Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, André Marsan, de Sigma Alpha Capital...

Q: À votre avis, quel est l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?

La saison des résultats trimestriels débute bien. Plusieurs multinationales comme Intel, American Express, Apple et IBM ont dévoilé des bénéfices records qui vont au-delà des attentes des investisseurs. Mais le plus important c'est que les dirigeants prévoient que l'avenir sera encore meilleur.

Q: Quel indicateur suivez-vous le plus attentivement en ce moment?

Il y a toujours une multitude de variables qui influencent les cours boursiers, selon les différentes phases du cycle économique: le sommet, la récession, le creux, la reprise et l'expansion.

Nous sommes présentement au début d'une phase d'expansion et nous y resterons vraisemblablement aussi longtemps que l'inflation de base se maintiendra en dessous de 3%, ce qui devrait être le cas pour au moins les 18 prochains mois. Si je me trompe et que l'inflation se met à grimper, vous allez voir que les actions vont dégringoler.

Mais historiquement, l'expansion est toujours la phase la plus longue du cycle. Souvent, elle dure de trois à cinq ans. Il peut donc y avoir facilement encore trois ou quatre ans d'expansion. Je pense que ça fait juste commencer. Durant cette phase, les marchés boursiers sont habituellement positifs.

Q: Que feriez-vous avec 10 000$ à investir?

Cela dépend beaucoup de la répartition d'actifs du portefeuille. Cependant, chez Sigma Alpha, nous aimons beaucoup les marchés boursiers, en ce moment, pour différentes raisons. Il y a une bonne visibilité pour la croissance des bénéfices des sociétés. Les actions se négocient à seulement 13 fois les bénéfices des 12 prochains mois. Le taux d'inflation est faible et devrait le rester. La politique monétaire demeure expansionniste. Et la liquidité mondiale n'a jamais été aussi abondante.

Il me semble qu'un fonds négocié en Bourse qui reflète l'indice S&P500 des 500 plus grandes sociétés de la Bourse américaine, est une façon intelligente et facile de participer à la croissance de l'économie mondiale. Par exemple, on peut acheter le SPDR S&P 500 Trust (SPY) à la Bourse de New York ou, mieux encore, on peut acheter le iShares S&P 500 Index Fund (XSP) inscrit à la Bourse de Toronto qui protège les investisseurs contre les fluctuations de la devise.

Q: Quel placement évitez-vous à tout prix?

Il faut s'abstenir d'investir dans les obligations gouvernementales dont l'échéance est supérieure à 3 ans. Il y a de fortes probabilités que l'inflation redémarre aux États-Unis et au Canada vers 2013-2014, lorsque le chômage se sera résorbé en bonne partie et que les pressions à la hausse sur les salaires s'intensifieront. Quand il y a de l'inflation, les taux d'intérêt remontent et la valeur des obligations baisse, surtout pour celles qui sont une plus longue durée. Ce n'est pas approprié d'avoir du long terme, en ce moment.

Q: Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus présentement?

Il me semble que le marché boursier sous-estime le momentum de croissance de l'économie mondiale qui est très puissant. Le monde entier est en croissance. Les pays en développement, la Chine en tête, vont croître à un rythme de plus de 6% durant encore plusieurs années. Et ils représentent plus de la moitié du PIB mondial. Cela justifierait une augmentation des multiples boursiers des grandes multinationales: leurs actions pourraient se négocier entre 13 et 16 fois les bénéfices au cours des prochaines années.