Depuis juillet dernier, la Bourse a un comportement bipolaire. Et les taux d'intérêt sont plus déprimants que jamais. Docteur, comment redonner le moral aux investisseurs? Toujours pleine d'imagination, l'industrie des fonds négociés en Bourse (FNB) a trouvé un remède à la volatilité: la vente d'options d'achat couvertes.

C'est la famille BMO qui a ouvert le bal, en lançant le fonds BMO vente d'options d'achat couvertes de banques canadiennes, en janvier dernier. Depuis, le fonds a attiré près de 600 millions de dollars, un vrai coup de circuit!

La semaine dernière, BMO a ajouté deux autres fonds qui misent sur la même stratégie: l'un se concentre sur le secteur des services aux collectivités, l'autre sur les 30 Blue Chips américains du Dow Jones.

Les concurrents n'ont pas mis de temps à réagir. Depuis quelques mois, les firmes torontoises Horizons et First Asset ont déployé chacune cinq FNB qui reposent sur la vente d'options.

À la Bourse canadienne, les investisseurs ont maintenant le choix entre 13 FNB qui promettent des rendements «améliorés» grâce à la vente d'options d'achat couvertes (voir notre tableau pour la liste complète).

La stratégie demeure assez prudente, même si on parle de produits dérivés. «Empocher des primes en vendant des options est une méthode relativement peu risquée pour maximiser ses revenus», indique John Gabriel, stratège spécialisé dans les FNB chez Morningstar.

Avec les FNB, les investisseurs ont accès à une stratégie d'option sur le «pilote automatique», dit-il. Néanmoins, ils doivent jetez un coup d'oeil sous le capot pour s'assurer de bien comprendre dans quoi ils s'embarquent.

«Il ne faut pas se lancer tête baissée dans les options», prévient Martin Noël, de la Corporation financière Monétis, qui donne de la formation sur les options.

La mécanique

La vente d'options demeure une stratégie assez sophistiquée. D'un côté, le gestionnaire vend des options d'achat d'actions, de l'autre il se protège en achetant des actions.

Si l'action reste au point mort, le gestionnaire empochera la prime que l'investisseur aura payée pour acheter son option. Ainsi, il réussira à dégager un rendement relativement intéressant, même si la Bourse n'a rien fait de bon.

C'est d'ailleurs lorsque la Bourse zigzague à l'intérieur d'une fourchette étroite que la vente d'option s'avère la plus payante. L'investisseur encaisse à la fois le dividende et la prime qui peut doubler et même tripler son rendement.

Par exemple, le fonds BMO vente d'options d'achat couvertes de banques canadiennes indique un rendement de 9,3%, ce qui représente le revenu généré par les dividendes et les primes. C'est deux fois plus que le rendement de 4,2% du fonds BMO équipondéré S&P/TSX Banques qui investit dans les mêmes actions, mais sans vendre options. Ces rendements ne sont pas garantis, faut-il le rappeler.

Mais la vente d'options d'achat a un revers. Si la Bourse monte en flèche, le rendement sera plafonné, car l'option sera exercée et le gestionnaire devra livrer les actions qu'il possède.

À l'opposé, si la Bourse déboule, le rendement du gestionnaire ne sera que partiellement protégé par le coussin que lui procure la prime.

Les détracteurs de la stratégie diront que le rendement est vite plafonné, même si l'investisseur accepte la majorité du risque de pertes.

Mais à long terme, la vente d'options d'achat d'actions couvertes donne des rendements aussi élevés que la Bourse, avec moins que volatilité, comme l'illustre notre graphique. «Si quelqu'un veut obtenir le rendement du marché avec un risque moindre, c'est l'outil qui va lui permettre de le faire», estime M. Noël.

Cela correspond à ce que bien des investisseurs recherchent, surtout depuis la crise financière de 2008.

«Sans dire que les gens sont traumatisés, je pense qu'ils veulent moins de volatilité dans leur portefeuille. Mais les rendements à échéance des obligations sont très faibles. Ce n'est pas suffisant pour générer le type de revenus dont ils ont besoin pour leurs dépenses mensuelles», explique Alain Desbiens, vice-président ventes régionales aux FINB BMO.

Voilà pourquoi la vente d'options leur sourit. C'est sans compter que la stratégie de vente d'options comporte un avantage fiscal. La prime est considérée comme un gain en capital, donc le taux d'imposition est inférieur à celui des intérêts et des dividendes.Détails importants

Les nouveaux fonds ont tous des frais de gestion annuels de 0,65%. Et ils versent les revenus à leurs détenteurs tous les mois.

Par contre, ils n'ont pas tous la même recette. Les FNB de First Asset vendent des options sur seulement 25% du portefeuille d'actions. Chez BMO, on va jusqu'à la moitié. Du côté de Horizons, on vend des options sur la totalité des actions, pour appliquer la stratégie jusqu'au bout.

Autre distinction: les FNB ne misent pas tous sur le même genre d'options. Le prix d'exercice et la durée de l'option ont une influence sur la prime.

Il faut aussi souligner que certains fonds se concentrent sur les secteurs plus risqués, comme l'or, les matériaux ou l'énergie. Comme les actions sont beaucoup plus volatiles dans ces secteurs cycliques, les primes sur les options sont beaucoup plus élevées. C'est ce qui permet à ces fonds d'indiquer un rendement supérieur à 20%! Mais les risques que l'option soit exercée sont aussi plus élevés.