Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Marc Gagnon, de l'Industrielle-Alliance.

À votre avis, quel est l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse ?

Lors de la rencontre des pays du G20 et du Fonds monétaire international, la fin de semaine dernière, les gouvernements européens ont compris qu'ils devaient trouver une solution plus durable aux problèmes de dettes souveraines.

Il n'y a encore rien de concret qu'on puisse se mettre sous la dent. Mais on sent que les autorités réalisent que l'heure est grave et qu'il est temps de trouver une solution pour régler les problèmes une fois pour toutes.

Cette plus grande volonté de reconnaître l'ampleur du problème nous redonne espoir.

Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment ?

Je vais suivre les efforts qui seront faits pour élaborer un plan afin de régler en profondeur les problèmes de dette souveraine en Europe. Parmi les options, on envisage la possibilité d'emprunter pour gonfler le capital du Fonds européen de stabilité financière d'environ 500 milliards d'euros à 2500 milliards d'euros, de manière à pouvoir défendre âprement l'Italie ou le Portugal si jamais les spéculateurs s'attaquaient à sa dette. Mais plusieurs options sont sur la table. Chacune a ses implications. La question est : est-ce que ça va se faire ?

Que feriez-vous avec 10 000 $ à investir ?

Dans l'éventualité où la situation se règle en Europe, il y a de belles occasions sur les marchés. Je vois des titres intéressants dans le secteur de l'énergie, où les prix des actions ont beaucoup diminué, même si le prix du pétrole s'est relativement bien tenu.

Par exemple, l'action de Suncor Energy (SU), une grande société canadienne active dans les sables bitumineux, est très attrayante à ce niveau-ci. J'irais aussi vers le fournisseur de services Canyon Services Group (FRC) qui utilise la technologie de fracturation. Et j'en profiterais pour acheter Baytex Energy Group (BTE) qui verse un bon dividende (5,6 %). Son titre est toujours dispendieux, mais moins aujourd'hui.

Quel placement évitez-vous à tout prix ?

Je reste plutôt tranquille avec le secteur de la consommation discrétionnaire, notamment les détaillants et les médias. Il y a peu de croissance au Canada : les consommateurs n'ont plus envie d'augmenter leur niveau d'endettement. L'arrivée de concurrents américains, comme Target, complique les choses. Pour les grands réseaux de magasins, il est très difficile d'augmenter les ventes de magasins comparables. De leur côté, les médias traversent une grande période de réalignement des budgets publicitaires. Les temps sont difficiles pour cette industrie-là.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus présentement ?

Les indicateurs de confiance sont au plus bas, partout à travers le monde, à cause du psychodrame entourant le relèvement du plafond de la dette américaine et à cause de la crise de la dette souveraine en Europe. Et depuis que le patron de la Réserve fédérale (Fed) a donné un coup de semonce pour l'économie américaine, la semaine dernière, on voit beaucoup de négativisme dans les perspectives économiques. Mais quand cette période sombre sera passée, on pourrait être surpris de voir que l'économie américaine ne piquera pas du nez.

Cela pourrait être suffisant pour amener un rebond significatif des marchés boursiers d'ici la fin de l'année... dans la mesure où on peut éviter un effet boule de neige en Europe, advenant la faillite de la Grèce.

Marc Gagnon est entré à l'Industrielle-Alliance en 1998. Le gestionnaire de portefeuille d'actions canadiennes est à la barre de plus d'un milliard de dollars dans plusieurs fonds, incluant le fonds IA Clarington canadien de croissance et le fonds IA Clarington d'entreprises dominantes canadiennes.