Au début de janvier, Caroline préparait tranquillement l'adoption d'une petite Haïtienne. «Je venais juste d'accepter la proposition et je devais attendre entre 18 et 24 mois», raconte-t-elle. Puis, le séisme du 12 janvier est survenu. Sa petite fille est arrivée le 30 janvier.

«Finalement, j'ai attendu un mois. Ça a été toute une surprise.»

Ce ne fut pas la seule. Elle prévoyait accueillir un enfant de 3 ou 4 ans. La petite avait 2 ans. Toute sa planification budgétaire s'en est trouvée bouleversée. Elle aussi, d'ailleurs.

Elle comptait sur ce délai pour assainir ses finances. Mais ces dépenses prématurées ont plutôt aggravé son bilan, faisant grimper ses dettes non hypothécaires à 14 000$. Elle a en outre un solde de 64 400$ sur sa maison d'une valeur de 125 000$.

Caroline a pris aussitôt son congé d'adoption de neuf mois, mais elle tient à y ajouter trois mois de congé sans solde. Comment la nouvelle famille monoparentale assurera-t-elle ce manque à gagner? Élargir encore plus sa marge de crédit hypothécaire? Encaisser son REER de 4800$?

Quelle stratégie adopter?

La nouvelle maman de 42 ans estime son coût de vie à 30 250$ par année, excluant le remboursement des dettes non hypothécaires. La planificatrice financière Hélène Bronsard, vice-présidente chez Raymond Chabot gestion privée, l'a majoré de 10%, pour couvrir les frais qui accompagnent cette nouvelle présence dans la vie de Caroline. Les dépenses annuelles atteindront donc 33 275$ pour 2010.

Pour 2011, la planificatrice y ajoute un budget de garderie de 25$ par jour, puisqu'il n'est pas certain que Caroline puisse avoir accès à une garderie à 7$. Toutefois, travaillant en enseignement, elle économiserait ces frais durant l'été. Estimons-les à 5500$ par année, pour un budget annuel de 38 775$.

Caroline donnera d'une main mais recevra davantage de l'autre. Avec les différentes formes de prestations fiscales et de paiements de soutien, elle devrait encaisser 3560$ en 2010 et 4670$ à partir de 2011.

En passant de célibataire à soutien de famille, son statut fiscal lui donnera droit à divers crédits, qui abaisseront sa facture d'impôt de quelque 5460$, selon les calculs comparatifs de notre planificatrice.

En 2010, Caroline doit-elle encaisser ses 4760$ de REER pour combler les trois mois sans solde?

Supposons d'abord qu'elle n'en fasse rien. Avec les 35 900$ d'assurance parentale et les diverses prestations pour enfants, elle encaisserait 43 600$ avant impôt. En considérant des dépenses de 33 275$ et des frais de garde de 1680$ - elle veut initier sa fille à la garderie -, elle dégagerait un léger surplus de 1390$.

Si elle encaisse son REER, elle augmente à la fois ses revenus et ses impôts, pour faire grimper ce surplus à 4430$.

Mais est-ce nécessaire?

Hélène Bronsard lui recommande plutôt de n'en rien faire, «puisque, selon les projections, elle devrait avoir suffisamment de revenus pour terminer l'année». En encaissant ses REER, Caroline aurait payé des pénalités de retrait sur ses placements. «En deuxième lieu, plus elle augmente son revenu, plus certaines prestations seront réduites en 2011», ajoute notre conseillère.

Passons à 2011. Avec une semaine de travail de cinq jours, Caroline retrouverait son plein salaire de 71 280$, plus quelque 4670$ en prestations diverses. Avec des frais de garde de 4400$ et des dépenses courantes de 33 275$, le bilan annuel montre un surplus budgétaire de 13 300$.

Caroline espère cependant travailler quatre jours sur cinq. Son salaire s'établirait alors à 57 025$, tandis que les frais de garde seraient réduits à 4400$, pour produire un surplus budgétaire de 6233$.

Confortable? Pas si vite. Hélène Bronsard veut s'assurer que Caroline demeurera dans une situation financière saine, et qu'elle pourra rembourser rapidement ses dettes de 14 000$, en dépit du bouleversement de son plan financier initial. Que se passerait-il si elle avait mal estimé ses dépenses?

«Comme elle est seule, il ne faut pas que ses finances deviennent une préoccupation, observe la planificatrice. Caroline doit pouvoir se consacrer sans crainte à la joie d'élever son enfant.». C'est pourquoi elle lui recommande de n'envisager d'abord la semaine de quatre jours que de janvier à juin 2011. Caroline pourra ainsi confirmer la validité de ses prévisions, en faisant un suivi attentif de ses dépenses.

Caroline devrait d'ailleurs s'assurer que les retenues à la source sur ses divers revenus en 2010 suffiront à acquitter la facture fiscale de 5320$. «Sinon, avise la planificatrice, elle devra prévoir une réserve pour ne pas être prise au dépourvu en avril 2011.»

Car Caroline a déjà atteint son quota de surprises.

La chronique Sous la loupe fera relâche pour la période estivale. Vous la retrouverez à la rentrée... ce qui ne vous empêche pas de nous soumettre vos situations entre-temps!