Brancher de l'électricité dans ses placements?

Et surtout de sources renouvelables, de plus en plus recherchées sur le marché?

En fait, tous les contribuables québécois le font déjà, indirectement, grâce à la mainmise gouvernementale sur tout le capital-actions d'Hydro-Québec.

Mais pour qui voudrait investir directement dans la production d'électricité, le choix d'entreprises accessibles en Bourse s'est beaucoup amélioré ces dernières années.

Au Québec, des entreprises nées comme PME de l'électricité avec les premiers contrats de mini-centrales privées, il y a une vingtaine d'années, cumulent maintenant pour des milliards en capitalisation boursière.

Trois d'entre elles se démarquent pour leur bonne feuille de route mais aussi leur potentiel de croissance, de l'avis d'analystes qui surveillent les «producteurs indépendants d'électricité».

La plus connue de ces Québécoises est sans doute Boralex, en raison de son affiliation de naissance avec le groupe papetier Cascades et ses co-fondateurs, les frères Lemaire.

Mais dans le sillon de cette pionnière, deux autres entreprises, Innergex, dirigée de Longueuil, et le Fonds Énergie renouvelable Brookfield, dirigé de Gatineau, l'ont maintenant surclassé. En taille d'actif, mais aussi en capitalisation boursière.

Et dans ces deux cas, s'entendent les analystes, il s'agit d'entreprises dont les actions ou les parts négociées en Bourse représentent des placements intéressants pour les investisseurs qui cherchent des titres à bon rendement de dividende, dans des secteurs d'activités moins volatils.

Car si le marché de l'électricité, en prix et en volume, demeure influencé par la conjoncture, les producteurs indépendants (PEI) comme Innergex, Boralex et Brookfield ont l'avantage de contrats à long terme avec de gros distributeurs comme Hydro-Québec pour la majeure partie de leur production.

«Le modèle d'affaires des PEI est plus stable que la plupart des entreprises du secteur des services publics. Leurs contrats à long terme avec de gros distributeurs publics les protègent des fluctuations du marché. Par conséquent, leurs flux financiers sont peu affectés par les cycles économiques», résume Rupert Merer, analyste des PEI à la Financière Banque Nationale, dans un récent rapport sur Innergex après ses résultats du deuxième trimestre 2011.

Ces attributs de relative stabilité d'affaires et financière attirent d'ailleurs nombre d'investisseurs institutionnels - fonds communs, caisses de retraite, etc. - au capital-actions des PEI.

Mais pourquoi pas les particuliers investisseurs?

D'autant qu'avec la récente rechute en Bourse, le seul rendement en dividende de ces PEI - sauf Boralex qui n'en verse pas encore - est devenu encore plus attrayant.

Il s'inscrit à hauteur de 6% pour les actions d'Innergex, et de 5,5% pour les parts du Fonds Brookfield.

Soutenable, un tel niveau de dividende?

De l'avis d'analystes, la question ne se pose guère dans le cas du fonds Brookfield, même en attendant sa conversion éventuelle vers une entreprise à capital-actions.

D'abord, grâce à l'ampleur de ses ressources financières. Car en plus de son inscription boursière, le fonds Brookfield demeure affilié à un conglomérat multimilliardaire torontois de renom: Brookfield Asset Management.

Aussi, le fonds Brookfield se démarque par la taille de ses activités. Il gère un actif de 5,6 milliards composé surtout de 44 centrales hydrauliques et éoliennes. Cette puissance totale de 1700 mégawatts (MW) au total est répartie dans trois provinces, dont le Québec, et deux États de la Nouvelle-Angleterre.

Pour la suite, Brookfield est en train d'aménager en Ontario le plus gros parc éolien à ce jour au pays: un projet d'un demi-milliard de dollars qui devrait produire 166 MW.

«Le fonds Brookfield est le plus gros PEI de sources renouvelables au Canada, avec un portefeuille d'actifs à long terme et à faible risque d'exploitation. Son dividende (à 6%) est soutenable et il représente l'un des meilleurs placements défensifs en énergie face à la volatilité des marchés», selon Nelson NG, analyste des producteurs d'électricité chez Marchés des capitaux RBC.

En Bourse, cependant, les parts du fonds Brookfield sont considérées par la plupart des analystes à leur «pleine valeur potentielle» pour l'avenir prévisible.

Ce n'est pas le cas pour les actions d'Innergex et de Boralex, qui n'ont pas échappé au marasme boursier des dernières semaines. D'où l'afflux de recommandations d'achat de la part des analystes.

L'analyste Pierre Lacroix, de Valeurs Mobilières Desjardins, estime par exemple que le prix courant en Bourse d'Innergex en fait une «occasion d'achat attrayante». L'analyste souligne son «profil de croissance supérieur à la moyenne» et le «faible risque» des activités d'Innergex.

Pour Massimo Fiore, analyste chez Partenaires Versants, les récents résultats d'Innergex ont conforté son évaluation d'une entreprise «bien gérée, avec un dividende prévisible et un plan de croissance bien défini».

Après son achat de Cloudwork Energy en Colombie-Britannique en début d'année, qui a accru sa capacité de 23% à 400 MW, Innergex a encore six mini-centrales électriques en chantier d'ici 2013.

Trois sont dans le secteur éolien au Québec et une est dans le secteur solaire en Ontario. Innergex cible une capacité totale d'au moins 710 MW à moyen terme.

Quant à Boralex, les ambitions de croissance ne manquent pas même si sa valeur boursière peine depuis quelques temps.

En fait, cette défaveur des investisseurs envers les actions de Boralex serait surtout attribuable à son absence de dividende.

Mais aussi, ses récents résultats d'exploitation ont démontré les difficultés de conjoncture qui continuent d'affecter singulièrement sa production d'électricité avec la biomasse forestière.

Boralex a un actif important dans ce type de mini-centrales en raison de sa parenté d'origine avec la papetière Cascades.Par ailleurs, sa diversification importante vers l'hydraulique et l'éolien depuis quelques années ne serait pas encore «pleinement valorisée» par les investisseurs.

«Boralex a réduit la volatilité de ses revenus liés à la biomasse forestière en investissant dans l'éolien et l'hydraulique. Toutefois, le marché ne le reconnaît pas encore et ne le fera sans doute pas tant qu'un dividende n'aura été établi», estime l'analyste Massimo Fiore.

Boralex aspire à doubler sa capacité de production à 1500 MW d'ici 2015.

Et parmi ses projets figure un parc éolien géant d'une capacité initiale de 365 MW et jusqu'à 500 MW qui serait aménagé dans les hauteurs forestières de la côte de Beaupré, jusqu'à Charlevoix.

Ce projet de quelques centaines de millions de dollars sera partagé entre Boralex et Valener (Gaz Métro) est en cours de financement et de planification détaillée.