Avec des taux d'intérêt qui devraient rester bas durant une bonne partie de 2012, les experts croient que les investisseurs devraient évaluer le niveau de risque qu'ils sont prêts à assumer alors qu'ils hésitent entre obtenir un meilleur rendement et rembourser leurs dettes avant que les taux ne remontent.

Allan Hacking, planificateur financier pour Fundex Investments à Edmonton, assure qu'il conseille toujours à ses clients de payer leurs dettes s'ils en sont capables.

«Nous croyons que cela devrait être la priorité dans la plupart des cas, surtout dans le contexte actuel», affirme-t-il.

«Chaque situation est unique et tout le monde a des besoins différents, mais le remboursement des dettes devrait arriver au premier rang.»

Selon M. Hacking, les économies que réalisent un investisseur qui choisit de payer ses dettes plutôt que d'investir son argent ailleurs seront très avantageuses si on tient compte qu'il n'aura pas à payer d'impôt sur ses revenus de placement.

«C'est même mieux qu'un rendement de trois pour cent parce que c'est de l'argent net d'impôt. Un taux préférentiel de 3% vous coûte en réalité environ 5% parce que vous êtes imposé sur les intérêts de vos placements, alors vaut mieux utiliser vos épargnes pour payer vos dettes», explique-t-il.

Et si un rendement de 5% n'est pas la mer à boire, ce n'est pas si mal lorsqu'on le compare à la baisse de quelque huit pour cent subie par le principal indice de la Bourse de Toronto cette année.

Ceux dont les prêts sont liés au taux préférentiel de leur banque, comme c'est le cas pour les marges de crédit et les prêts hypothécaires à taux variable, ont bénéficié d'un sursis durant les dernières semaines puisque la Banque du Canada a montré quelques réticences à hausser les taux d'intérêt.

Plus tôt cet été, plusieurs économistes croyaient que la banque centrale du pays augmenterait les taux cet automne. Mais avec la crise en Europe et l'annonce de la Réserve fédérale américaine concernant son intention de maintenir les taux bas jusqu'en 2013, il est plus probable que la Banque du Canada attendra au moins jusqu'à l'année prochaine pour passer à l'action.

Si les taux d'intérêt bas font le bonheur des gens endettés, ils poussent toutefois les investisseurs en quête d'un meilleur rendement à prendre davantage de risques pour parvenir à leurs fins.

Les fiducies immobilières ainsi que les dettes et les actions d'entreprises donnant un rendement acceptable sont toutes des options que les investisseurs devraient envisager, selon Rob Edel, responsable des investissements pour Nicola Wealth Management à Vancouver.

«En général, les bilans des entreprises sont positifs et les bénéfices corporatifs semblent bien tenir le coup», explique M. Edel.

«Je dirais également qu'il y a quelques débouchés intéressants en matière de rendement des dividendes, particulièrement lorsque vous les comparez avec les rendements obligataires.»

M. Edel souligne toutefois qu'il est toujours nécessaire de considérer les risques inhérents à tout investissement.

Si un dividende semble trop beau pour être vrai, les chances sont qu'il y a ait une raison qui l'explique, précise M. Edel en donnant l'exemple de Yellow Media, la compagnie qui publie des bottins téléphoniques et qui possède un important répertoire téléphonique en ligne.

Les actions de Yellow Media ont encaissé un dur coup après que la compagnie eut réduit son dividende et que l'agence de notation de crédit DBRS eut abaissé l'évaluation de sa dette plus tôt ce mois-ci.

«Vous ne pouvez pas simplement partir à la chasse aux redevances puisque vous voulez obtenir un certain retour sur investissement. Vous devez voir l'autre côté de la médaille», ajoute M. Edel.

«Je ne crois pas qu'il s'agit d'un environnement dans lequel vous voulez prendre beaucoup de risques.»