Les patrons m'ont donné carte blanche pour former une équipe qui va en faire voir de toutes les couleurs au collègue Michel Girard.

> Les choix des experts

Mais le véritable objectif de cet exercice est d'abord d'aider les lecteurs de La Presse Affaires à voir plus clair dans le marché boursier actuel et mieux comprendre la réflexion qu'un gestionnaire professionnel effectue.

Obtenir le meilleur rendement est souhaitable pour éviter d'être blessé dans son orgueil. Disons que Michel Girard a tout à gagner ici puisque les gestionnaires professionnels qui ont accepté notre invitation partent bien sûr «favoris»...

Les conditions imposées par notre compétition amicale sortiront cependant les gestionnaires de leur zone de confort.

«Sur un an, il y a de fortes chances que nous vivions une ou plusieurs corrections. Elles pourraient avoir lieu n'importe quand et le marché pourrait rebondir n'importe quand, de sorte que personne ne sait où nous serons le 12 février 2012. Dans ces conditions, je vais miser au départ sur trois titres pour lesquels je pense que mon capital est protégé tout en gardant une bonne part d'encaisse pour profiter des replis», dit Stéphane Préfontaine.

«Dans mon quotidien, je penche vers la protection du capital et je tente d'être plus patient que le marché en adoptant un horizon plus long, ce qui va à l'encontre de la culture répandue de gratification immédiate. Sur 52 semaines, bien des choses peuvent arriver pour faire basculer temporairement même de solides choix.

«J'adopte l'attitude que le rendement sur 365 jours n'est pas important. C'est trop aléatoire, la période étant trop courte. Une personne ne devrait jamais investir en Bourse avec un tel horizon. En plus, nous sommes confinés au TSX 60, un univers où je ne vois pas d'occasions convaincantes. Il y a six mois, il y en avait beaucoup.»

Il décide néanmoins de commencer avec 20% dans Power Corporation, 20% dans Thomson Reuters, 20% dans Brookfield Asset Management et conserve 40% en liquidités.

«Je ne gagnerai pas un concours d'excitation, mais je vais bien dormir considérant tous les risques macro-économiques potentiels.»

Pour justifier sa sélection, il cite de bons modèles d'affaires, des dirigeants compétents, une génération stable de flux libérés, la solidité financière et une culture conservatrice et pro-actionnaires.

«Advenant une chute, il y a de bonnes chances que je rachèterais d'avantage de ces trois titres en utilisant mon encaisse; ça dépendra de leur baisse relativement à mes autres options.»

Le premier choix de Charles Marleau est Magna parce que l'entreprise reste à un stade précoce de l'amélioration cyclique du marché automobile et que le titre se négocie à escompte par rapport à ses comparables. Il aime sa place prépondérante, sa capacité d'exécution, son rendement financier anticipé, la force du bilan, la croissance du flux de trésorerie, les possibilités de rachat d'actions, la croissance potentielle du dividende et l'élimination des actions à double catégorie.

«Bullish» face aux perspectives en agriculture, son deuxième choix est Agrium. «Les inondations en Australie, au Brésil et au Venezuela, les sécheresses en Russie et le refroidissement des zones agricoles en Chine apportent des modifications à l'approvisionnement de produits agricoles. Les prix de plusieurs ressources sont en hausse.»

Son troisième choix est Suncor. Il mise sur la hausse anticipée du prix du pétrole. «Nous anticipons un taux de croissance annualisé composé de 10% dans la production de sables bitumineux jusqu'en 2015. Le titre se vend à escompte comparativement aux pétrolières intégrées semblables.»

Il ne garde rien en encaisse et donne un poids égal à chaque titre.

Marc-André Robitaille ne garde rien non plus en encaisse parce que son style est d'être pleinement investi en tout temps, peu importe ce qui se passe. Il ne tente jamais de «timer» les marchés. Si la situation le commande, il devient plus défensif et mise davantage sur le rendement apporté par les dividendes.

Il accorde un poids équivalent à ses choix et arrête sa sélection sur Agrium, Imperial Oil (Esso) et Magna.

Il aime lui aussi les fondamentaux du secteur de l'agriculture. «La demande pour les fertilisants est là et les prix sont à la hausse. Le rendement du dividende reste faible avec Agrium, mais le retour sur l'avoir des actionnaires est bon et la croissance des bénéfices est intéressante.»

Il utilise un raisonnement semblable pour justifier le choix d'Imperial Oil et voit un signe positif dans la récente hausse du dividende de la pétrolière.

Marc-André Robitaille a longuement hésité pour son troisième choix. Il a pensé à Research In Motion, mais a finalement préféré Magna pour son dividende qui a d'ailleurs récemment été bonifié.

La croissance en Chine et la reprise américaine sont deux thèmes importants de son analyse. Il mise sur la demande pour l'engrais, l'énergie et les pièces d'autos. Il aime les dividendes et l'évaluation encore abordable.