Nouvelle travailleuse autonome, Marie-Claude vient de lancer une petite entreprise de consultation. «Mais, en 2010, j'ai été malade et, comme je n'avais pas d'assurance, j'ai dû assumer les frais de mon congé de maladie», explique-t-elle. Elle a touché un revenu d'à peine 9000$ en 2010. «J'ai dû retirer un peu de mes REER.

Comme j'ai recommencé à travailler à la mi-octobre, je ne m'attends pas à avoir des revenus très élevés en 2011 non plus.»

Heureusement, la femme de 46 ans est propriétaire d'un petit immeuble locatif dont elle occupe un logement. En 2010, les loyers ont totalisé 25 000$. La propriété, évaluée à 480 000$, est encore grevée d'une hypothèque de 283 000$, pour une valeur nette d'environ 197 000$.

Elle doit y faire sous peu des travaux de rénovation. «Je ne sais même pas si j'en ai les moyens», dit-elle.

Marie-Claude ne possède pas de voiture et n'a aucune dette. Mais elle s'inquiète de son incapacité à faire de nouvelles épargnes. «Je ne sais plus quoi penser, confie-t-elle. Est-ce que je devrais retourner travailler comme salariée et générer un revenu sûr de 50 000$? Comme j'ai été malade, j'aimerais mieux travailler à temps partiel et même prendre une retraite le plus tôt possible.»

Dépenses supérieures aux revenus

Ces objectifs ont été précisés avec la planificatrice financière Nathalie Bachand, de Bachand Lafleur Preston, Groupe conseil. Marie-Claude espère pouvoir prendre sa retraite à 55 ans. Elle prévoit transformer alors son immeuble en copropriété et vendre ses logements locatifs. Elle estime pouvoir en obtenir 500 000$, en dollars d'aujourd'hui.

Les versements hypothécaires s'élèvent à 19 500$ par année. Quand on en retranche les intérêts déductibles qui sont attribuables aux logements locatifs, l'hypothèque pèse de 14 000$ par année sur le budget de Marie-Claude.

Elle évalue qu'en 2011, ses dépenses courantes, restreintes au minimum, totaliseront 25 000$, pour un coût de vie total de 39 000$, hypothèque incluse. Dès 2012, Marie-Claude prévoit que ses dépenses courantes reprendront leur cours normal pour atteindre 35 000$, soit 49 000$ avec l'hypothèque.

Jetons à présent un coup d'oeil à ses revenus.

Une fois soustraits l'impôt foncier, les frais divers et le coût des travaux de rénovation qu'elle veut engager, Marie-Claude estime que son immeuble lui procurera des revenus annuels de 10 000$ au cours des quatre prochaines années, et de 15 000$ ensuite.

En 2011, ces 10 000$ s'ajouteront aux 22 000$ qu'elle prévoit gagner comme travailleuse autonome. Son revenu après impôts de 26 000$ s'opposera à un coût de vie de 39 000$. «Elle devra retirer de ses placements hors REER près de 13 000$ pour financer ses besoins», constate la planificatrice.

À partir de 2012, Marie-Claude prévoit atteindre et maintenir un revenu autonome brut de 40 000$, avec un rythme de travail modéré. Mais le rétablissement de son coût de vie à son niveau normal de 35 000$ l'obligera tout de même à retirer encore 12 000$ de ses placements, année après année.

Quel sera l'impact de ces ponctions? Marie-Claude détient présentement 70 000$ en REER et 180 000$ en placements non enregistrés, répartis pour moitié entre titres de croissance et revenus fixes. Dans ses projections, la planificatrice leur applique un rendement moyen de 4,5%, en conformité avec les Normes d'hypothèses de l'Institut québécois de planification financière (IQPF).

À la retraite de Marie-Claude, à 55 ans, ses placements hors REER se seront comprimés à 160 000$. La valeur de ses REER sera passée de 70 000$ à 100 000$, mais sous le seul effet du rendement, car ses déficits budgétaires récurrents l'empêcheront d'y contribuer davantage.

Dès 60 ans, Marie-Claude aura besoin du capital immobilisé dans son immeuble locatif. Nathalie Bachand suppose que la valeur des condos, que Marie-Claude estime actuellement à 500 000$, augmentera à raison d'une hypothèse d'inflation de 2,25% par année. Une fois l'hypothèque remboursée et l'impôt sur le gain en capital payé, Marie-Claude encaisserait alors 510 000$. «L'augmentation à l'inflation de la valeur de l'immeuble est loin d'être garantie avec la tendance actuelle», prévient toutefois la planificatrice.

Malgré cet apport de nouveaux capitaux, Marie-Claude ne pourrait maintenir son coût de vie de 35 000$ que jusqu'à 80 ans. «À ce moment, elle sera toujours propriétaire de son propre condo, mais elle aura entièrement épuisé ses placements hors REER et ses REER, observe notre planificatrice. Selon l'IQPF, nous devrions prévoir un épuisement du capital lorsque les probabilités de survie seront de 25%, soit dans son cas à 94 ans.»

Pour satisfaire à ce critère, Marie-Claude devrait limiter son coût de vie à 29 000$ dès 2012.

Testons un autre scénario. Si elle prenait plutôt sa retraite à 60 ans, un coût de vie de 35 000$ épuiserait ses actifs à 87 ans. Pour les étirer jusqu'à 94 ans, elle devrait abaisser son coût de vie à 30 000$ à partir de 65 ans.

Ces hypothèses s'appuient sur un revenu de travail autonome de 40 000$ de 2012 jusqu'à la retraite. Des revenus réels plus élevés - accrus peut-être par un rythme de travail plus intense - ou un travail au ralenti entre 60 et 65 ans pourraient ouvrir d'autres avenues. À vérifier régulièrement.