La retraitée possède 94 000$ dans un régime de prestations aux employés (RPE), ouvert par son ancien employeur dans les années 80. Les RPE ont été interdits par le gouvernement fédéral en 1986, mais les sommes qui avaient déjà été accumulées ont pu être maintenues.

Denise est dans un cul de sac. Elle est coincée dans une fiducie dont les frais administratifs grugent la moitié de ses maigres rendements. Si elle veut en sortir, le fisc l'attend dans le détour...

Mais depuis 25 ans, les frais administratifs imposés à Denise ont gonflé de 25$ en 1986, jusqu'à 575$ en 2012. Une augmentation de plus de 2000%!

Comment expliquer une telle explosion? «Tranquillement, les autres employés qui faisaient partie du même programme se sont retirés, si bien que la dame est la seule qui demeure dans ce régime-là», explique la porte-parole du Trust Laurentienne, Gladys Caron.

«Nous avons des coûts minimums pour ce genre de produit: il faut produire des déclarations de fiducies aux deux ordres de gouvernements, des déclarations de revenus...», enchaîne-t-elle.

À elle seule, Denise doit assumer tous les frais du régime. Le Trust a payé une partie des coûts l'an dernier, tout en avertissant sa cliente qu'elle devrait payer la facture au complet en 2012.

«On me rentre ça dans la gorge en me disant: tu n'as pas le choix, il faut que tu payes. Point à la ligne», s'exclame Denise.

Cette année, les frais administratifs de 575$ vont donc gruger plus de la moitié des intérêts de 1034$ que lui procureront ses économies. Car les placements de Denise ne rapportent plus que des poussières...

En 1986, Denise avait des certificats de placement garanti (CPG) qui rapportaient 10,25%. Mais le taux n'était plus que 1,1% lorsqu'elle a renouvelé en décembre dernier pour un terme de deux ans.

Le Trust Laurentienne lui a offert d'investir dans d'autres genres de placement qui pourraient lui rapporter davantage. Mais pour acheter des fonds communs de placement, les frais annuels grimperaient de 50$. Cela ne plaît pas à Denise.

La cliente ne peut pas non plus transférer ses économies ailleurs. «Nous avons vérifié avec des experts externes, avocats fiscalistes, s'il était possible de transférer son programme vers un autre programme sans qu'elle ait à payer de l'impôt. Mais il n'y a aucune façon. La loi ne le permet pas», confirme Mme Caron.

Le Trust Laurentienne, qui compte une cinquantaine d'autres clients dans différents RPE, ne peut pas non plus greffer les économies de Denise dans un autre régime. Chacun régime est constitué différemment.

Si Denise ne veut plus payer les frais, elle n'a pas d'autre avenue que de retirer ses 94 000$ du RPE. Déjà, elle puise 10 000$ par année. Étant donné ses revenus d'environ 30 000$, elle doit payer environ 30% d'impôt.

«Mon but était de répartir les retraits sur plusieurs années, pour améliorer ma retraite», explique Denise.

Si elle retirait 94 000$ d'un coup sec, la facture fiscale serait très salée. Cela gonflerait ses revenus annuels à 125 000$. Au-delà de 85 000$ de revenus, le taux d'impôt marginal dépasse 45%.

Sans compter qu'elle perdrait sa pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV), un montant annuel d'environ 6300$ qui diminue graduellement pour les retraités qui gagnent plus de 67 700$ pour disparaître complètement lorsque les revenus excèdent 110 000$.

Clairement désavantageux. «Si j'ai économisé ces montants-là, c'était pour qu'il m'en reste à la retraite. Mais si je dois tout donner à l'impôt, c'est ridicule! Je suis prise en otage», constate Denise.

Mais le Trust Laurentienne dit que cela est hors de son pouvoir. «On est tout à fait conscient qu'elle se retrouve dans une situation délicate, dit Mme Caron. Mais on a fait le maximum qu'on pouvait faire dans le contexte.»