Si vous offrez une bague de fiançailles à l'amour de votre vie, gardez-vous bien de l'acheter à l'aide d'une carte de crédit bourrée de dettes. Les trois quarts des Québécois (73%) n'épouseraient jamais une personne qui a du mal à gérer ses finances personnelles.

Plus du tiers (35%) ne voudrait même pas fréquenter quelqu'un qui n'a pas le contrôle de ses finances, révèle un sondage Environics Research réalisé pour TD Canada Trust.

«J'espère que les gens ne veulent pas se marier avec un panier percé!», s'exclame Richard La Ferrière, chef de la planification financière pour le Québec chez TD Waterhouse. «Si on se marie ou qu'on devient conjoint de fait avec quelqu'un qui est surendetté, ça peut avoir un impact sur notre qualité de vie», souligne-t-il. Selon lui, bien des gens hésitent même à unir leur destinée avec une personne qui a des revenus beaucoup moins élevés. «Il y a des gens qui choisissent de rester en union de fait pour éviter l'obligation du partage du patrimoine familial et de la pension alimentaire. Définitivement! Je suis persuadé que c'est un choix pour une catégorie de personne.»

D'ailleurs, les Québécois sont les champions de l'union libre. Au Québec, 35% des couples ne sont pas mariés. L'union libre est encore plus fréquente chez les jeunes: la moitié des couples de trentenaires sont formés de conjoints de fait.

Mais les gens redoutent même l'union libre depuis l'affaire Lola. La Cour suprême du Canada, qui a entendu la cause en janvier, devrait décider d'ici quelques mois si un conjoint de fait peut réclamer une pension alimentaire de son ex.

«Les gens me font régulièrement le commentaire: ils cherchent un conjoint qui va être indépendant financièrement, pas nécessairement indépendant de fortune, mais quelqu'un qui n'aura pas besoin d'eux pour arriver», rapporte Guylaine Lafleur, notaire et planificatrice financière au Groupe conseil Bachand Lafleur Preston.

Chambre à part

Plus de la moitié des Québécois (53%) préfèrent faire «chambre à part» en matière de finances personnelles, démontre le sondage. Dans l'ensemble du Canada, seulement le tiers des couples gardent leurs finances complètement séparées.

Au Québec, trois couples sur cinq (62%, comparativement à 72% au Canada) sont prêts à se lancer dans l'achat d'une maison en commun. Mais pour le reste, c'est une autre histoire...

Les Québécois sont moins enclins à ouvrir un compte conjoint (56%, comparativement à 68% au Canada), à bâtir un plan financier commun (47%, comparativement à 64%), à disposer d'une carte de crédit commune (38%, comparativement à 52%) ou à cotiser au Régime enregistré d'épargne-retraite de leur conjoint (29%, comparativement à 43%).

«Il y a eu une montée de l'indépendance financière dans les couples. On partage les dépenses communes. Et pour le reste, chacun a son propre budget. C'est correct tant qu'il n'y a pas trop de différence entre les revenus. Mais si l'un gagne plus que l'autre, tôt ou tard, il y a un déséquilibre qui va se former», prévient M. La Ferrière.

C'est encore plus fréquent chez les couples plus aisés. «Au lieu de payer au prorata des revenus gagnés, les couples de professionnels vont souvent partager toutes les dépenses 50-50. Mais celui qui gagne moins accumule beaucoup moins d'épargne pour la retraite», constate Mme Lafleur.

Pour les conjoints de fait, cela peut avoir des conséquences graves en cas de séparation. L'un des conjoints risque de se retrouver sans épargne-retraite. «Les couples qui ne veulent pas se marier devraient au moins avoir un testament et une convention d'union de fait», suggère M. La Ferrière.

À son avis, les couples gagneraient à faire un plan financier commun, ne serait-ce que pour économiser de l'impôt. Par exemple, il est possible de cotiser au REER de son conjoint, de manière à pouvoir fractionner les revenus de retraite et réduire la facture fiscale du ménage.

Dialogue et cachotteries

«C'est toujours délicat de parler d'argent et d'amour. Mais c'est important de le faire», insiste M. La Ferrière. Bonne nouvelle: une vaste majorité (85%) des gens sont à l'aise et en confiance lorsqu'il s'agit de discuter de finance en couple, selon le sondage.

Mais quelques-uns avouent faire de petits mensonges à l'occasion, notamment pour dissimuler des dépenses.

Ainsi, un Québécois sur huit (12%) a déjà caché un nouvel achat à son amoureux. De plus, un Québécois sur sept (14%) a déjà menti à son conjoint en lui disant qu'il avait payé moins cher que la réalité pour un achat.