Marie-Paule Imbeau, 62 ans, est caissière chez Rona depuis trois ans. Si sa santé tient le coup, elle n'a aucun problème à continuer de travailler après 65 ans.

«Je travaille depuis l'âge de 16 ans et je ne me vois pas rester à la maison», explique-t-elle.

Retraitée de la Banque Nationale, où elle occupait un poste de responsabilité, Mme Imbeau a trouvé chez Rona un emploi et un horaire qui lui conviennent. Les conditions salariales de son nouvel emploi sont bien inférieures à celles d'avant, «mais, avec ma retraite, j'y arrive», dit-elle.

Dans les quincailleries et nombre de commerces de détail, les employés aux cheveux gris sont déjà les bienvenus, quelle que soit leur expérience de travail précédente. Les électriciens, plombiers et menuisiers à la retraite ont une expertise précieuse pour Rona, explique Normand McKenzie, directeur, personnes et culture, de la chaîne. Mais Rona embauche aussi beaucoup de bricoleurs, et des personnes comme Marie-Paule Imbeau, qui veulent rester actifs.

Chez Rona, Normand Roy a même déjà rencontré un médecin à la retraite, très heureux d'avoir échangé la maladie pour la rénovation.

Revenu d'appoint

Le directeur de l'analyse et de l'information du Centre sur l'emploi et la technologie convient que ce type d'emplois n'offre pas les conditions les plus généreuses, ni en termes d'horaire, ni en termes de salaires. Mais c'est probablement tout à fait ce qu'un retraité souhaite, c'est-à-dire un revenu d'appoint, estime Normand Roy.

Le marché du travail se porte bien au Québec. Après une légère remontée en 2009, le taux de chômage a repris sa descente et était de 7,7% en février. Chez les 45-64 ans, il était de même un peu plus bas, à 7,6%. (Les statistiques ne tiennent pas compte de ceux qui travaillent encore après 65 ans.)

Le marché du travail continue de s'améliorer, mais la pénurie de main-d'oeuvre ne guette pas encore le Québec, tempère Normand Roy. Il y a toujours plus de 300 000 chômeurs officiels, et probablement plus encore en comptant ceux qui ont quitté le marché du travail. Il n'est donc pas étonnant que la plupart des entreprises ne se soient pas encore adaptées aux exigences particulières de la main-d'oeuvre âgée. Mais ça viendra, à mesure que la population en âge de travailler, les 25-64 ans, diminuera.

«C'est vrai que les exigences des travailleurs âgées peuvent être plus difficiles à gérer, dit-il, mais les entreprises qui auront besoin de main-d'oeuvre vont faire les efforts nécessaires pour les attirer.»

Rona, qui emploie des retraités depuis quelques années déjà, a encore du travail à faire pour s'adapter à cette nouvelle réalité. «On est en train d'ajuster notre offre à la demande», dit Normand McKenzie.

Le marché du travail devra s'adapter. Entre 2000 et 2010, le nombre de travailleurs de 65 ans et plus est passé de 28 000 à 93 000. Une belle progression, mais le phénomène des «vieux» au travail est encore marginal.

Un champ d'études presque vierge vient de s'ouvrir. Le gouvernement a donné le ton, avec la création d'une «Commision nationale sur la participation au marché du travail des travailleuses et travailleurs expérimentés de 55 et plus», qui examinera entre autres les pratiques de gestion des entreprises qui favorisent ou qui nuisent à la participation des 55 à 70 ans au marché du travail. Son rapport est attendu en novembre 2011.