De la mode aux accessoires, en passant par le champagne, le luxe affiche une santé insolente, stimulé par la nouvelle fringale d'achats de sa clientèle internationale, des marchés historiques européens à l'eldorado chinois, lui permettant de tourner la page de la crise de 2009.

Depuis quelques jours, les groupes de luxe affichent des résultats pour les six premiers mois de l'année 2010 en forte hausse, contrastant avec ceux de l'an dernier.

«On s'attendait à de bons résultats de la part de LVMH mais pas aussi bons. C'était une très bonne surprise!», déclare à l'AFP Isabelle Ardon, gérante du fonds SG Actions Luxe.

Pour LVMH, numéro un mondial du luxe (Louis Vuitton, Fendi, Ruinart, Moet&Chandon, parfums Christian Dior, etc.) comme pour Hermès et Burberry ou le numéro un mondial des lunettes Luxottica, la tendance est la même.

Dernier en date vendredi, le pôle luxe du groupe PPR (Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga, Bottega Veneta, etc.) annonçait des résultats en hausse.

En 2009, les ventes mondiales du marché du luxe avaient chuté de 8%, rappelle le cabinet Bain&Company. Et encore, l'Asie, Chine en tête, avaient limité les dégâts, observés d'abord aux États-Unis avec des achats de Noël 2008 très mauvais.

«La récession ressemble à un vieux souvenir pour l'indutrie du luxe», résumait cette semaine Matthew Curtin de l'agence financière Dow Jones Newswires.

Pour autant, nombre de patrons ne crient pas victoire dans une conjoncture économique «encore incertaine».

Dérogeant à son extrême prudence habituelle, Hermès a tout de même annoncé un doublement de ses prévisions de croissance des ventes pour l'année. Bernard Arnault (LVMH) et François-Henri Pinault (PPR) se disent «confiants».

Que s'est-il passé? A la forte attraction pour le luxe européen des Asiatiques et Chinois en particulier, s'est ajouté la baisse de l'euro, qui a donné un coup de pouce aux aficionados du luxe des pays libellés en dollars à commencer par les États-Unis.

Outre-Atlantique également, souligne un autre analyste, un seuil psychologique a été franchi: si l'an dernier cela ne se faisait pas d'acheter du luxe en pleine crise mondiale, aujourd'hui, «c'est dépassé».

Y compris en Europe où selon PPR et LVMH il y a «un regain d'achat de la clientèle locale», en quête pour François-Henri Pinault d'un «luxe plus discret, plus sophitiqué, où les notions d'héritage, d'artisanat comptent beaucoup».

L'an dernier, Louis Vuitton ou Hermès n'avaient d'ailleurs pas trop souffert de la crise car les achats s'étaient concentrés sur les valeurs sûres au détriment d'autres griffes.

Les secteurs les plus malmenés - vins/spiritueux et montres/joaillerie - ont aussi retrouvé des couleurs.

Rémy Cointreau (champagnes, cognac) est repassé dans le vert de même que les champagnes Laurent Perrier. En Suisse, les exportations horlogères ont bondi en juin de 35%, tirées les montres haut de gamme.

Contrairement à Louis Vuitton ou Hermès qui contrôlent tout ou en grande partie leur distribution, le champagne ou les montres ont été victimes d'une réduction des stocks des détaillants et distributeurs.

«Le déstockage a été tel en 2009 que les expéditions de champagne avaient plus baissé que la demande finale des clients», note Isabelle Ardon.

Le second semestre 2010 devrait lui aussi se traduire par une «croissance à deux chiffres» des ventes, estime Mme Ardon, mais normalement inférieure à celle du premier semestre.

En mai, Bain&Company avait déjà relevé ses prévisions de croissance pour le luxe mondial de 1% à 4%.