Les bons rendements du quatrième trimestre n'ont pas permis d'éponger complètement les pertes du troisième. Pour l'ensemble de 2011, les caisses de retraite canadiennes ont obtenu un rendement entre zéro et 3%, sur une base indicielle.

Cette performance médiocre est aggravée par un gonflement considérable du passif qui aura entraîné une nette dégradation du niveau de solvabilité des régimes à prestations déterminées.

Chez la firme Aon Hewitt, la médiane de solvabilité construite à partir d'un grand échantillon de régimes canadiens est passée de 83% au début de l'année à 68% au 31 décembre. Il s'agit de son niveau le plus faible à ce jour.

«Pas surprenant que le gouvernement du Québec prolonge les mesures d'allégement aux règles de financement», note Claude Lockhead, vice-président principal chez Aon Hewitt. Elles sont au nombre de trois: le lissage de l'actif qui permet la reconnaissance graduelle des gains et pertes de rendement sur une période d'au plus cinq ans, la consolidation des déficits et l'amortissement sur une période de 10 ans du déficit consolidé. La durée du prolongement est de deux ans, le temps de préparer une réforme générale des régimes.

L'aggravation de la solvabilité est avant tout attribuable au recul des taux d'intérêt sur les obligations canadiennes à long terme qui servent d'étalon à l'évaluation actuarielle de la solvabilité des régimes en cas de terminaison. Le rendement des obligations venant à échéance dans 30 ans est passé de 3,52% à 2,49% en 12 mois, ce qui équivaut à gonfler de près de 15% la valeur des engagements d'un régime envers ses participants actifs et retraités.

Elle est aussi attribuable aux faibles rendements. «Les hypothèses actuarielles de rendement sont généralement de 5% à 6%», rappelle Jean Bergeron, associé chez Morneau Shepell.

Sur une base indicielle, c'est-à-dire de rendements qui ne tiennent compte ni des effets de la gestion active ni de ses frais, ce sont les caisses avec la pondération la plus lourde en obligations qui ont obtenu les meilleurs rendements. L'indice obligataire de référence, le DEX Univers, a en effet progressé de 9,7% au cours de l'année.

En comparaison, la Bourse de Toronto a lâché 8,7% de sa valeur, les marchés mondiaux, 10% (dont 11,6% pour ceux d'Europe) et les émergents, 16,1%, selon les données de MSCI.

Seul le maître-indice new-yorkais, le S&P 500, a ajouté de la valeur: 2,1% si on l'exprime en dollars américains, mais 4,4% en dollars canadiens. Le huard a cédé 2,3% de valeur face au billet vert entre le 1er janvier et le 31 décembre.

Certains régimes ont choisi de se diversifier en misant un peu sur des placements alternatifs comme l'immobilier. «Les résultats préliminaires indiquent que le rendement du marché immobilier canadien en 2011 pourrait dépasser 10%», fait remarquer Sébastien Naud, conseiller principal en gestion de placements chez Mercer.

Enfin, la solvabilité a aussi été aggravée par l'adoption cet été d'une nouvelle table de mortalité qui reflète l'espérance de vie accrue des Canadiens.