Ce n'est pas la première fois que Mme Turpin se fait offrir une avance de fonds sur sa carte de crédit HBC. Lorsqu'elle porte un achat à sa carte, dans un magasin La Baie ou Zellers, la caissière lui demande si elle désire retirer un montant supplémentaire.

Parfois, la cliente demande à la caissière si elle est consciente des frais associés à une telle transaction. «Mais elle me répond qu'elle doit l'offrir, que ça fait partie du service à la clientèle», rapporte Mme Turpin, de Gatineau.

En fait, la Compagnie de la Baie d'Hudson permet aux titulaires de sa carte d'obtenir une avance de fonds au point de vente depuis le printemps 2008. La Baie souhaite ainsi offrir «d'autres services et avantages» à ses clients.

La Baie continue «de sensibiliser ses clients à ce service par l'entremise de ses associés en magasin (...) qui ont reçu une formation pour fournir les renseignements sur les avances de fonds», nous a expliqué La Baie, dans une déclaration écrite.

«Si j'ai besoin d'argent, j'ai une carte de guichet», rétorque Mme Turpin qui sait fort bien que ce genre d'avance coûte très cher.

L'avance de fonds devrait être une solution de dernier recours. «D'emblée, je dirais aux consommateurs de toujours refuser cette option-là, surtout sur une carte de grand magasin qui applique un taux de 30%, mais aussi sur les cartes de crédit traditionnelles», dit Manon Houde, conseillère budgétaire à l'ACEF de la Rive-Sud.

Mais que penser d'un grand magasin qui fait la promotion d'une telle option? «Je trouve ça alarmant, surtout durant le temps des Fêtes, répond Mme Houde. Il y a des gens qui vont manquer de liquidités et qui ne prendront pas le temps de s'informer: combien ça coûte en intérêt? À partir de quel moment les intérêts commencent à courir?»

Frais élevés

Quand vous utilisez votre carte de crédit pour retirer de l'argent, vous devez payer des frais, que l'on appelle des «frais d'avance de fonds», rappelle l'Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC).

Les frais peuvent être calculés de différentes façons. Ce peut être un montant fixe par transaction (généralement de 2 à 5$, mais parfois jusqu'à 7,50$). Cette formule est très désavantageuse pour les petits retraits. Les frais peuvent aussi être calculés en pourcentage du montant de l'avance (ex: 1% ou 2%). Cette formule est plus désavantageuse pour les gros montants.

Enfin, certains émetteurs de cartes de crédit ont une formule hybride. C'est le cas de la carte HBC qui exige 2% de l'avance, avec des frais minimum de 1$ et maximum de 10$.

Sur la plupart des cartes de crédit, les frais d'avance de fonds sont plus élevés à l'étranger. Il faut aussi savoir que des frais Interac et des frais de commodité risquent de s'ajouter pour un retrait au guichet automatique.

Et ce n'est pas tout. «En plus des frais d'avance de fonds, l'émetteur de la carte de crédit imposera des frais d'intérêt qui commenceront à s'accumuler quotidiennement à partir de la date à laquelle vous retirez les fonds», indique l'ACFC.

Autrement dit, vous ne bénéficiez pas d'un délai de grâce, d'une période sans intérêt, comme pour les achats portés à votre carte.

«Les avances de fonds peuvent être une façon coûteuse de renflouer votre porte-monnaie. Dans la mesure du possible, utilisez plutôt votre carte de débit», recommande l'ACFC.

Autre conseil: si vous n'avez pas le choix de demander une avance de fonds, n'attendez pas de recevoir votre prochain relevé de compte pour rembourser. Réglez votre compte le plus vite possible pour réduire les intérêts. Et, surtout, ne laissez pas un solde traîner sur votre carte de crédit durant des mois.

Recours collectif

Notez que les frais sur les avances de fonds sont la cible d'un recours collectif, déposé par le cabinet Sylvestre Fafard Painchaud. Deux recours distincts visent 13 émetteurs. En vertu de la Loi sur la protection du consommateur, ces frais devraient être inclus dans le taux de crédit, argue Me Jean-Pierre Farfard.

En 2006, il avait d'ailleurs remporté un recours contre Service aux marchands détaillants limitée, dont l'actionnaire majoritaire est Household Finance Corporation, dans une affaire semblable. La Cour d'appel avait accordé 2,5 millions de dollars aux consommateurs québécois, soit la plus importante condamnation en dommages punitifs au Québec.

Dans d'autres recours, Me Fafard s'attaque aussi aux frais de dépassement de limite de crédit, à la méthode de calcul du délai de grâce, ainsi qu'à l'augmentation unilatérale de la limite de crédit.