Le fabricant québécois de pédalos et kayaks Pelican lancera la semaine prochaine un nouveau produit, dans une nouvelle catégorie et un nouveau marché.

La Stand Up Paddleboard, ou SUP, que certains traduisent par planche à pagayer debout, est à l'origine une planche de surf sur laquelle on se tient en équilibre pour se propulser à l'aide d'une longue pagaie.

«Présentement, son esthétique est apparentée au monde du surf», explique le designer industriel Réjean Boyer, concepteur de la SUP de Pelican. Car la grande majorité des SUP actuelles sont fabriquées sur le modèle des planches de surf, avec une âme en mousse recouverte de fibres de verre. Toutefois, l'embarcation a récemment gagné les eaux douces.

Réjean Boyer a constaté la vague de popularité de la SUP lors d'une foire commerciale de plein air en Utah, à l'été 2009. Dès son retour, il a proposé que Pelican développe la sienne, selon ses propres traditions d'embarcations légères en plastique thermoformé.

Il a ramé fort pour faire accepter l'idée. «J'ai commencé à modéliser une forme sans avoir reçu le «go»», raconte-t-il. Mais une fois l'autorisation accordée, en février 2010, le projet a déboulé comme une déferlante à Hawai.

En trois mois, il a peaufiné ses esquisses, terminé la modélisation 3D, fait fabriquer des modèles grandeur nature et les a testés en piscine.

En mai, les moules de production étaient commandés. «Heureusement que j'avais pris un peu d'avance», commente-t-il en souriant.

Dix semaines plus tard, les premiers prototypes étaient moulés, juste à temps pour la foire en Utah. L'automne dernier, le designer a encore payé de sa personne en testant sa planche dans les rapides de Lachine, ce qui lui a permis d'apporter les dernières retouches au moule.



De l'ADN de kayak

On ne renie pas ses origines. La planche de Pelican donne vaguement l'impression d'un kayak qui aurait été aplati par un rouleau compresseur.

Réjean Boyer nous la présente dans une petite salle de conférence, où l'embarcation de 10,5 pi de longueur et de 32 po de largeur est plus imposante que prévu.

Les feuilles formant sa coque et son pont sont thermoformées puis soudées sur leur périphérie, en une unique opération.

«Le plus difficile a été de lui donner une rigidité similaire à une planche en matériaux composites», explique-t-il. Pour rigidifier le pont dans sa partie centrale, il a créé 10 zones de pincement, où la surface supérieure se creuse pour se souder au fond de la coque.

Ces renfoncements coniques sont couverts par deux plaques, elles-mêmes cachées par la surface antidérapante en élastomère qui recouvre le pont.

«On a tendance à faire une planche comme on la voudrait», confie-t-il. Il la souhaitait agile en eau vive, quoique stable sur plan d'eau. Sacrifiant cependant une partie de sa maniabilité, il a creusé la coque de rainures pour mieux guider la trajectoire du «frêle esquif».

Il a haussé les flancs en une manière de boudins, pour accroître la flottabilité et améliorer la stabilité. Ils s'effacent aux deux tiers de l'arrière de la planche, question de faciliter l'écoulement de l'eau accumulée sur le pont.

Profitant de la coque creuse, il a prévu un petit compartiment étanche à l'avant, où le pagayeur pourra déposer une montre, des clés, un portefeuille.

L'aileron arrière, qui plonge habituellement comme un sabre, se déploie ici à l'horizontale et dans un plastique souple, pour réduire les risques de chocs et de bris contre les obstacles.

Réjean Boyer reconnaît que la SUP de Pelican est plus lourde qu'une SUP traditionnelle - 50 livres comparativement à 30 livres, environ. Mais son polyéthylène de haute densité ne craint pas les grèves plus agressives ou les fonds rocheux. Elle est aussi moins chère, soit de 500$ à 600$ plutôt que 1000$ et plus. «C'est une planche polyvalente pour le marché que Pelican vise, c'est-à-dire la famille», résume son designer.

Photo fournie par Eric Marchand

Une activité nautique qui gagne en popularité en eau douce: la Stand Up Paddleboard (SUP), ou planche à pagayer debout.