Chaque samedi, un financier différent répond à nos questions. Il donne sa lecture des marchés, offre son point de vue sur la Bourse et lance quelques conseils d'investissement. Cette semaine, Raquel Castiel, des Investissements Standard Life.



À votre avis, quel est l'événement le plus significatif des derniers jours à la Bourse?



Au Canada, le rapport sur l'emploi, beaucoup plus fort que prévu, a retenu l'attention. Par contre, l'indice Ivey des gestionnaires en approvisionnement a diminué. Cet indice ressemble à l'ISM qui sonde les intentions des directeurs d'achat aux États-Unis. C'est un bon indicateur avancé, mais souvent les gens l'oublient...

La baisse de l'indice Ivey signifie que l'économie canadienne commence à ralentir. Cela peut inciter la Banque du Canada à ne plus relever les taux d'intérêt, ce qui aurait aussi une incidence sur la devise. Cela laisse aussi entrevoir une légère décélération du côté de l'immobilier résidentiel.

Quel indicateur surveillez-vous le plus attentivement en ce moment?

L'emploi américain: c'est critique car les deux tiers de l'économie aux États-Unis dépendent des consommateurs. Pour que la reprise économique se poursuive, il faudra qu'il y ait une amélioration sur le marché de l'emploi, même si ce n'est pas une amélioration fulgurante.

Que feriez-vous avec 10 000$ à investir?

À la Bourse, deux secteurs qui se sont fait frapper dernièrement, sont devenus attrayants. Le secteur des pharmacies a écopé à cause de la réglementation. Mais je pense que les actions de Shoppers Drug Mart (SC) et du Groupe Jean-Coutu (PJC) reflètent déjà tout le négatif, et représentent maintenant une bonne valeur.

Par ailleurs, les banques ont baissé à cause des tests de résistance qu'on a fait passer aux institutions financières à travers le monde. Mais le secteur reste très attrayant, car la croissance des bénéfices sera supérieure à 15% au cours des prochaines années. En ce moment, je choisirais la Banque Royale qui a été frappée plus durement que les autres, à cause de sa forte présence dans les marchés des capitaux. La Royale est bien diversifiée à l'échelle mondiale, son bilan est très fort et elle pourrait être la première à relever son dividende l'an prochain.

Quel placement évitez-vous à tout prix?

Je ne mettrais pas d'argent dans une «value trap». Il y en a plus que d'habitude, en ce moment, car la Bourse a baissé depuis un mois et demi. Certaines entreprises ont une évaluation qui paraît très attrayante, un taux de dividende très élevé... mais aucune croissance de leurs bénéfices. Leur action peut stagner pendant des années, ou se détériorer.

Parmi les anciennes fiducies de revenus, on compte certainement 40% de titres qui sont des «value trap». Mais il ne faut pas généraliser, car d'autres fiducies sont d'excellentes entreprises.

Qu'est-ce que les marchés sous-estiment le plus présentement?

Les gens sous-estiment le pouvoir de l'Amérique du Nord sur le plan monétaire et fiscal. Les investisseurs ont peur d'un scénario de «double-dip» où l'économie mondiale retomberait dans une nouvelle récession. Mais ils oublient que la Réserve fédérale américaine a encore un très bon bilan. La Fed peut se permettre d'imprimer encore de l'argent pour aider l'économie américaine. Moi, je reste positive pour les 12 prochains mois, même si je pense que l'été sera difficile.

Au service des Investissements Standard Life depuis 1994, Raquel Castiel occupe aujourd'hui le poste de vice-présidente Actions. La gestionnaire de portefeuille veille sur le Fonds de dividendes canadiens de croissance ainsi que sur le Fonds d'actions US à moyenne capitalisation.