Mais, malgré ces sages décisions, Audrey éprouve tout de même quelques angoisses au sujet de son avenir financier. Pour deux raisons.

D'abord, elle est mère de famille monoparentale d'une fillette de 10 ans. Ensuite, elle est enseignante à statut précaire - elle n'a pas de poste régulier et son revenu peut fluctuer d'une année à l'autre selon la tâche qui lui est attribuée à chaque rentrée.

«Au cours de mes 12 années d'enseignement, j'ai parfois travaillé à 70% d'une tâche complète, explique Audrey. J'aimerais savoir quelles pourraient être les conséquences sur ma caisse de retraite si je travaille encore plusieurs années à temps partiel.»

L'enseignante se demande notamment si elle doit «racheter» les années où elle n'a pas contribué à 100% au RREGOP, le régime de retraite des employés du gouvernement du Québec. Même si elle enseigne depuis 12 ans, ses contributions à sa caisse de retraite ne représentent que 6,7 années de service pour le calcul de sa rente de retraite, en raison des périodes où elle a travaillé à temps partiel.

Le planificateur financier François Morency, d'Aviso, s'est penché sur les inquiétudes d'Audrey. D'abord, il la félicite pour la discipline dont elle fait preuve dans la gestion de ses affaires financière. «Elle n'a pas de dettes, ce qui est déjà un signe de saine gestion, remarque-t-il. Bien des familles ayant des revenus beaucoup plus importants ont des dettes et des soldes impayés sur leurs cartes de crédit.»

Ensuite, elle a profité au maximum de deux programmes d'épargne qui procurent de nombreux avantages: le REER (régime enregistré d'épargne-retraite) et le REEE (régime enregistré d'épargne-études). Autre point positif: elle rembourse son hypothèque de façon accélérée, ce qui lui permet d'économiser en frais d'intérêts. Bref, l'enseignante a pris d'excellentes décisions jusqu'à maintenant.

Pour améliorer encore sa situation financière, voici ce que François Morency lui recommande pour la suite:

D'abord, contacter la CARRA (Commission administrative des régimes de retraite et d'assurance du gouvernement du Québec) pour vérifier son admissibilité au rachat des années de service et en connaître le coût, une procédure qui requiert des calculs actuariels complexes et qui peut prendre quelques mois.

«En se prévalant des modalités de rachat, l'enseignante peut rétablir ses droits à une pleine retraite malgré ses années de travail à temps partiel», explique le planificateur financier.

Audrey devra alors payer sa cotisation au régime (8,69% de son salaire) en plus de celle de l'employeur (même proportion du salaire). Si, en faisant ce rachat et en continuant à travailler comme enseignante, Audrey atteint 35 ans de service aux fins de calcul du régime de retraite, elle aura droit pour ses vieux jours à 70% du revenu moyen de ses cinq meilleures années de salaire. Comme ce régime est très avantageux, François Morency lui recommande de privilégier le rachat de ses années de service avant de contribuer au REER. Le rachat peut se faire graduellement, sur plusieurs années, et les sommes versées sont déductibles du revenu, comme dans le cas d'un REER (dans la mesure où elle a des droits de cotisation non utilisés).

«En agissant ainsi, Audrey s'achète une belle sécurité, souligne-t-il. Le régime lui accorde une rente viagère indexée en fonction de la hausse du coût de la vie.»

Seulement 30% des salariés canadiens ont accès, comme Audrey, à des régimes de retraite à prestations déterminées, c'est-à-dire qui prévoient une rente de retraite dont le montant est fixé à l'avance. L'enseignante a donc tout intérêt à y accroître sa participation le plus possible.

Le planificateur financier suggère ensuite à l'enseignante d'utiliser son remboursement d'impôt pour rembourser son hypothèque encore plus rapidement.

Audrey a 23 000$ dans un REEE pour payer les études postsecondaires de son enfant. Selon François Morency, elle peut maintenant cesser d'y contribuer, étant donné que les sommes amassées auront le temps de fructifier en attendant que sa fille ait terminé le secondaire.

«Pendant ses études, le jeune fille pourra aussi travailler pendant l'été, ou à temps partiel pendant l'année, et contribuer au paiement de ses dépenses», dit-il.

En tant que mère de famille monoparentale, Audrey devrait également s'assurer d'avoir une bonne assurance-vie pour que son enfant soit à l'abri du besoin, au cas où elle décédait avant que la jeune fille soit autonome financièrement.

En suivant cette stratégie tout en conservant ses saines habitudes budgétaires, il y a fort à parier que les angoisses d'Audrey s'appaiseront, même si un poste à temps complet ne se matérialise pas avant quelques années.