Un peu partout dans le monde, une chasse aux terres rares est en cours pour satisfaire une demande croissante et profiter de prix alléchants. Exploration Orbite vient de joindre les rangs des chasseurs. Ça se passe près de Cap-Chat en Gaspésie, sur sa propriété de Grande-Vallée. En plus de l'alumine qu'elle vient de commencer à exploiter, Orbite a trouvé des indices de scandium et de gallium, des métaux à haute valeur ajoutée, sur sa propriété gaspésienne.

Les indices ont été jugés suffisamment intéressants pour que l'entreprise dépose deux demandes de brevets liés au procédé d'extraction de ces terres rares.

Le scandium est utilisé avec l'aluminium dans la fabrication de composantes pour l'industrie aérospatiale. Le gallium sert à fabriquer les composantes électroniques des téléphones cellulaires et des cellules solaires, entre autres choses.

Des traces d'autres éléments rares (yttrium, dysprosium, néodyme) ont aussi été décelées en Gaspésie.

Pour le président et chef de la direction d'Orbite, Richard Boudreault, la présence de métaux rares augmente le potentiel de croissance de son entreprise. «Ils ajoutent une valeur considérable à notre offre d'alumine et ont le potentiel de faire bondir la rentabilité prévue de notre production», se réjouit-il.

Si l'alumine se retrouve partout dans le monde et se vend à la tonne, il en va autrement des supermétaux, dont le prix reflète la rareté. La valeur du scandium, par exemple, est estimée par la commission géologique des États-Unis à entre 900 $ et 3260 $ le kilo et le gallium vaut 600 $ le kilo.

Premiers arrivés...

Parmi toutes les entreprises qui cherchent frénétiquement à répondre à la demande de terres rares, plusieurs arriveront trop tard pour profiter de la manne, croit Zahid Fazal, associé d'Ernst & Young et responsable du secteur des mines au Québec.

Dans une étude récente, Ernst & Young estime que la demande pour certains types de terres rares augmentera de 60% au cours des cinq prochaines années.

Les entreprises minières qui veulent profiter de cette croissance ont plusieurs défis à relever. Elles doivent faire le bon choix de minerais et mettre en marché leur production le plus rapidement possible.

«Les entreprises qui accèdent en premier à la production sont plus susceptibles d'accaparer les majorations de prix actuelles, dit-il, parce que le marché est susceptible de réagir de très près aux futures augmentations de l'offre».

Selon Ernst & Young, la demande sera supérieure à l'offre jusqu'en 2014, après quoi le marché deviendra plus favorable aux utilisateurs qu'aux producteurs.

En plus de l'augmentation de l'offre, d'autres facteurs pourraient ralentir la hausse des prix des supermétaux, selon Ernst & Young. Les utilisateurs trouveront des moyens de remplacer les matières les plus rares et les plus coûteuses par des produits substituts. C'est le cas de General Motor, qui a réussi à se passer de terres rares dans la fabrication du moteur hydride de sa Buick LaCrosse 2012.

Bref, les producteurs n'ont pas de temps à perdre s'ils veulent tirer profit du marché.

Au Canada

C'est la décision de la Chine de garder pour elle ses ressources en terres rares qui a propulsé leurs prix à des niveaux jamais encore vus et lancé la course aux approvisionnements.

Le Canada est considéré comme un pays riche en métaux stratégiques, avec l'Australie, la Russie, l'Inde et le Vietnam.

En plus d'Exploration Orbite, qui veut faire son entrée dans le marché, d'autres joueurs sont dans la course au Canada. Quest Rare Minerals est à l'oeuvre à Shefferville, Matamec Exploration au Témiscamingue et Commerce Resources dans le nord du Québec.

Le projet le plus avancé est celui d'Avalon Rare Metals dans les Territoires du Nord-Ouest, dont la mise en production est prévue à la fin de 2015.