Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Martin Pelletier de Trivest Wealth.

À votre avis, quel est l'événement le plus significatif de la dernière semaine sur les marchés?

Les récents développements en Europe ont retenu mon attention. La vente d'obligations de 10 ans en Allemagne a représenté une grosse déception. L'Allemagne est le plus fort pays d'Europe. Ce n'est pas une bonne nouvelle de voir un faible intérêt pour des obligations de la plus forte économie d'Europe.

Il y a aussi eu une décote du Portugal par Fitch. Ces événements montrent que la situation ne s'améliore pas en Europe. Les choses se détériorent et le marché obligataire allemand est venu refléter cette situation.

Quel indicateur suivez-vous le plus attentivement?

Il faut surveiller les éléments qui montrent que l'Europe entre en récession. Un indicateur à considérer est l'indice manufacturier PMI.

Je m'inquiète de voir une récession en Europe car ça pourrait entraîner le Canada et d'autres économies de pays développés. Mais plus important encore, ça pourrait avoir un impact sur les marchés émergents, comme la Chine qui tire présentement la reprise économique mondiale. L'Europe est le plus gros client de la Chine et on commence à voir un impact en Chine.

Je garde donc un oeil sur le rendement des obligations en Europe et sur les chiffres de croissance aux États-Unis et en Chine.

Que feriez-vous avec 10 000$ à investir aujourd'hui?

Ça dépend. Est-ce que ce 10 000$ représente 100% du portefeuille ou 1%? Si c'est l'argent pour ma retraite, je prends une approche conservatrice. Je trouverais un équilibre entre des obligations et des blue chips.

Les grandes banques canadiennes forment un bon point de départ.

Dans un an ou deux, une fois que tout ce non-sens sera derrière nous, vous allez regarder ça en vous félicitant de vos achats. Vous réaliserez que vous avez fait un bon coup.

Et si je peux utiliser ces 10 000$ pour avoir du plaisir, il y a de très belles opportunités chez les grosses pétrolières canadiennes. Je pense notamment à Suncor.

Le bilan de Suncor est plus fort aujourd'hui qu'avant l'acquisition de Pétro-Canada et le titre se négocie à son niveau de 2008-2009.

Les grandes pétrolières canadiennes ont de bons bilans et se négocient à des multiples attrayants.

Il y a de belles occasions à saisir pour ceux qui pensent avec un horizon à plus long terme.

Quel placement faut-il éviter à tout prix en ce moment?

Prendre des risques excessifs peut-être dangereux en ce moment. J'éviterais les actions de petites et moyennes entreprises qui ont de mauvais bilans.

Si la crise devait s'aggraver, on ne sait jamais, certaines compagnies endettées pourraient ne pas survivre.

Il faut éviter les compagnies trop endettées. Il y en a plusieurs au TSX Venture, par exemple.

Il faut aussi demeurer loin des titres financiers américains et européens, même s'ils ont l'air attrayants. Ils sont trop risqués.

Si vous êtes un gros joueur, vous allez éviter les titres de dettes des PIIGS (Grèce, Portugal, etc.).

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus présentement?

Le marché sous-estime un effondrement complet en Europe. Il y a plusieurs questions qui sont sans réponse et il faut se montrer prudent en ce moment.

Martin Pelletier est directeur général et gestionnaire de portefeuille chez Trivest Wealth à Calgary, en Alberta. Il oeuvre chez Trivest depuis deux ans. Auparavant, il a occupé des postes d'analyste pour différentes firmes, dont Canaccord. Trivest est une boutique qui se spécialise dans la gestion de fortune.