Le portrait économique et boursier a changé et la réflexion des gestionnaires aussi.

Marc-André Robitaille passe un coup de balai dans son portefeuille. Il laisse tomber les trois titres qu'il possédait (Agrium, Magna et Suncor) et se tourne vers Bombardier, Manuvie et Canadian Oil Sands.

«C'est davantage pour obtenir un meilleur rendement du dividende que pour me placer sur la défensive», explique-t-il.

Manuvie prend la place d'Agrium. «Manuvie est près des multiples atteints pendant la crise de 2008. Le rendement du dividende est de 4,5% et, si la Bourse et les taux à long terme montent, l'action devrait bien réagir. Le point d'entrée est intéressant et le dividende semble soutenable.»

Il aime encore Suncor, mais préfère Canadian Oil Sands dans le secteur de l'énergie. «Le rendement du dividende est meilleur et le titre est moins cher.»

Bombardier a été sélectionné pour son côté défensif. «Le titre est intéressant au cours actuel et, à 2,6%, le rendement du dividende est bon. C'est défensif, parce que la division des transports de Bombardier dépend moins des cycles économiques. On protège ainsi 50% des bénéfices. Ce que j'aime dans la division aéronautique est le fait qu'au lieu d'avoir un gros client pour la CSeries, il y a plusieurs clients. La diversification offre une protection.»

Marc-André Robitaille dit avoir élaboré des scénarios de crise et, si on devait replonger dans une situation semblable à celle de 2008, il pense que des titres comme Bombardier et Manuvie ont un bon bout de chemin de fait par rapport à ce qu'on a vécu il y a trois ans.

De son côté, Stéphane Préfontaine est tenté de bouger, mais il ne le fait pas. «En février, j'avais choisi une position défensive, avec 40% d'encaisse et trois entreprises ayant des caractéristiques de stabilité, puisque je ne voyais pas d'occasions évidentes et je trouvais les risques sous-estimés par les marchés. En juin, je ne voyais pas de changement significatif dans les occasions au TSX 60. J'ai néanmoins placé mon encaisse dans les trois entreprises», dit-il.

«Mon raisonnement de juin n'était pas adéquat. Si je ne voyais pas vraiment de changement, il aurait été préférable de conserver mon encaisse. La courte durée de ce duel et le fait de ne pouvoir faire des transactions qu'à quatre dates fixes plutôt qu'en fonction des prix m'ont influencé.»

«La Bourse et les titres plus cycliques en particulier sont aujourd'hui moins risqués. Lorsque nous sommes submergés d'informations négatives, il y a déjà moins de risque à investir pour quiconque vise le long terme, car les prix reflètent la peur.»

«L'exercice ne porte plus que sur un horizon de cinq mois. Je n'ai pas plus d'habiletés qu'un autre à conjecturer sur ce qui arrivera sur une période si courte. Si la confiance revient, des titres dépréciés comme Magna, Bombardier ou Talisman, qui sont cycliques et à fort levier opérationnel, vont surperformer par rapport à mes entreprises plus stables.»

«Je pourrais choisir cette voie, dont les probabilités de succès sont maintenant plus élevées, mais, vu les délais, cela relèverait plus de la spéculation que de l'investissement. Je m'en tiendrai à mes trois entreprises dont j'estime les qualités concurrentielles supérieures et les rendements plus sûrs quoiqu'il arrive.»

Charles Marleau conserve Suncor, mais largue Magna et Agrium pour ajouter Fairfax et Enbridge.

«Fairfax représente un bon jeu défensif. À la fin de 2008, Fairfax a mieux fait que le TSX, que le S&P 500 et que le secteur financier par une marge de 112%. Le portefeuille d'investissement de Fairfax est composé de 71% de revenus fixes et 19% de liquidités. Il est bien ajusté pour une faible inflation et un environnement déflationniste.»

Enbridge représente également une position défensive aux yeux de Charles Marleau.

«La croissance stable d'Enbridge est attribuable au fait qu'elle n'est pas sensiblement affectée par le changement du volume et du prix des matières premières. Le profil d'Enbridge et le faible rendement des obligations me font croire que l'entreprise est bien positionnée actuellement.»