« Je pense arrêter de travailler et je n'ose pas car j'ai peur de manquer d'argent. »

Pourtant, à bientôt 66 ans, Lise mériterait bien quelque repos. Elle travaille à temps quasi complet, à raison de 27 heures en six jours, pour un revenu annuel de 17 800 $.

Elle est retournée sur le marché du travail en 2005, quand son mari a perdu son travail, suite à des mises à pied. Son ancienneté lui aurait permis de conserver son poste, mais « il avait 67 ans et il n'a pas voulu bumper les plus jeunes », explique Lise.

Maintenant âgé de 70 ans, Marcel touche sa rente de la RRQ, et comme Lise, la pension de la Sécurité de la vieillesse.

Il a accumulé 98 000 $ en REER. Lise en détient 258 000 $. Ils habitent une maison entièrement payée, d'une valeur de 210 000 $.

Lise pense travailler encore jusqu'en juillet 2011, question de remplumer sa future rente de la RRQ.

Elle aimerait alors pouvoir se retirer sans arrière-pensée et maintenir le train de vie actuel de son couple, soit des revenus bruts d'environ 40 000 $. « On a un petit train de vie tranquille, dit-elle, et on est heureux comme ça. »

Aucun régime de retraite

Première - et fondamentale - observation de Chantal Vanstechelman, planificatrice financière pour Desjardins Cabinet de services financiers : ni Lise ni Marcel ne bénéficient d'un régime de retraite avec leur employeur. Pour compléter les rentes publiques - RRQ et PSV -, ils ne peuvent compter que sur leurs économies.

Suffiront-elles ?

Si elle prend sa retraite en juillet 2011, Lise aura droit à une rente de la RRQ d'environ 2100 $. Avec celle de Marcel, qui touche 11 085 $, et leurs rentes de la PSV - chacun 6203 $ -, les deux conjoints recevront un total de près de 25 600 $. Il manquera encore 14 400 $ pour atteindre leur objectif de 40 000 $. Reste à savoir combien de temps leurs REER pourront y suppléer.

Outre leurs épargnes REER, Marcel et Lise détiennent 16 000 $ en fonds d'urgence, qui n'ont pas été considérés dans cette planification. Ils auraient avantage à être investis dans un compte d'épargne libre d'impôts (CÉLI). « Le véhicule de placement pourra être choisi de manière à ce que les sommes soient disponibles en tout temps, avise Chantal Vanstechelman. Ainsi, les revenus générés sur les sommes transférées dans le CÉLI ne seront pas imposables, tout en conservant le but initial, soit une réserve en cas d'imprévus. »

À l'heure actuelle, les 356 000 $ qu'ils détiennent en REER sont investis en titres à revenus fixes. Pour sa planification, notre conseillère leur applique un rendement annuel de 4,24 %, sur la base des prévisions économiques d'une firme spécialisée.

Elle retient également le taux d'inflation de 2,25 % recommandé dans les Normes d'hypothèses de projection de l'Institut québécois de planification financière.

Enfin, le capital ne devra pas s'épuiser avant que le plus jeune conjoint du couple, Lise, n'atteigne 95 ans.

Dans sa projection de retraite, la planificatrice a équilibré les revenus des deux conjoints pour réduire leur facture fiscale. Lise et Marcel devront faire de même, en demandant à la RRQ le partage de leurs rentes respectives et en fractionnant leurs revenus de pension admissibles.

Résultat de cette mécanique ? Bonne nouvelle. Lise et Marcel atteignent leurs objectifs. À 95 ans, dans ces conditions, Lise détiendra encore 55 000 $ en REER et 38 700 $ en placements non enregistrés.

D'où viennent ces placements non enregistrés ? Lorsque Lise aura atteint 71 ans, les montants minimaux qui devront être retirés des REER en vertu des règles fiscales seront supérieurs aux besoins du couple. « Ces légers surplus pourront alors être réinvestis dans des placements non enregistrés ou encore dans des comptes d'épargne libre d'impôt s'ils ont des droits inutilisés pour le faire », explique la planificatrice.

Petit test de sécurité supplémentaire : le couple peut-il encore maintenir son revenu indexé de 40 000 $ même si le rendement sur les investissements était inférieur de 1 % ? Encore une fois, réponse affirmative.

Poussons la machine un peu plus loin, en supposant une retraite en juillet 2010. L'objectif serait encore atteint, « et ce, sans vendre la résidence », fait valoir Chantal Vanstechelman. À 95 ans, avec un rendement de 4,24 %, le solde des épargnes serait encore de 80 200 $. Avec un rendement réduit de 1%, les épargnes se trouveraient épuisées à 95 ans.

Lise peut sans crainte cesser de travailler dans un mois, maintenir son train de vie tranquille... et continuer à être heureuse.

LA SITUATION

Bientôt âgée de 66 ans, Lise aimerait bien prendre sa retraite l'an prochain. Mais elle craint ne pouvoir réunir les revenus bruts de 40 000 $ dont son couple a besoin pour maintenir son train de vie tranquille.

« Je suis retournée travailler quand mon mari a perdu son travail. »

Lise

LES DONNÉES

Lise, 65 ans

Revenus de travail : environ 17 800 $

Aucun régime de retraite

PSV : 6203 $

Future rente de la RRQ : 2100 $

REER : 257 800 $

Épargnes non enregistrées : 6000 $

Marcel, 70 ans

Aucun régime de retraite

RRQ : 11 085 $

PSV : 6203 $

REER : 98 000 $

Épargnes non enregistrées : 10 000 $

Propriété : valeur de 210 000 $, libre d'hypothèque

L'ANALYSE

Lise pourra prendre sa retraite l'an prochain, et son couple pourra maintenir ce revenus indexé de 40 000 $, jusqu'à son décès présumé à 95 ans.