Les très bons rendements boursiers canadien et américain de même que l'augmentation des taux d'intérêt obligataires auront été bénéfiques aux caisses de retraite au premier trimestre.

En outre, le redressement en cours du marché du travail américain est porteur d'espoir pour le rétablissement progressif de leur solvabilité.

Le rendement indiciel médian d'une caisse de retraite canadienne investi à 60% en actions et 40% en titres à revenus fixes, a atteint 2,4% de janvier à mars, selon les calculs de la firme Morneau Shepell.

La performance est moins solide, mais tout de même appréciable à 1,9%, pour une caisse investie à 55% de titres à revenus fixes.

Les actions, en particulier les canadiennes, ont fourni le meilleur rendement du trimestre, alors que les obligations ont cédé de la valeur avec la remontée des taux d'intérêt, en particulier pour les échéances longues. L'indice DEX Long Terme a cédé 1,4% durant le trimestre. Il s'agit du deuxième repli d'affilée, même si, sur un an, le rendement reste élevé à 8,2%.

Les beaux jours du marché obligataire qui durent depuis 2008 tirent à leur fin. Les banquiers centraux vont serrer la vis au cours des prochains mois pour endiguer les pressions inflationnistes qui ne sauraient tarder avec une économie qui prend vite du mieux. Les rendements du marché obligataire risquent de pâtir.

Un rendement négatif a son revers positif: il diminue la valeur du passif des régimes de retraite, ce qui améliore leur solvabilité en bout de piste. «La hausse des taux d'intérêt a permis de réduire le passif de solvabilité d'environ 1,7% pour une caisse de retraite typique», précise Jean Bergeron, associé chez Morneau Shepell.

Ce répit est bienvenu car l'Institut canadien des actuaires a une nouvelle fois changé la table de mortalité à utiliser, ce qui a pour effet d'alourdir les engagements (le passif) d'un régime de retraite. «Depuis le premier février, on doit tenir compte indéfiniment de l'amélioration de la mortalité, alors qu'avant cette date, on supposait que la mortalité s'améliorait jusqu'en 2020», rappelle Claude Lockhead, vice-président principal chez AON Hewitt.

Malgré des cotisations d'équilibre importantes faites par les promoteurs des régimes à prestations déterminées plus de quatre sur cinq accusent un déficit de solvabilité. La médiane de solvabilité frôle les 85%, selon les calculs d'Aon Hewitt.

L'amélioration modeste du premier trimestre paraît néanmoins en bonne voie de se poursuivre un moment.

Les chiffres de création d'emplois en mars aux États-Unis publiés hier étaient tout sauf un poisson d'avril. Avec 216 000 nouveaux jobs, tous assurés par le secteur privé, qui faisaient suite à des résultats positifs aussi en février, on ne peut plus douter que la reprise économique américaine soit solidement engagée.

«Tant que la tendance est à l'amélioration dans l'emploi, les actions devraient donner du rendement», précise Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux.

«Le rythme d'embauche atteint maintenant la vitesse de croisière associée généralement à la phase d'expansion du cycle économique, renchérit Stéfane Marion, stratège et économiste en chef à la Banque Nationale. Le gros des effets néfastes des prix élevés de l'énergie est contrecarré, ce qui garde intactes les perspectives économiques positives. C'est bon pour les profits.»

Reste que le huard vole toujours haut. Le billet vert a perdu 2,5% de sa valeur face à lui au cours du trimestre. Cela a pour effet de retrancher plus de deux points de pourcentage au rendement de 5,9% du S&P 500.

Devant la forte croissance de l'économie canadienne en janvier (0,5%) annoncée cette semaine, BMO Marchés des capitaux a réajusté hier à la hausse sa prévision de taux de change pour l'année. Le dollar canadien se négociera au-dessus de la parité, prédit-elle désormais.

Les gestionnaires devront en tenir compte.