Benoît a déjà été un workaholic : il travaillait sept jours sur sept. En plus de son emploi à temps plein, il gérait de petites entreprises dont il s'occupait les soirs et fins de semaine.

Il a maintenu ce rythme épuisant pendant quelques années, jusqu'à ce que son corps proteste: après des ennuis de santé provoqués par le surmenage, il a décidé de se départir de ses petites firmes, pour ne conserver que son poste de directeur d'usine. Aujourd'hui, à 47 ans, il a ralenti le rythme et en est très heureux.

Tellement qu'il rêve maintenant au jour où il sera à la retraite et pourra passer un mois et demi dans le Sud chaque année. «Depuis 20 ans, on fait de petits voyages au soleil, dit-il. On adore ça, mais on aimerait pouvoir rester plus longtemps, se louer une villa et découvrir de nouveaux endroits.»

Benoît est même prêt à donner un coup d'accélérateur pour se rapprocher plus vite du jour où il aura plus de temps pour profiter de la vie. Mais il ignore s'il est sur la bonne voie pour prendre sa retraite à 60 ans ou avant. «À mon âge, si j'ai des décisions à prendre, c'est le temps que je m'y mette sérieusement, dit-il. Je veux m'assurer de faire les meilleurs choix possible.»

Les revenus de Benoît et Hélène totalisent 124 000 $. Ils ont deux enfants aux études: le plus vieux fréquente l'université dans une autre ville et le plus jeune habite toujours à la maison pendant ses études collégiales. Les parents paient les dépenses liées aux études: droits de scolarité, matériel scolaire, appartement pour le plus vieux, nourriture, etc. À combien ces dépenses s'élèvent-elles? «Je n'ai jamais calculé, répond Benoît. Mais c'est sûr que ça représente une bonne somme. Quand les enfants auront terminé leurs études et seront sur le marché du travail, ça fera une grosse différence dans notre budget.»

Même avec ces dépenses considérables, le couple réussit à épargner environ 15 000 $ par année pour la retraite (dans un régime de retraite à cotisations déterminées auquel l'employeur de Benoît contribue également, un REER et hors REER). Il a notamment accumulé des liquidités de 115 000 $. Benoît se demande quel serait le meilleur usage de cette somme. À la retraite, il évalue que sa conjointe et lui auront besoin de 40 000 $ à 45 000 $ par année pour vivre.

Tout d'abord, cette évaluation est-elle réaliste? La règle générale n'est-elle pas de prévoir, à la retraite, des dépenses équivalentes à 70 % de nos revenus de travailleur actif? «Pas nécessairement», répond le planificateur financier Martin Dupras, de ConFor financiers, qui a examiné la situation de Benoît. «La règle des 70 % est un peu simpliste, et elle s'attire beaucoup de critiques. Le mieux, c'est d'évaluer de façon réaliste ses propres besoins à la retraite, selon son propre style de vie.»

C'est justement ce que Benoît a fait. À la retraite, le couple aura payé son hypothèque (environ 10 000 $ par année), aura moins de dépenses liées au travail comme les vêtements, les déplacements et les repas au restaurant. Et, surtout, il n'aura plus à aider financièrement les enfants. Il cessera aussi d'épargner. Selon le planificateur financier, une somme de 40 000 $ à 45 000 $ est réaliste pour permettre à Benoît et Hélène de vivre une retraite confortable, tout en passant plusieurs semaines au soleil chaque hiver.

Pour atteindre leur objectif, Martin Dupras recommande d'abord au couple de se servir du compte d'épargne libre d'impôt (CELI), en y versant dès maintenant une somme de 40 000$ puisée à même ses liquidités. Puisqu'ils n'ont pas encore ouvert ce type de compte, ils ont des droits de cotisations inutilisées de 20 000 $ chacun (5000 $ par année depuis quatre ans).

En supposant que Benoît et Hélène continuent d'épargner au même rythme jusqu'en 2025, c'est-à-dire au 60e anniversaire de Benoît, et qu'ils cessent alors de travailler, leur revenu de retraite s'élèverait à 42 500 $, selon les calculs de M. Dupras. Voilà qui correspond à l'objectif du couple.

Les futurs retraités indiquent qu'ils seraient prêts à faire un effort d'épargne supplémentaire si cela leur permet de se retirer plus tôt ou de s'assurer un meilleur confort pour leurs vieux jours. Voyons si le jeu en vaut la chandelle. S'ils épargnent 5000 $ de plus par année et que cette somme est placée dans un CELI, le revenu de retraite passe à 44 750 $.

Mais le planificateur financier a une meilleure suggestion: mettre une somme de 9000 $ par année dans un REER équivaut, pour Benoît, à déposer 5000 $ par année dans un CELI. «C'est de l'épargne à douleur uniforme, l'effort est le même sur le budget, à cause des déductions liées au REER», illustre Martin Dupras. En procédant de cette façon, le revenu de retraite atteindrait 45 500 $. Benoît et Hélène peuvent envisager la retraite dont ils rêvent, s'ils conservent leur discipline pour épargner les sommes prévues.