La place de Québec inc. dans les principaux indices de la Bourse de Toronto est-elle en train de s'étioler?

Oui, suggère un relevé des entreprises à siège social québécois qui figurent encore dans ces indices, en particulier le S&P/TSX, après les nombreux changements faits depuis un an.

On ne compte plus que 33 Québécoises dans cet indice principal de la bourse canadienne, selon les informations recueillies par La Presse Affaires auprès du groupe TMX, qui gère la Bourse de Toronto.

Ce nombre équivaut à une part de 13% de l'ensemble des 244 titres admis au S&P/TSX par son gestionnaire principal, la firme Standard&Poors, en tant que sous-traitant de la Bourse.

La place de Québec inc. dans le S&P/TSX s'avère encore plus amincie selon la capitalisation.

Ces 33 plus grosses entreprises basées au Québec cumulent une valeur de 192 milliards. Ce chiffre est énorme à première vue, à trois fois les revenus totaux du gouvernement du Québec!

Toutefois, ces 192 milliards ne pèsent plus que 11% de la capitalisation totale de l'indice S&P/TSX, qui voisine maintenant les 1720 milliards.

Qu'est-ce qui s'est passé?

Un examen plus détaillé de la liste des 33 Québécoises encore admises au S&P/TSX révèle des ajouts et des retraits récents pour le moins étonnant.

Parmi les ajouts, on remarque l'ascension boursière fulgurante du détaillant à rabais Dollarama qui, encore nouveau en Bourse, cote déjà à deux milliards de capitalisation.

En comparaison, c'est presque autant que le détaillant Jean Coutu, et 300 millions de plus que Rona, le plus gros quincailler sous contrôle canadien.

Par ailleurs, toujours parmi les ajouts québécois à l'indice S&P/TSX, on remarque deux entreprises aurifères, Osisko et Semafo, dont la capitalisation combinée dépasse les huit milliards.

Ce montant représente une avancée considérable en quelques années, sous l'impulsion de succès miniers, mais aussi de la flambée des prix de l'or et des métaux industriels.

En revanche, la rapide montée en grade de Semafo et Osisko dans l'indice S&P/TSX illustre une situation qui a nuit à la participation indicielle de plusieurs entreprises québécoises renommée.

Comme jamais auparavant, les entreprises productrices de matières premières, de métaux précieux et de pétrole ont la cote parmi les investisseurs.

Et leur forte poussée de valeur boursière a favorisé l'admission de plusieurs de ces entreprises à l'indice S&P/TSX, en plus des indices sectoriels de la Bourse de Toronto.

Conséquence: la montée de ces entreprises a contribué à tenir plusieurs entreprises québécoises de capitalisation intermédiaire hors de l'indice principal de marché.

C'est ainsi que des entreprises comme la papetière Cascades, la firme d'ingénierie Genivar, la société de biotech Atrium Innovations et le producteur d'électricité Innergex demeurent absentes de l'indice S&P/TSX même si leur capitalisation dépasse le demi-milliard de dollars.

Aussi, des industrielles québécoises d'expérience en Bourse comme Canam et Laperrière&Verreault (GLV) ont été retirées de l'indice des petites capitalisations à la Bourse de Toronto, malgré leur cote de plus de 300 millions chacune.

Quel impact pour ces entreprises et leurs actionnaires?

Parmi les professionnels du placement, on tend à le minimiser au-delà de la perte de visibilité qu'apporte l'inclusion dans un indice.

«C'est sûr que l'ajout d'un titre à un indice de marché peut accroître le bassin d'investisseurs intéressés, notamment parmi les fonds indiciels. Mais pour ma part, ce n'est pas un critère d'investissement. Je m'en tiens aux principaux éléments d'affaires des entreprises, et non leur place dans un indice», résume Christine Décarie, qui gère le fonds «Québec Entreprise» de 220 millions au groupe Investors.

Chez Van Berkom&Associés, une firme de Montréal qui gère 1,4 milliard en titres de petite capitalisation, le vice-président, Benoît Durand, minimise aussi la participation indicielle parmi les entreprises qui l'intéresse.

«Nous n'investissons pas en fonction des indices, mais selon des critères de bonne gestion et de leadership de chaque entreprise», résume M. Durand.

Par conséquent, dit-il, peu importe la taille du contingent québécois aux indices de la Bourse de Toronto, «l'économie du Québec demeure une bonne pépinière d'entreprises à bon potentiel d'investissement, comme on les trouve aussi en Ontario et dans l'Ouest».